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Barnabé racontent les suites merveilleuses de cette vocation. Jacques, évêque de Jérusalem, partant de la sentence de Pierre, la montre appuyée dans les prophètes, et en propose une application pratique, qui devait faciliter la réunion des deux peuples en un. Le décret du concile est le décret du Saint-Esprit et de l'Eglise ; il est envoyé aux autres églises particulières, non plus pour y être examiné, mais pour y être exécuté.

Ce qu'était Jérusalem par la présence de Pierre et de quelquesuns des plus illustres disciples, Rome l'est devenue comme siége des successeurs du même Pierre, assisté toujours d'hommes éminents en dignité et en doctrine. Et comme la contestation sur les cérémonies légales fut portée à Jérusalem où était Pierre; de même c'est une loi inviolable de l'Eglise de porter à Rome les causes difficiles de la foi. Et comme, au premier son de la voix de Pierre, se calmèrent à Jérusalem toutes les disputes; de même doivent cesser les contentions dès que le même Pierre a parlé par la bouche de ses successeurs. Enfin, comme la décision sortie de Jérusalem, encore qu'elle n'eût pas été formée dans un concileréellement œcuménique, fut néanmoins proposée et reçue comme un oracle de l'Esprit-Saint; de même les conciles particuliers de Rome, sous l'autorité des pontifes romains, ont eu dans leurs définitions la force des conciles œcuméniques, auxquels nul catholique ne refuse une autorité souveraine et infaillible.

Le tempéramment proposé par saint Jacques conciliait fort bien la difficulté. Les fidèles venus de la gentilité étaient reconnus purs et saints, et exempts de la loi cérémonielle; mais il leur était recommandé d'éviter dans leurs repas ce qui pouvait le plus choquer les fidèles venus du judaïsme, savoir : les viandes immolées aux idoles et le sang. D'après l'explication de saint Paul, interprète très-sûr du décret de ce concile, les fidèles pouvaient manger indifféremment de tout ce qui se vendait au marché, sans s'informer si ç'avait été immolé aux idoles ou non, dès qu'il n'y avait point de scandale pour les faibles 1. Ce n'était donc qu'une loi de circonstance, à cause de l'idolâtrie qui régnait encore. Quant à la défense de manger du sang, et par conséquent des chairs étouffées, elle venait de plus haut que la loi de Moïse; car elle avait été déclarée à Noé au sortir de l'arche, afin de détourner plus efficacement l'homme de répandre le sang de l'homme, et aussi parce que de toutes les parties de la victime c'était principalement le sang qu'on offrait à Dieu dans les sacrifices. Tant que des sacri

1. Cor, 10.

fices de cette espèce continuaient à s'offrir dans le temple de Jérusalem, l'on conçoit que les Juifs, même chrétiens, craignissent d'aller contre cette défense; mais lorsqu'après la dernière destruction du temple, il fut bien reconnu que Dieu ne demandait plus le sang des animaux, et que l'homme, ayant été racheté au prix du sang de Jésus-Christ, fut devenu infiniment précieux à l'homme, cette même loi, devenue sans objet, devait naturellement tomber en désuétude. Enfin, le concile défend la formication : c'est que, parmi les gentils, la plupart ne voyaient de crime que dans l'adultère, et comptaient la simple fornication pour rien. Les envoyés du concile, Paul et Barnabé, Jude et Silas, étant venus à Antioche, assemblèrent la multitude et lui remirent la lettre. Les frères, l'ayant lue, se réjouirent beaucoup des consolations et des exhortations qu'elle contenait. Jude et Silas, qui étaient eux-mêmes prophètes, les consolèrent encore, les exhortèrent et les fortifièrent par plusieurs discours. Après qu'ils eurent demeuré là quelque temps, les frères les renvoyèrent en paix aux apôtres. Silas, néanmoins, jugea à propos de demeurer à Antioche, .et Jude retourna seul à Jérusalem. Silas est le même que Sylvain, par qui saint Pierre avait envoyé sa première épître.

Quant à Paul et Barnabé, ils demeurèrent aussi à Antioche, enseignant et annonçant, avec beaucoup d'autres, la parole du Seigneur. Quelques jours après, Paul dit à Barnabé: Retournons visiter nos frères par toute les villes où nous avons prêché la parole du Seigneur, pour voir en quel état ils sont. Or, Barnabé voulait prendre avec lui Jean, qu'on appelait Marc. Mais Paul disait que celui qui les avait quittés depuis la Pamphylie, et ne les avait point aidés à l'œuvre, ne devait pas les accompagner. Il se forma donc entre eux une contestation si vive, qu'ils se séparèrent l'un de l'autre, et que Barnabé, prenant Marc, fit voile (vers l'île de Chypre. Et Paul, ayant choisi Silas, partit avec lui, après avoir été abandonné à la grâce de Dieu par les frères. Il traversa la Syrie et la Cilicie, confirmant les églises et leur ordonnant d'observer les préceptes des apôtres et des prêtres 1.

