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elle, nous avons pour garant de notre foi Jésus même et Marie. Lorsque l'ange annonce à Marie qu'elle concevra et enfantera le Fils du Très-Haut, elle oppose comme un obstacle la promesse qu'elle a faite de demeurer vierge Comment cela se pourra-t-il, puisque je ne connais point d'homme ? Et après que, par cet enfantement virginal et divin, elle sera devenue, s'il est possible, plus vierge encore, elle violera sa sainte promesse! Loin de nous une pareille abomination! Jésus même nous en prie. Pourquoi, du haut de la croix, dit-il à sa mère en lui montrant saint Jean: Femme, voici votre fils? Pourquoi, dans ce dernier moment, lui donne-t-il un fils d'adoption? si ce n'est qu'elle allait perdre celui qui est son Fils unique, comme il est le Fils unique de Dieu.

C'est à Nazareth en Galilée que demeurait Joseph; c'est à Nazareth qu'il éprouva ces incertitudes et que l'ange lui apparut pour les dissiper. C'est à Nazareth, suivant toutes les probabilités, qu'allait naître le Christ. Cependant le prophète avait annoncé que c'est de la petite Bethlehem, dans la terre de Juda, que sortirait le dominateur en Israël, qui étendrait sa puissance jusqu'aux extrémités de la terre. C'est là que devait se détacher de la montagne, sans le secours d'aucune main, sans aucune intervention humaine, cette pierre mystérieuse qui, suivant la prédiction de Daniel, devait frapper aux pieds la grande statue, la statue aux quatre métaux, le colosse aux quatre grands empires, et le réduire enfin tout en poudre. Le colosse même, sans le savoir, fera en sorte que la prophétie s'accomplisse à la lettre, et que le Christ naisse à Bethlehem.

Ce qui dominait alors dans ce colosse aux quatre empires ou métaux, ce n'étaient plus les Assyriens figurés par la tête d'or, les Perses figurés par les épaules et la poitrine d'argent, les Grecs figurés par le ventre et les cuisses d'airain, mais les Romains figurés par les jambes de fer. Pareille au fer, la puissance romaine avait broyé l'univers. L'univers était devenu Rome; Rome était devenue César-Auguste. César-Auguste était bien aise d'avoir un tableau statistique du monde romain. Un tableau de ce genre est venu en partie jusqu'à nous. Plusieurs recensements eurent lieu à cet effet. Ce fut un de ces recensements qui amena Joseph et Marie à Bethléhem.

<< En ces jours-là, dit saint Luc après avoir parlé de la naissance de Jean-Baptiste, il advint qu'il sortit un édit de par César-Auguste, pour décrire toute la terre habitée. Cette première description se fit par Cyrinus, qui gouvernait la Syric.» Autrement, selon le grec,

dans lequel a écrit saint Luc, cette première description se fit pendant que Cyrinus gouvernait la Syrie, ou bien encore cette description se fit avant que Cyrinus gouvernât la Syrie. La dernière version est tout-à-fait dans le style des Evangiles. Lorsque Jean dit du Christ: Il est venu après moi et m'a été préféré, parce qu'il était avant moi, il y a littéralement, dans le texte original, parce qu'il était premier de moi1. La phrase de saint Luc est la même; on la retrouve jusque dans les vieux auteurs français. L'histoire nous montre un Cyrinus ou Quirinus, consul l'an 12 avant JésusChrist, plus tard gouverneur de Syrie et précepteur du petit-fils de l'empereur. Il fit un second recensement de la Judée, lorsqu'elle fut réduite en province romaine, huit ou neuf ans après la mort d'Hérode, et lorsque son fils Archélaüs fut déposé et envoyé en exil. Mais il se peut qu'il eût déjà présidé au premier recensement par commission extraordinaire. Les doctes s'y prennent de différentes manières pour expliquer tout cela en détail.

« Au premier dénombrement, tout le monde allant se faire inscrire chacun dans sa ville, Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth en Judée, en la cité de David, qui est appelée Bethlehem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David, pour se faire enregistrer avec Marie, son épouse, laquelle était enceinte. Or, il advint, pendant qu'ils étaient là, que les jours s'accomplirent où elle devait enfanter. Et elle enfanta son fils premierné, et l'enveloppa de langes, et elle le coucha dans une crèche, parce qu'il n'y avait point de place pour eux dans l'hôtellerie 2.

