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fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? Comment donc celui-ci dit-il : Je suis descendu du ciel? Jésus donc répondant, leur dit : Ne murmurez point entre vous. Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire; et je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous enseignés de Dieu. Quiconque donc a ouï le Père, et a appris, vient à moi. Non qu'aucun ait vu le Père, si ce n'est celui qui est de Dieu; celui-là a vu le Père. En vérité, en vérité, je vous le dis, qui croit en moi a la vie éternelle. Je suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. Mais voici le pain qui est descendu du ciel, afin que celui qui en mange ne meure point. Je suis le pain vivant qui suis descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c'est ma chair que je donnerai pour la vie du monde.

» Les Juifs donc se disputaient entre eux, disant : Comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger? Jésus leur dit donc : En vérité, en vérité, je vous le dis: Si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme, et ne buvez son sang, vous n'aurez point la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, a la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est véritablement une nourriture, et mon sang est véritablement un breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui. Comme le Père qui m'a envoyé est vivant, et que je vis par le Père; de même celui qui me mange vivra aussi par moi. C'est là le pain qui est descendu du ciel, non comme la manne dont vos pères ont mangé, et n'en sont pas moins morts. Celui qui mange ce pain vivra éternellement.

» Ce fut en enseignant dans la synagogue de Capharnaum, que Jésus dit ces choses. Beaucoup donc de ses disciples l'ayant entendu, dirent: Ce discours est dur, et qui peut l'écouter? Mais Jésus, sachant en soi-même que ses disciples murmuraient de cela, leur dit: Cela vous scandalise-t-il? que sera-ce donc si vous voyez le Fils de l'homme monté où il était auparavant? C'est l'Esprit qui vivifie: la chair ne sert de rien; les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. Mais il y a quelques-uns parmi vous qui ne croient pas. Car Jésus savait dès le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient point, et qui était celui qui le trahirait. Et il disait : C'est pour cela que je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, s'il ne lui est donné par mon Père. Dès-lors beaucoup de ses disciples se retirèrent de sa suite, et ils n'allaient plus åvec lui. Jésus dit donc aux douze : Et vous, ne voulez-vous point vous en aller

aussi? Simon-Pierre lui répondit: Seigneur, à qui irions-nous? vous avez les paroles de la vie éternelle. Et nous avons cru, et nous avons connu que vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. Jésus leur répondit : Ne vous ai-je pas choisis vous douze? néanmoins un de vous est un démon. Ce qu'il disait de Judas Iscariote, fils de Simon; car c'était lui qui devait le trahir, quoiqu'il fût l'un des douze 1. >>

C'est ici le mystère de la grâce et de l'amour de Dieu. Dieu aime sa créature d'un amour incompréhensible. Entre Dieu et la créature, même la plus parfaite, il y a une distance infinie, qu'il est d'une infinie impossibilité à la créature de franchir. Ainsi donc, s'unir immédiatement à Dieu, le voir, non plus à travers le voile de la création, mais en lui-même, c'est pour l'homme, même dans son état de nature entière, une impossibilité infinie. Cependant Dieu appelle l'homme à le voir en lui-même, face à face, tel qu'il est, tel que lui-même il se voit ; il l'appelle à être heureux de son bonheur, à faire éternellement une même société immédiate avec le Père, le Fils et le Saint-Esprit ; en un mot, Dieu l'appelle à une félicité infiniment au-dessus de toute créature, non-seulement existante, mais possible. Qui donc comblera l'immense intervalle? qui rendra possible à l'homme ce qui lui est naturellement de toute impossibilité? C'est encore Dieu, par son amour. L'homme ne pouvant monter jusqu'à Dieu, Dieu descendra jusqu'à l'homme par une certaine émanation de sa puissance, de son intelligence et de son amour. Cette ineffable condescendance de Dieu vers l'homme, est ce qu'on nomme la grâce, don infiniment au-dessus de la nature car, par la nature, Dieu nous donne nous-mêmes à nous-mêmes, et par la grâce, il se donne lui-même à nous. Cette donation, lorsqu'elle est pleine et parfaite, s'appelle gloire. La gloire est ainsi la consommation de la grâce, et la grâce le commencement de la gloire. C'est là le royaume de Dieu, le royaume du ciel. La grâce nous élève, nous établit, nous fait vivre dans ce royaume, dans ce monde surnaturel, par la foi, l'espérance et la charité. L'âme de l'homme devait finalement être transfigurée en la gloire de Dieu, son corps devait participer à la gloire de l'âme ; et comme son corps tient à l'univers matériel, cet univers même devait, par l'homme, participer à la gloire de Dieu, et devenir un resplendissement varié de la lumière éternelle.