La sévérité de Paul et la douceur de Barnabé furent également utiles à Jean-Marc: il apprit à être plus constant ; et nous le verrons plus tard servir fidèlement le premier des deux. Un autre avantage de cette séparation, fut de prêcher l'Evangile en plus de lieux. A partir de cette époque, saint Luc, attaché uniquement à décrire les voyages et les travaux de Paul, ne nous parle plus de Barnabé. Aussi ne sait-on rien ou presque rien du reste de sa vie.

'Act., 15, 50-41.

Nous avons, sous le nom de saint Barnabé, une lettre où il est parlé de la ruine du temple; ce qui montre qu'elle fut écrite après. Le sujet qu'elle traite et les excellentes instructions qui s'y lisent la rendent digne des temps apostoliques, et l'on croit communément qu'elle remonte à cette antiquité; toutefois, il est difficile de se persuader qu'elle soit réellement l'ouvrage d'un apôtre. Elle est divisée en deux parties : la première dogmatique, et l'autre morale. Dans la première, l'auteur démontre, contre les Juifs, que, les oracles des prophètes s'étant parfaitement accomplis à la venue du Fils de Dieu sur la terre, dans sa passion et dans sa mort, ainsi que dans sa résurrection glorieuse, la loi devait cesser pour faire place à l'Evangile. Ce qui fait voir qu'elle est adressée à ceux des chrétiens qui, convertis du judaïsme, restaient encore trop attachés aux observances légales. Dans la seconde partie, il décrit deux voies: l'une de lumière, à laquelle préside l'ange du Seigneur ; l'autre de ténèbres, à laquelle préside l'ange de Satan. Il donne d'excellentes règles à ceux qui veulent marcher dans la première, et fait de la seconde la description la plus sombre et la plus effrayante, afin d'en inspirer à tous les esprits une juste horreur. Peut-on se persuader qu'une pareille épître, écrite pour la défense de la foi catholique et l'édification des fidèles, ait été regardée par l'Eglise comme l'œuvre authentique de saint Barnabé, c'est-à-dire d'un apôtre rempli de l'Esprit-Saint et appelé avec Paul à l'apostolat par une vocation extraordinaire du ciel, et que cependant elle ne l'ait pas mise, comme les épîtres des autres apôtres, au catalogue des livres sacrés et canoniques? Il s'y rencontre d'ailleurs quelques endroits moins dignes de la sagesse et de la gravité d'un apôtre, qui certainement n'aurait jamais écrit que les apôtres avaient été pécheurs au-delà de toute iniquité, et que le monde ne devait durer que six mille ans. Il aurait eu plus de justesse et de réserve dans ses allégories ou interprétations allégoriques des divines Ecritures. Il n'eût pas cité comme oracles de l'Esprit-Saint des sentences qui ne se trouvent point dans les livres sacrés. Tout cela montre que l'Eglise a eu raison d'exclure ce monument du nombre des Ecritures divines, et prouve que ce n'est pas faire honneur à saint Barnabé, que de le croire l'auteur d'une lettre pareille. Suivant la commune tradition, cet apôtre mourut dans l'île de Chypre, sa patrie, où, non loin de Salamine, et vers la fin du cinquième siècle, l'on trouva son corps, ayant sur la poitrine l'évangile de saint Mathieu, transcrit de sa main 1.

'Orsi, Histoir. ecclésiast., t. 1.

Paul, avec Silas, ayant parcouru la Syrie et la Cilicie, vint à Derbe et à Lystre, où il trouva un disciple nommé Timothée, dont tous les frères de Lystre et d'Icone rendaient un bon témoignage. C'était un jeune homme qui avait étudié les saintes lettres dès son enfance. Son père était Grec, mais sa mère Eunice était une Juive qui avait embrassé la foi chrétienne, ainsi que Loïde, sa grand'mère. Paul voulut le prendre pour compagnon de ses voyages et de ses travaux. Mais auparavant il le circoncit, à cause des Juifs du pays, qui savaient tous que son père était Grec, et qui n'auraient pu se résoudre à recevoir les instructions d'un incirconcis. Paul fit plus. Jugeant par les dispositions de ce jeune homme et par des prophéties antérieures à son sujet, qu'il était élu de Dieu pour le saint ministère, il lui imposa les mains, soit alors, soit plus tard, avec les prêtres de l'Eglise, et la grâce lui fut ainsi communiquée.

