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avec eux. De même, quand après la résurrection, S. Pierre s'en va pêcher, il retrouve sa barque et ses filets. Le mot grec dit moins une barque que la barque; c'était la barque d'un des apôtres, celle de Simon Pierre.

14.- Or, ils avaient oublié de prendre des pains, ils n'en avaient plus qu'un dans la barque. Jésus leur donna ce précepte: Ayez soin de vous bien garder du levain des Pharisiens et du levain d'Hérode.

Sur quoi ils pensaient et se disaient l'un à l'autre: C'est parce que nous n'avons pas de pain. Tout ce passage va nous faire entrer dans la vie intime de la troupe apostolique.

17. Comment, leur dit Jésus, pouvezvous penser que je parle ainsi parce que vous n'avez pas de pain? N'avez-vous pas encore de sens et d'intelligence, et votre cœur est-il encore dans l'aveuglement? Aurez-vous des yeux sans voir et des oreilles sans entendre? et avez-vous perdu la mémoire? Lorsque je rompis les cinq pains pour cinq mille hommes, combien remportâtesvous de paniers pleins de morceaux? Douze, lui dirent-ils. Et lorsque je rompis les sept pains pour quatre mille hommes, combien remportátes-vous de corbeilles pleines de morceaux? Sept, lui direntils; et il ajouta : Comment donc ne comprenezvous pas encore ce que je vous dis?

Ces paroles prouvent d'une manière irréfutable, qu'il y eut deux multiplications des pains, puisque le Seigneur les distingue lui-même, d'une façon très précise. Les rationalistes, qui l'ont nié, nous montrent une fois de plus la légèreté avec laquelle ils lisent le texte sacré ils lancent une hypothèse, et suppriment les passages qui la réfutent. Pour nous, allons au plus touchant. Quelle n'est pas la bonté de Jésus! quelle patience à instruire ses apôtres! ne dirait-on pas un maître qui fait épeler ses élèves dans le livre de la divine sagesse? Ils ont très bien vu les deux miracles, mais leur esprit n'a pas été plus loin, ils n'en ont pas compris la portée. Ils raisonnent comme les gens du peuple. Ils se tourmentent, et se reprochent de n'avoir qu'un pain avec eux. L'idée ne leur vient pas que si Jésus a rassasié cinq mille hommes avec cinq pains, et quatre mille hommes avec sept pains, il pourra bien les nourrir, eux douze, avec un seul pain. Jésus a bien raison de leur dire qu'ils ont des yeux qui ne voient pas. Aussi les corrige-t-il en les instruisant : mais tout cela avec quelle humilité!

Ce sont les apôtres eux-mêmes qui nous ont fourni tous ces détails; ce sont eux qui nous ont dit combien ils étaient inintelligents, à l'école de Jésus. Et ce sont ces hommes-là qu'on a accusés de n'être pas sincères! la simplicité de leur confession

est la preuve de leur véracité; ils se montrent trop honnêtes, pour n'être pas véridiques.

у 22. Étant arrivés à Bethsaïde, on lui amena un aveugle et on le pria de le toucher. C'est Bethsaida-Julias dans la contrée du haut Jourdain ;

nous avons dit qu'il ne faut pas la confondre avec la Bethsaïde de Galilée, la patrie de Pierre et d'André. Celle-ci se trouvait située entre Corozaïm et Capharnaum, sur le lac même. La guérison de cet aveugle est extrêmement curieuse. nous en devons le récit à S. Marc.

Prenant l'aveugle par la main, il le mena hors du bourg, et lui mit de sa salive sur les yeux et lui ayant imposé les mains, il lui demanda s'il voyait quelque chose. Cet homme regardant lui dit: Je vois marcher les hommes, qui me paraissent comme des arbres. Jésus lui mit encore une fois les mains sur les yeux et il commença à voir, et il fut si entièrement guéri qu'il voyait distinctement toutes choses.

Il faut avoir été longtemps au service des âmes pour donner à cette histoire l'importance qu'elle mérite. Jésus conduit l'aveugle hors du bourg... il veut lui laisser le temps de se recueillir et de penser à la grâce qu'on a demandée pour lui, car il s'était laissé faire; on l'avait amené. Jésus lui impose une première fois les mains et lui demande s'il voit quelque chose? Je vois les hommes marcher,

ils me paraissent comme des arbres. Cela arrive souvent dans l'histoire des convertis; un homme revient à Dieu, il se confesse, et reçoit une première absolution; les yeux de son cœur s'ouvrent à la clarté de la grâce. Cependant il ne distingue pas encore les choses de Dieu dans de justes proportions. Les données de la foi se mêlent dans. son esprit aux pensées du monde, il voit les hommes comme des arbres : c'est au confesseur à l'écouter patiemment, sans s'étonner de ce qu'il lui dira. Il y a la même confusion dans le cœur de ce converti il ne sait pas encore unir son action à l'action de la grâce, il demande trop à Dieu, et pas assez à lui-même; ou bien, au contraire, trop sûr de lui, il ne sent pas tout le besoin et la nécessité de la grâce, il voit marcher les hommes comme des arbres. Le prêtre lui réitérera l'absolution; cette nouvelle grâce a la même puissance que la seconde imposition des mains de Jésus sur les yeux de l'aveugle. Elle apporte au converti une connaissance plus entière du mystère de Dieu, il prend de l'expérience; il est plus humble, marche d'un pas plus mesuré sous l'action répétée des sacrements; il s'établit dans la vie chrétienne, y fait des progrès, surtout s'il a soin de suivre le dernier conseil que Jésus donna à l'aveugle Allez-vous-en en votre maison, et si vous entrez dans le bourg, ne dites rien à personne.

La conversion s'affermit dans le silence, à la maison, là où s'accomplit le devoir quotidien.

† 27. Jésus partit de là avec ses disciples, pour s'en aller dans les villages de Césarée de Philippe. La ville de Césarée, que Philippe, frère d'Hérode Antipas, avait bâtie, s'élevait, comme une reine élégante, au milieu de sa cour. Le pays environnant est des plus pittoresques, des sources abondantes s'échappent de tout côté des flancs des rochers; elles s'en vont grossir le Jourdain qui commence son cours. La végétation est superbe : des arbres, comme on en voit peu en Palestine, des oliviers, des lauriers roses, des orangers, au pied desquels croissent les fleurs les plus variées. Dans les temps anciens le grand Pan y avait été adoré. C'est le lieu que le Seigneur avait choisi pour faire proclamer sa divinité par les apotres. Il les interroge, chemin faisant : Qui dit-on que je suis? Ils lui répondirent: Les uns disent que vous êtes Jean Baptiste, les autres Élie, les autres un des prophètes. Mais vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis? Pierre lui répondit : Vous êtes le Christ. Il leur défendit expressément de le dire à personne. On le voit, S. Marc a fort abrégé cette belle scène que S. Matthieu nous avait si magnifiquement racontée (S. Mat., xvi, 13). L'essentiel s'y trouve, mais l'admirable confession de S. Pierre se réduit à un mot: Vous êtes le Christ

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