Le premier homme rompit cette harmonie admirable. Elevé par la grâce jusqu'à Dieu, il tomba par le péché au-dessous de lui

Joan., 6, 22-72.

même. Entre lui et Dieu se rouvrit un infranchissable abîme : son intelligence fut obscurcie, sa volonté inclinée au mal, et son corps rempli de passions basses. Au lieu de dominer la créature matérielle pour l'élever jusqu'à Dieu, il fut asservi à elle. L'univers alla se profanant et se prostituant aux démons : le pain même et le vin furent des attributs de faux-dieux.

Ce l'homme avait rompu, que le Fils de Dieu, devenant Fils de l'homme, le renoue, et d'une manière indissoluble. En prenant une âme et un corps comme les nôtres, il unit à la divinité, en sa personne, et le monde des âmes et le monde des corps. Il devient le centre conaturel de tout. En lui, par lui, et avec lui, toute la création se régénère, s'élève au-dessus d'elle-même, se divinise; en lui, par lui, et avec lui, Dieu est glorifié dans toutes les créatures, et toutes les créatures en Dieu.

En prenant une âme et un corps, le Fils de Dieu s'est uni en général toute la création et à toute la création. Mais l'homme est une créature libre : il faut qu'il entre librement dans cette union. Mais cette union est au-dessus de la nature humaine : l'homme n'y peut entrer par ses propres forces; il faut que le Père l'attire au Fils, pour y prendre, par la foi, l'espérance et l'amour, une existence, une vie surnaturelle et divine. Mais l'homme peut résister à cet attrait; alors il reste dans les ténèbres extérieures. Pour monter au-dessus de soi, l'homme a besoin d'une force au-dessus de la sienne; mais pour descendre, de si haut qu'il puisse être, il n'a qu'à se laisser tomber.

Comme le Verbe s'est uni en général la nature humaine en prenant un corps et une âme semblables aux nôtres, il veut s'unir de même à chacun de nous en particulier; nous donner sa chair et son sang pour nous changer en lui; afin que, devenant avec lui comme une même chose, nous entendions de son entendement, nous voulions de sa volonté, nous vivions de sa vie, nous soyons glorifiés de sa gloire. Les merveilles de la nourriture corporelle, il les reproduit plus merveilleuses encore dans la nourriture spirituelle. Ila dit au commencement: Que la terre produise des plantes, et les plantes des fruits; et, depuis ce temps, le froment et la vigne se nourrissent de la terre, et l'homme se nourrit du fruit de la vigne et du froment. Et cette nourriture s'opère par transsubstantiation. Le froment et la vigne changent en leur substance propre le substance de la terre; l'homme change en sa substance propre la substance du pain et du vin. Par ce mystérieux changement, la substance de la terre, qui, dans son état naturel, est inerte, insipide, sans couleur, prend une certaine vie, beauté et saveur dans

le végétal; le pain et le vin prennent dans l'homme une vie, nonseulement animale, mais raisonnable. La cause de cette surnaturalisation progressive, c'est un principe plus élevé dans la plante que dans la terre, plus élevé dans l'animal que dans la plante, plus élevé dans l'homme que dans le reste. Lors donc que, par une transsubstantiation analogue, le pain et le vin sont changés au corps et au sang, non plus d'un pur homme, mais d'un Homme - Dieu, ils participent nécessairement à une vie toute divine, ils deviennent esprit et vie. Et alors ce corps et ce sang, contenant un principe infiniment plus élevé que l'homme, lui étant donnés pour nourriture, ne doivent pas se changer en lui, mais le changer en eux, le faire devenir le corps d'un Dieu, le faire demeurer en ce Dieu, et ce Dieu en lui. Il est alors naturel que ce Dieu le ressuscite au dernier jour, non pour le jugement et la condamnation, mais pour la gloire, mais pour sa gloire, comme étant un membre

de son corps.