Or, allant de ville en ville, Paul, Silas et Timothée donnaient pour règle aux fidèles de garder les ordonnances qui avaient été établies par les apôtres et les prêtres qui étaient à Jérusalem. Ainsi les églises se confirmaient dans la foi, et croissaient en nombre de jour en jour. Lorsqu'ils eurent traversé la Phrygie et la Galatie, en laquelle il paraît que saint Paul convertit alors les Galates, le SaintEsprit leur défendit d'annoncer la parole de Dieu dans l'Asie proprement dite ou l'Ionie. Etant donc venus en Mysie, ils se disposèrent à passer en Bithynie; mais l'Esprit de Jésus ne le leur permit pas. Ainsi ils passèrent la Mysie, et descendirent à Troade, sur la mer, non loin de l'ancienne Troie. Et une vision se montra à Paul durant la nuit : un Macédonien se présenta devant lui, le priant et disant : Passez en Macédoine, et secourez-nous 1 !

On trouve, au prophète Daniel, un ange, prince des Juifs; un autre, prince du royaume des Perses; et un autre, prince des Grecs. On voit par là que les anges président à la garde des monarchies, des principautés, des provinces. Aussi est-il vraisemblable que ce fut l'ange tutélaire de la Macédoine, qui excita Paul à passer dans ce pays et à tendre la main à ces peuples oppressés sous la tyrannie du démon. La Macédoine avait deux villes, ainsi que deux parties principales la première de ces villes était Philippes, ainsi nommée du père d'Alexandre, qui l'agrandit et la fortifia; la seconde était Thessalonique. Il n'y avait pas encore quatre siècles qu'Alexandre était parti d'auprès de cette dernière ville, après avoir subjugué la Grèce, pour aller accomplir, sans le savoir, les prophéties de Daniel, en renversant l'empire des Perses. Voici un autre conqué

Act., 16, 1-9.

rant qui s'apprête à passer d'Asie en Europe, pour conquérir à Jésus-Christ et la Macédoine, et la Grèce, et le reste de l'Occident. Aussitôt que Paul eût eu cette vision, nous nous disposâmes, dit saint Luc, qui montre par cette manière de parler, que dès-lors il accompagnait l'apôtre, nous nous disposâmes à partir pour la Macédoine, assurés que Dieu nous y appelait pour y prêcher l'Evangile. S'étant donc embarqués à Troade, ils vinrent droit à Samothrace, et le lendemain à Neaples, en grec Eapolis ou nouvelle-ville. et de là à Philippes, colonie romaine, et la première ville de cette partie de la Macédoine, où ils demeurèrent quelques jours. Le jour du sabbat ils allèrent hors de la ville près de la rivière, où il y avait une proseuque ou un oratoire, comme les Juifs avaient coutume d'en avoir dans les villes où ils n'avaient point de synagogue. Et, s'étant assis, ils parlèrent aux femmes qui étaient assemblées. Une d'entre elles, nommée Lydie, marchande de pourpre, de la ville de Thyatire, qui servait Dieu, les écouta; et le Seigneur lui ouvrit le cœur, et la rendit attentive à ce que Paul disait. Après qu'elle eût été baptisée, ainsi que sa famille, elle leur fit cette prière : Si vous me croyez fidèle au Seigneur, entrez dans ma maison, et y demeurez. Et elle les y força.

Or, il arriva que, comme ils allaient à l'oratoire, une servante les rencontra, qui avait l'esprit de Python, et qui, par ses divinations, apportait un grand gain à ses maîtres. Elle se mit à suivre Paul et ses compagnons, en criant: Ces hommes sont des serviteurs du Dieu Très-Haut, et ils vous annoncent la voie du salut. Elle fit la même chose durant un grand nombre de jours. Mais Paul ayant peine à le souffrir, se retourna vers elle, et dit à l'esprit Je te commande, au nom de Jésus-Christ, de sortir de cette fille. Et il sortit à l'heure même. Mais ses maîtres, voyant que l'espérance de leur gain s'en était allée, se saisirent de Paul et de Silas, et les traînant dans la place devant les magistrats, les leur présentèrent, en disant Ces hommes-ci sont des Juifs qui troublent notre ville, et qui enseignent des coutumes qu'il ne nous est pas permis de recevoir ni d'observer, puisque nous sommes Romains. Alors le peuple aussi s'ameuta contre eux; et les magistrats, ayant fait dé– chirer leurs vêtements, commandèrent de les battre de verges. Après qu'on leur eut fait beaucoup de plaies, ils les mirent en prison et ordonnèrent au geôlier de les garder sûrement. Le geôlier ayant reçu cet ordre, les mit dans la prison intérieure, et serra leurs pieds dans des entraves.

Sur le minuit, Paul et Silas, s'étant mis en prière, chantaient des hymnes à la louange de Dieu, et les prisonniers les entendaient.

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