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Il traînera les chars que le Belge nous donne.
Assouvissez alors la faim qui l'aiguillonne.
Trop gras avant ce tems, il repousse la main,
Se cabre sous le fouet, & méprise le frein.

O vous, qui desirez qu'en leur emploi dociles Les coursiers, les taureaux vous soient long-tems utiles, Pour soutenir en eux la vigueur qui vous sert, Sauvez-les de l'amour, c'est l'amour qui les perd. Qu'en des lieux isolés un fleuve ou des montagnes Séparent le taureau de ses jeunes compagnes; Formez-lui sous vos toîts des réduits écartés. La genisse qui broute ou marche à ses côtés, De ses regards lascifs lentement le dévore; Il oublîra les prés pour l'objet qu'il adore.. La femelle souvent, par ses tendres appas, Engage deux rivaux dans de cruels combats. Dans le bois cependant elle paît sans allarmes ; Tous deux brûlans d'amour se disputent ses charmes. Furieux l'un de l'autre ils déchirent le flanc; Leur corps percé de coups est inondé de sang. Le prix de la conquête augmente. leur courage, Et le ciel retentit des efforts de leur rage.

Nec mos bellantes unà stabulare; sed alter
Victus abit, longèque ignotis exsulat oris :
Multa gemens ignominiam, plagasque superbi
Victoris, tum quos amisit inultus amores;
Et stabula aspectans, regnis excessit avitis.
Ergo omni curâ vires exercet, & inter
Dura jacet pernox instrato saxa cubili,
Frondibus hirsutis & carice pastus acutâ:
Et tentat sese, atque irasci in cornua discit
Arboris obnixus trunco, ventosque lacessit
Ictibus, & sparsâ ad pugnam proludit arenâ.
Post, ubi collectum robur, viresque receptæ,
Signa movet, præcepsque oblitum fertur in hostem.
Fluctus ut in medio cœpit cùm albescere ponto,
Longiùs, ex altoque sinum trahit: utque volutus
Ad terras, immanè sonat per saxa, nec ipso
Monte minor procumbit; at ima exæstuat unda
Vorticibus, nigramque altè subjectat arenam.

Omne adeo genus in terris hominumque, ferarumque, Et genus æquoreum, pecudes, pictæque volucres In furias ignemque ruunt: amor omnibus idem. Tempore non alio catulorum oblita leæna, Sævior erravit campis: nec funera vulgò Tam multa informes ursi, stragemque dedêre

Ils ne sauroient ensemble habiter désormais.

Le vaincu porte ailleurs sa honte & ses regrets.
Il contemple de loin, d'un œil plein de tristesse,
Les lieux où son rival possède sa maitresse.
Errant, blessé, confus, & détestant le jour,
Il mugit de douleur, de colère & d'amour.
Toutefois il médite une horrible vengeance;
Dans l'infortune même un cœur vit d'espérance.
Dormant sur les rochers, nourri d'herbage amer,
Il attaque des troncs, bat du pied, frappe l'air;
Sous ses coups redoublés écarte la poussière,
Et prépare au combat sa corne meurtrière.
Mais c'en est fait, il part, il court avec ardeur
Dans les bras de l'amour surprendre son vainqueur.
C'est ainsi que ce flot, encor loin de la plage,
Par d'autres flots grossi tombe sur le rivage;
L'onde crève, & du sein de ses gouffres ouverts
Vomit un sable noir qui rentre dans les mers.

Tel est donc de l'amour le prestige invincible, Hommes, dieux, animaux, tous ont un cœur sensible Tous brûlent en aimant, d'une égale fureur. La lionne qu'embrase une amoureuse ardeur, Signale ses desirs au milieu du carnage; Le tigre est plus cruel; l'ours fait plus de

ravage.

Per sylvas; tum sævus aper, tum pessima tigris.
Heu! malè tum Libyæ solis erratur in agris.
Nonne vides ut tota tremor pertentet equorum
Corpora, si tantùm notas odor attulit auras?

Ac neque eos jam frena virúm, neque verbera sæva,
Non scopuli, rupesque cavæ, atque objecta retardant
Flumina correptos unda torquentia montes.

Ipse ruit dentesque Sabellicus exacuit sus,

Et pede prosubigit terram, fricat arbore costas,
Atque hinc atque illinc humeros ad vulnera durat.
Quid juvenis, magnum cui versat in ossibus ignem
Durus amor? nempe abruptis turbata procellis
Nocte natat cæcâ serus freta; quem super ingens
Porta tonat coeli, & scopulis illisa reclamant
Equora, nec miseri possunt revocare parentes,
Nec moritura
super crudeli funere virgo.

Quid lynces Bacchi variæ, & genus acre luporum, Atque canum? quid,quæ imbelles dant prœlia cervi? Scilicet ante omnes furor est insignis equarum: Et mentem Venus ipsa dedit, quo tempore Glauci Potniades malis membra absumpsêre quadriga. Illas ducit amor trans Gargara, transque sonantem Ascanium superant montes, & flumina tranant :

Qu'alors le voyageur, à qui ses jours sont chers,
De l'affreuse Libye évite les déserts.

Voyez-vous du coursier le tremblement extrême,
Quand l'air dans ses nazeaux porte l'odeur qu'il aime ?
Il vole où le plaisir l'appella tant de fois.

Il ne craint ni les coups, ni le frein, ni la voix,
Ni des rocs escarpés les effroyables cimes,
Ni le bruit des torrens, ni l'aspect des abymes.
Ici le sanglier roule des yeux ardens;

Il exerce son corps, il aiguise ses dents.

Je vois un jeune amant 17, ô tendresse insensée!
Traverser à la nage une mer courroucée.

Sa mère en vain l'appelle, en vain son triste sort
De son amante en pleurs lui présage la mort;
En vain Jupiter tonne, il affronte l'orage,

Fend les flots, suit l'amour, l'implore & fait naufrage.

Les lynx, les loups cruels, les chiens, les cerfs tremblans S'exposent pour l'amour à des combats sanglans. Des cavales sur-tout l'ardeur est incroyable. Vénus dans ses fureurs souvent impitoyable, Par ses traits embrasés alluma leur transport, Pour punir de Glaucus 18 le sacrilège effort. Le traître amour les guide, ou plutôt les égare Au-delà de l'Ascagne 1, au-delà du Gargare 2o,

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