Les Juifs de Capharnaüm ne soupçonnaient pas la sublimité de ce mystère; ils l'envisageaient, non des yeux de la foi, mais des yeux du corps. Quand Jésus parle de leur donner sa chair à manger, ils n'y voient que la chair d'un homme, la chair du fils de Joseph, une chair morte, mise en lambeaux, et qui, dans ce sens, ne sert de rien; ils n'y voyaient pas l'Esprit, la divinité qui la vivifiait d'une vie divine et ineffable. Ils ne pensaient pas que celui qui nous donne à manger notre future chair et notre futur sang dans le pain et dans le vin, pouvait nous donner sa propre chair et son propre sang sous les formes accidentelles des mêmes aliments. Ses paroles sont esprit et vie, et eux n'y voyaient que matière grossière et que mort.

Elevons nos esprits et nos cœurs. Croyons, mais surtout aimons, et nous concevrons quelque chose à ce mystère. Celui qui aime passionnément, voudrait être toujours avec ce qu'il aime; et, s'il en aime deux, il voudrait être à la fois avec un et avec l'autre. Celui qui aime passionnément, voudrait se rendre semblable à ce qu'il aime et se le rendre semblable: son amour ne connaît point de distance, mais affectionne l'égalité. Celui qui aime passionnément, voudrait être dans ce qu'il aime, et que ce qu'il aime fût dans lui; il voudrait être ce qu'il aime, et que ce qu'il aime fût lui; il voudrait être deux, pour s'aimer l'un l'autre, et un, pour s'aimer plus intimement et n'avoir qu'une même puissance, qu'une même intelligence, qu'un même amour, qu'une même vie, qu'une même félicité. L'Eucharistie n'est que ce mystère d'amour. Seulement, celui qui aime est Dieu ; c'est-à-dire quelqu'un qui

aime avec une puissance, une intelligence, un amour infinis. Dèslors, tout se conçoit, tout se comprend, même ce qu'il y a d'inconcevable et d'incompréhensible; car on conçoit, on comprend que cela doit l'être, puisque c'est Dieu qui aime.

<< Après cela, dit l'évangéliste saint Jean, Jésus allait de côté et d'autre dans la Galilée; car il ne voulait pas aller de côté et d'autre dans la Judée, parce que les Juifs cherchaient à le faire mourir 1. »

Les évangélistes sont très-courts dans leurs récits. Il est probable, le temps de la Pâque étant proche, ainsi que nous l'avons vu, que Jésus alla à Jérusalem, où les Juifs, c'est-à-dire le grand conseil, lui dressa des embûches; ce qui l'empêcha de parcourir davantage la Judée, et le fit revenir en Galilée.

<< Alors des pharisiens et des scribes, qui étaient venus de Jérusalem, vinrent ensemble le trouver; et s'étant aperçus que quelques-uns de ses disciples prenaient leur repas avec des mains communes, c'est-à-dire non lavées, ils les en blâmèrent. Car les pharisiens et tous les Juifs ne mangent point qu'ils ne lavent souvent leurs mains, gardant en cela la tradition des anciens. Et lorsqu'ils reviennent de la place publique, ils ne mangent point sans s'être baptisés ou plongés dans l'eau. Et ils ont encore beaucoup d'autres coutumes qu'ils ont reçues et qu'ils observent, comme de baptiser les coupes, les pots, les vaisseaux d'airain et les lits. Les pharisiens donc et les scribes lui demandèrent : Pourquoi vos disciples transgressent-ils la tradition des anciens? car ils ne se lavent point les mains quand ils mangent, mais ils prennent leurs repas avec des mains communes. Il leur répondit : Pourquoi vous-mêmes transgressez-vous le commandement de Dieu, pour votre tradition? Car Dieu a dit : Honorez votre père et votre mère ; et : Que celui qui dira des paroles outrageuses à son père ou à sa mère, soit puni de mort. Et vous, au contraire, vous dites : Quiconque dira à son père ou sa mère, anathème soit à Dieu tout profit que vous tirerez de moi (formule d'interdiction qui se trouve mot à mot dans le Talmud) 2, celui-là né doit point honorer son père ou sa mère; vous ne lui permettez même plus de rien faire pour les assister. Et ainsi vous rendez vain le commandement de Dicu, la parole de Dieu, par votre tradition que vous-mêmes avez établie. Hypocrites! Isaïe a bien prophétisé de vous, en disant : Ce peuple m'honore des lèvres, mais leur cœur est bien éloigné de moi. Mais c'est en vain qu'ils m'honorent, lorsqu'ils enseignent des doctrines

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