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C'est ainsi que le Christ, le roi des siècles, fait son entrée dans le monde. Son palais est une étable, une grotte; son vêtement royal, des langes; son trône, une crêche; lui-même, un petit enfant. O Jésus! quand je considère combien vous êtes grand, vous me paraissez infiniment admirable, et je voudrais avoir toutes les langues des hommes et des anges pour célébrer votre gloire! Mais quand je considère combien, pour l'amour de nous, Vous vous êtes rendu petit, pauvre et humble, alors je vous trouve infiniment aimable, et je voudrais avoir tous les cœurs pour vous aimer dignement et répondre ainsi à votre amour.

Marie, sa mère, l'enfante comme aurait enfanté Eve dans l'état de grâce et d'innocence; elle l'enfante sans douleur; elle l'enfante avec une joie ineffable. Elle-même l'enveloppe, elle-même le pose dans la crèche; elle l'adore comme son Dieu, elle l'aime comme son fils. Oh! qui pourrait comprendre les délices de son cœur maternel!

1 Joan., 1, 15. Ὅτι πρῶτός μου ἦν. — 2 Luc, 2, 1-7.

Jésus, Marie, Joseph, sainte famille, il n'y a point de place pour vous dans l'hôtellerie; la foule y est trop grande, vous êtes trop pauvres pour qu'on puisse vous y admettre. Une étable, où sont attachés le bœuf et l'àne, voilà tout ce qui reste pour vous dans la cité de David, votre père. Oh! qui osera se plaindre encore de n'être pas plus riche que vous, de n'être pas mieux traité que

vous?

<< Et des pasteurs étaient dans la même région, qui passaient la nuit dans les champs, et qui veillaient tour à tour sur leur troupeau. Et voici que l'ange du Seigneur parut auprès d'eux, et la clarté de Dieu les environna, et ils furent saisis d'une grande crainte. Et l'ange leur dit : Ne craignez point, car voici que je vous annonce une grande joie, laquelle sera pour tout le peuple, parce qu'il vous est né aujourd'hui un Sauveur, qui est le Christ-Seigneur, dans la cité de David. Et voici le signe auquel vous le reconnaîtrez: Vous trouverez un enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche. Et au même instant se joignit à l'ange une grande troupe de l'armée céleste, qui louait Dieu et disait : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté1.» Gloire à Dieu! gloire à qui seul est! gloire à qui seul est puissant! gloire à qui seul est bon, à qui seul est aimable! Gloire à Dieu, qui accomplit si merveilleusement toutes ses miséricordes! gloire lui soit! gloire lui est ! et une gloire aussi grande que lui. Un autre lui-même, son Fils unique, s'est abaissé, s'est anéanti pour le louer, le bénir à jamais autant qu'il est digne. Gloire à ce Dieu anéanti ! Il s'humilie jusqu'aux bassesses de la terre:gloire à lui dans les hauteurs des cieux! Paix sur la terre aux hommes ! Paix des hommes avec Dieu, paix des hommes entre eux, paix des hommes avec eux-mêmes. Paix aux hommes de bonne volonté, c'est-à-dire, suivant la propriété du mot original, aux hommes de la bonne volonté divine, aux hommes en qui Dieu se complaît jusqu'à se faire homme 2. Les Grecs lisent aujourd'hui un peu différemment. Mais tous les Pères latins et les plus anciens des Pères grecs, tels qu'Origène et saint Cyrille de Jérusalem, ont lu comme nous lisons et comme nous chantons encore 3.

Joignons-nous à la multitude innombrable des armées célestes, élevons jusqu'au ciel nos voix et nos cœurs pour chanter avec toute l'Eglise : Gloria in excelsis Deo! Toutes les fois qu'on entonne ce cantique angélique, entrons dans la musique des anges par le con

'Luc, 2, 8-14. 2 ευδοκιας. 3 Orig. In Luc. Homil., 13. Cyril. Catech., 12, n. 32.

cert et l'accord de tous nos désirs, Souvenons-nous de la naissance de notre Seigneur qui a fait naître ce chant. Disons de cœur les paroles que l'Eglise ajoute pour interpréter le cantique des anges: Nous vous louons; nous vous adorons: Laudamus te; adoramus te; et surtout: Gratias agimus tibi, propter magnam gloriam tuam: Nous vous rendons grâces, à cause de votre grande gloire; nous aimons vos bienfaits, à cause qu'ils vous glorifient; et les biens que vous nous faites à cause que votre bonté en est honorée 1.

