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« On présente aux Gens de Lettres cette Langue qu'ils désirent depuis si longtemps, et dont ils espèrent tirer de si grands avantages.

« Le dessein de la premiere partie de cet Ouvrage est proprement l'Histoire du Celtique ou Gaulois. On suit ce langage dans toutes ses révolutions, on en rapporte l'origine; on en marque les progrès, on en fixe la durée, on indique les monumens où il subsiste encore; mais avant que d'entrer en matière, on montre d'abord que la confusion des Langues arrivée à Babel ne fut qu'une diversité de Dialectes. L'auteur décide la fameuse dispute sur le premier langage, d'une manière à satisfaire toutes les Parties contestantes; il fait voir que les mots de cette premiere Langue subsistent encore dans le Celtique et dans les autres Dialectes qui en furent formés, avec des altérations si legeres, qu'elles ne peuvent empêcher les Sçavans de les reconnoître. Il examine ensuite les causes physiques de la variété des langages; il montre par une induction soutenue, et par des exemples pris chez tous les Peuples, que la diversité des climats contribue beaucoup à la variété des Langues il fait remarquer que le mélange des Nations, la suite des siecles, y causent toujours du changement.

Suivant lui, la Terre s'est peuplée par une progression insensible, les noms des Habitations ont été pris de leur situation; ainsi on voit toujours dans le langage des premiers Habitans d'un Pays, pourquoi un Bourg, une Ville, un Village, ont reçu le nom qui les distingue.

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<< Les Gaulois étant venus avant tous les autres, dans cette vaste contrée que nous habitons, de-là s'étant répandus dans la meilleure partie de l'Espagne et de l'Italie, dans la Grande Bretagne, alors désertes, c'est dans le Celtique seul qu'on peut trouver les vraies étymologies des Montagnes, des Rivières, des Cités dont ces belles Régions sont remplies.

« Dans le système de l'Auteur, les Gaulois s'étant rencontrés avec les Grecs, vers le milieu de l'Italie, ils s'y réunirent, et ne formerent dans ce canton qu'une société, qui fut appelée le Peuple Latin. Les langages de ces deux Nations se mêlerent; de ce mélange naquit la Langue Latine, qui n'est effectivement composée que de termes Grecs et Gaulois. Ce n'est point ici une de ces conjectures qu'un Auteur épris de son systême hazarde sans preuve, c'est une vérité que le Dictionnaire Celtique, dans lequel on fera remarquer les racines des mots Latins, mettra dans la dernière évidence.

« Les Gaulois conserverent leur premier langage, non seulement jusqu'à la venue des Romains, mais encore lorsqu'ils furent devenus leurs Sujets. Quoique l'Auteur n'ait rien avancé dans tout son Ouvrage sans des preuves solides, il apporte un soin tout particulier à démontrer cette proposition, parce qu'elle est contraire à l'opinion commune; il parcourt successivement les siecles où les Gaules firent partie de l'Empire, et prouve par des autorités incontestables la Langue Celtique vivante en tous ces temps. On la voit pareillement en usage sous les

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deux premieres races de nos Rois. Enfin, on indique le temps où elle fut changée chez le gros de la Nation; on désigne les endroits où elle est encore en usage, du moins en partie; on marque les monumens, qui réunis, nous la rendent toute entière.

« La seconde partie de ces Mémoires, donne un nouveau dégré d'évidence aux raisons dont l'Auteur a appuyé jusqu'ici son systême; c'est une preuve de fait de sa vérité. Il rend, par le moyen de la Langue Celtique, la raison des noms que portent nos Villes, nos Fleuves, nos Forêts; il présente des étymologies si justes, si faciles, si naturelles, qu'elles frapent ceux qui les entendent, et les forcent à cet acquiescement, qui est l'hommage que l'esprit rend toujours à la vérité clairement connue. Dans cette description étymologique, entrent non seulement les Gaules dans toute l'étendue qu'elles avoient du temps des Romains, mais encore la principale partie de l'Espagne et de l'Italie, la Grande Bretagne, dont les Gaulois ont été les premiers Habitans». ....

1768. Claude-François RADONVILLIERS. « Traité de la manière d'apprendre les langues ». Cet auteur pense, comme beaucoup d'autres linguistes, que la Grammaire était connue des Grecs et des Romains.

- Oui, si par Grammaire on entend « l'art » qui consiste à rappeler les usages d'une localité. Non, si par Grammaire on entend cette « science instinctive » qui nous explique le mécanisme des langues.

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Il est facile de comprendre que la Grammaire scientifique n'était pas connue des Anciens, puisque depuis trois cent cinquante ans, nous l'étudions presque sans succès. Si elle eût été connue, les traducteurs nous l'auraient apprise; comme ils nous ont initiés à la logique, à la rhétorique et à la philosophie. L'Auteur voulant expliquer ce que c'est qu'une langue, nous donne cette définition : « Une langue est une collection de signes propres à communiquer les pensées ». Radonvilliers confond ici l'écriture avec la langue, quand elle n'en est qu'une section; comme le langage, la littérature, la grammaire, l'idéologie, la néologie, l'étymologie, et quarante autres subdivisions.

1768. Nicolas-Sylvestre BERGIER. « Les Éléments primitifs des langues par la comparaison des Racines de l'Hébreu avec celles du Grec ».

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D'après cet auteur, toutes les langues se ramènent à une seule, et leurs racines ou vocables primitifs ont été dans l'origine, des onomatopées, des peintures, par analogies et par métaphores.

Cependant si toutes les langues ont au fond les mêmes racines; si toutes sont construites sur un fond commun de monosyllabes; si le même génie d'imitation a présidé à la composition de tous les noms, qu'est-ce donc qui fait que les langues ne se ressemblent pas ?... Mystère ! Il est bon, en lisant Bergier, d'en prendre un peu et d'en laisser beaucoup. C'est ce qui arrive souvent,

ANONYME, FRANÇOIS, DEMANDRE.

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1768. ANONYME. « Dictionnaire de langue romane ou du vieux langage français ». Cet ouvrage sera toujours fort estimé; c'est un dictionnaire de mots qui datent au moins du xvre ou xve siècle. Il nous dit s'ils proviennent du Latin ou du Celtique ou du Tudesque.

Cet in-8° de 500 pages débute par un discours sur l'origine et les révolutions des langues celtique et française, et nous apprend entr'autres choses, que les Gaulois n'écrivaient pas. Il nous dit encore qu'à l'arrivée des Francs dans les Gaules, il existait trois langues vivantes : la Latine, la Celtique et la Romane, ce qui annoncerait que langue Latine et langue Romane ne sont pas la même chose. L'auteur termine ainsi ce superbe aperçu. « La langue française nous vient du « Roman ». Maintenant qu'est-ce que la langue Romane?

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1769. Dom Jean FRANÇOIS. « Grammaire française raisonnée ». Il avait déjà donné un « Dictionnaire roman, wallon, celtique et tudesque, pour servir à l'intelligence des anciennes lois et contrats. Le P. François, pressentant sans doute les études philologiques du XIXe siècle, a présenté les éléments de cette science nouvelle la philologie.

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1769. Jean-Baptiste DEMANDRE. « Dictionnaire de l'Elocution françoise ». Ce même travail a paru chez Costard, sous le titre de « Dictionnaire Portatif des règles de la langue françoise ». Ce livre renferme

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