LE SAINT ÉVANGILE DE SAINT MATTHIEU Ce titre se trouve écrit dans les exemplaires grecs, latins et syriaques; il est souverainement respectable. Évan Le Saint Évangile de Jésus-Christ. gile veut dire joyeuse nouvelle. Il n'est pas de nouvelle si grande et si heureuse pour les hommes, que celle de l'avènement du Christ, promis aux patriarches et attendu par les nations. L'Évangile contient le fait et la suite de la bienheureuse incarnation de Jésus-Christ, Fils unique du Père, son Verbe éternel. Nous y voyons racontées la conception miraculeuse, la naissance, la vie cachée, la prédication, la passion, la mort, la résurrection, l'ascension de notre Sauveur Dieu. Nous recevons ses divins enseignements; la promesse de la grâce et de la gloire éternelle qui nous attendent. LES ÉVANGILES. I. 1 C'est le Saint Évangile. — L'Évangile est Saint, parce qu'il nous raconte l'histoire de N.-S. JésusChrist, le Saint de Dieu. Le Saint qui naîtra de vous, dit l'archange Gabriel à la Vierge Marie, sera appelé le Fils de Dieu (S. Luc, 1, 35) et le prophète Daniel ne désigne pas autrement le Christ qu'en le nommant « le Saint des Saints ». (Daniel, IX, 24.) L'Évangile est Saint, parce qu'il apporte aux hommes la parole de Dieu qui est sainte. « Dieu, dit S. Paul, qui a parlé autrefois à nos Pères, par les prophètes, dernièrement, dans ces jours, nous a parlé par son Fils. » (Heb., 1, 1.) La parole de Jésus est la parole de Dieu, la parole de son Verbe transcrite dans un langage humain; rien n'est plus saint. L'Evangile est Saint parce qu'il nous enseigne la science des saints, qui est consignée dans les exemples et les paroles de Jésus-Christ. L'Évangile nous apprend à être parfaits, comme le Père est parfait; comme Jésus, son Fils et son image. Le Saint Évangile selon saint Matthieu. —L'auteur premier de l'Évangile, c'est le S.-Esprit les auteurs secondaires, ce sont les quatre Evangélistes ils ont été les organes, les instruments du S.-Esprit, qui a tenu leur plume et qui leur a dicté ce qu'ils ont écrit. Le premier des quatre est S. Matthieu. Il n'y a qu'un Évangile, écrit par quatre Évan gélistes différents. L'histoire, la doctrine de Jésus est la même; les écrivains diffèrent; chacun a sa manière, sa méthode, son ordonnance. Dans ce présent Évangile le S.-Esprit daigne s'adapter à la nature, au génie, à la main de S. Matthieu. Il l'a excité à écrire; il l'a illuminé et dirigé dans son œuvre. Il l'a assisté pour qu'il écrivit exactement ce qu'il avait vu et entendu de Jésus; ce que les autres apôtres lui en avaient raconté; ce que lui, le S.-Esprit, lui révélait. Sous cette divine direction, S. Matthieu n'a pu s'éloigner de la vérité, ni par oubli, ni par faiblesse, ni par fragilité d'esprit; l'apôtre n'a écrit ni autre chose, ni autrement que ce que le S.-Esprit lui inspirait. Cornelius à Lapide.) : S. Matthieu a eu l'honneur d'être appelé par Jésus-Christ lui-même, lorsqu'assis à son comptoir, il s'occupait à recevoir les deniers publics. Un mot de Jésus-Christ lui a suffi pour s'attacher à Jésus-Christ. « Suivez-moi, >> lui a dit Jésus il s'est levé et l'a suivi. Depuis lors, il ne l'a jamais abandonné : il a vu ses œuvres divines, il a écouté ses discours : c'est un témoin irrécusable et très illustre. S. Pierre Damien va jusqu'à dire, dans un sermon qu'il a consacré à la gloire de S. Matthieu, qu'il tient le premier rang parmi ceux qui nous ont annoncé la grande nouvelle du salut et qu'après N.-S. Jésus-Christ lui-même, il n'est personne à qui l'Église doive davantage qu'à cet apôtre, puisqu'il est le chef qui a montré à ceux qui l'ont suivi, l'étendard du Christ par son exemple, il les a excités à écrire à leur tour, comme il l'avait fait lui-même. C'est donc avec vénération que nous devons accepter cet Évangile; nous devons le regarder comme le premier monument de l'Église chrétienne le premier écho de la voix de JésusChrist. Donnons à cette histoire le soin, la religion dont nous sommes capables. Si nous n'avons pas été assez heureux pour voir Jésus-Christ de nos yeux, et l'entendre de nos oreilles, recueillons au moins la béatitude qu'il a promise à ceux qui, ne voyant pas, feront acte de foi. Lire l'Évangile, c'est voir, c'est entendre Jésus-Christ par la foi. C'est recueillir ses paroles, écrites sous la dictée du S.-Esprit, telles qu'elles ont été proférées; ces paroles dont il a dit : «< Mes paroles sont esprit et vie : » elles nous arrivent sous la plume de l'Évangéliste, toutes remplies de grâce et de vie éternelle. Il est impossible de dire précisément à quelle époque S. Matthieu a écrit son Évangile. Il est bien certain que c'est avant l'année 70, puisqu'il contient, à l'état de prophétie, la ruine de Jérusalem, arrivée cette même année. S. Irénée pense que l'apôtre publia son Évangile lorsque Pierre et |