<< Et, après que les anges se furent retirés dans le ciel, les pasteurs dirent entre eux : Allons jusqu'en Bethlehem, et voyons cette parole qui est advenue et que le Seigneur nous a manifestée. Et ils vinrent en hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et l'enfant couché dans la crèche. Et voyant, ils connurent, ou plutôt, selon le grec, ils firent connaître 2 ce qui leur avait été dit de cet enfant. Et tous ceux qui les entendirent admirèrent ce qui leur était dit par les pasteurs. Or, Marie conservait toutes ces paroles, les comparant dans son cœur. Et les pasteurs retournèrent, glorifiant et louant Dieu de toutes les choses qu'ils avaient entendues et vues, comme il leur avait été dit 3. »

Heureux pasteurs de Bethlehem! Ils paissaient leurs brebis dans les mêmes champs où Jacob paissait autrefois les siennes, dans les mêmes champs où David paissait les brebis de son père, lorsqu'il fut appelé pour être sacré roi et pasteur d'Israël; dans les mêmes champs où David étouffait les lions et les ours, et essayait sur sa harpe les premiers cantiques que lui inspirait l'esprit de Dieu. Heureux pasteurs! Ils se rappelaient sans doute que, dans son temps, Jacob, leur père, endurait comme eux la chaleur du jour et le froid de la nuit, sans laisser dormir ses paupières 4. Ils se rappelaient, ils chantaient peut-être, dans leurs longues veilles, quelques cantiques de leur compatriote etroi David. Comme ils n'étaient pas loin de la ville de Zacharie, ils auront entendu, sur la naissance de son fils et la prochaine venue du rédempteur, les récits merveilleux qui s'étaient répandus dans toutes les montagnes de la Judée. Peut-être s'entretenaient-ils en ce moment de cette bonne nouvelle, de ce fils de David, de ce grand pasteur d'Israël qui devait bientôt paraître. Heureux pasteurs! Les premiers, ils sont appelés à sa crèche. Les mages, les savants viendront après; mais eux les premiers, parce qu'ils sont pauvres, parce qu'ils sont humbles de cœur. Ce n'est pas une étoile qui les instruit; c'est l'ange même du Seigneur, c'est une multitude innombrable d'anges.

1 Bossuet. Elévat. 2 διεγνώρισαν. 3 Luc, 2, 15-20. 4 Gen., 31, 40.

Eux les premiers entendent ce cantique du ciel que nous continuons de chanter sur la terre.

Et Marie ne disait rien, et Marie écoutait, et Marie admirait : clle retenait soigneusement toutes ces paroles, toutes ces choses; elle les comparait dans son cœur avec ce qu'elle avait entendu, avec ce qu'elle savait elle-même et elle seule ; elle les comparait avec les paroles des prophètes. Et cette contemplation produisait dans son âme quelque chose de si ineffable, qu'il ne lui restait que le silence et l'admiration.

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<< Et lorsque s'accomplirent les huit jours où devait être circoncis l'enfant, son nom fut appelé Jésus comme il avait été appelé par l'ange avant qu'il eût été conçu dans le sein de sa mère1.x

Que le Seigneur est bon ! Parmi tous les noms qui sont au ciel et sur la terre, il prend le nom de Jésus! Isaïe lui en avait annoncé d'autres : Un petit enfant nous est né, un fils nous est donné; et son nom s'appellera l'Admirable, le Conseiller, Dieu, le Fort, le Père du siècle futur, le Prince de la paix 2. Il portera en effet tous ces noms. Mais son nom propre est le nom de Jésus, de Sauveur, parce qu'il vient en ce monde, non pour appeler des justes, mais les pécheurs ; non pour les condamner, mais pour les sauver; non pour être leur juge, mais leur sauveur, leur Jésus. Ce nom lui coûtera tout son sang. Le jour même qu'on le lui donne pour la première fois, il commence à verser son sang dans la circoncision. S'étant mis à la place des pécheurs qu'il vient sauver, il accomplit pour eux et avec eux ce que la loi a de plus rigoureux. Ils ont mérité la mort; il la subira pour eux sur la croix : il est leur Jésus ! Ce nom lui aura tout coûté; ce nom nous vaudra tout. Quelque chose que nous demandions en son nom, nous l'obtiendrons de son père. Que l'enfer nous attaque; par ce nom nous repousserons l'enfer. Ce nom est au-dessus de tout nom; au nom de Jésus, tout fléchira le genou, et ce qui est au ciel, et ce qui est sur la terre, et ce qui est dans les enfers. O nom adorable, nom aimable, nom délectable; doux nom de Jésus, soyez toujours dans ma bouche et dans mon cœur!

« Jésus étant donc né dans Bethlehem de Juda, aux jours du roi Hérode, voici que des mages vinrent d'Orient à Jérusalem, disant : Où est celui qui vient de naître roi des Juifs? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l'adorer. Ce qu'entendant le roi Hérode, il en fut troublé, et toute la ville

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