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LE COMTE.

Je m'en fuis bien apperçu.

ROSINE, regardant le comte.

Le coup m'a porté au cœur.

BARTHOLO.

Un fiege, un fiege. Et pas un fauteuil ici?

Ah, Rofine!

(Il va le chercher.)

LE COMTE.

ROSIN E.

Quelle imprudence!

LE COMT E.

J'ai mille chofes effentielles à vous dire.
ROSINE.

Il ne nous quittera pas.

LE COM TE.

Figaro va venir nous aider.

BARTHOLO apporte un fauteuil. Tiens, mignonne, affieds-toi... Il n'y a pas d'apparence, bachelier, qu'elle prenne de leçon cé foir; ce fera pour un autre jour. Adieu.

ROSINE, au comte.

Non, attendez; ma douleur eft un peu appaifée. CA Bartholo.) Je fens que j'ai eu tort avec vous, monfieur: je veux vous imiter, en réparant fur-lechamp.....

BARTHOL O.

Oh, le bon petit naturel de femme! Mais après une pareille émotion, mon enfant, je ne fouffrirai pas que tu faffes le moindre effort. Adieu, adieu, bachelier.

ROSINE, au comte.

Un moment, de grace! (A Bartholo.) Je croirai, monfieur, que vous n'aimez pas à m'obliger, fi vous m'empêchez de vous prouver mes regrets, en prenant ma leçon.

LE COMTE, à part à Bartholo. Ne la contrarions pas, fi vous m'en croyez. BARTHOLO.

Voilà qui eft fini, mon amoureufe. Je fuis fi loin de chercher à te déplaire, que je veux refter là tout le tems que tu vas étudier.

ROSIN E.

Non, monfieur: je, fais que la mufique n'a nul attrait pour vous.

BARTHOLO.

Je t'affure que ce foir elle m'enchantera.
ROSINE, au comte, à part.

Je fuis au fupplice.

LE

COMTE prenant un papier de mufique
fur le pupitre.

Eft-ce là ce que vous voulez chanter, madame?

ROSINE.

Oui, c'est un morceau très-agréable de la Précaution inutile.

BARTHOL O.

Toujours la Précaution inutile?

LE COM TE.

C'est ce qu'il y a de plus nouveau aujourd'hui. C'est une image du printems d'un genre affez vif. Si madame veut l'effayer....

ROSINE, regardant le comte.

Avec grand plaifir un tableau du printems me ravit; c'eft la jeuneffe de la nature. Au fortir de l'hiver, il femble que le cœur acquiere un plus haut degré de fenfibilité comme un efclave enfermé depuis long-tems, goûte avec plus de plaifir le charme de la liberté qui vient de lui être offerte.

BARTHOLO, bas au comte. Toujours des idées romanefques en tète.

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LE COMTE, bas.

Et fentez-vous l'application?

BARTHOLO.

Parbleu! (Il va s'affeoir dans le fauteuil qu'a oc

cupé Rofine.)

ROSINE chante.

(*) Quand, dans la plaine,

L'amour ramene

Le printems

Si chéri des amans,

Tout reprend l'être,

Son feu pénetre

Dans les fleurs,

Et dans les jeunes cœurs.
On voit les troupeaux

Sortir des hameaux.

Dans tous les côteaux,

Les cris des agneaux

Retentiffent ;

Ils bondiffent.

Tout fermente',

Tout augmente,

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(*) Cette ariette dans le goût efpagnol, fut chantée le premier jour à Paris, malgré les huées, les rumeurs & le train ufités au parterre en ces jours de crife & de combat. La timidité de l'actrice l'a depuis empêchée d'ofer la redire, & les jeunes rigoriftes du théatre l'ont fort louée de cette réticence. Mais fi la dignité de la comédie françoise y a gagné quelque chofe, il faut convenir que le Barbier de Séville y a beaucoup perdu. C'eft pourquoi, fur les théatres où quelque peu de mufique ne tirera pas autant à conféquence, nous invitons tous directeurs à la reftituer, tous acteurs à la chanter, tous fpectateurs à l'écouter, & tous critiques à nous la pardonner, en faveur du genre de la piece, & du plaifir que leur fera le morceau.

Les

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Où fon amant l'attend.

Par cette rufe,

L'amour l'abuse;

Mais chanter,

Sauve-t-il du danger?
Les doux chalumeaux,
Les chants des oifeaux,
Ses charmes naiffans,
Ses quinze ou seize ans,
Tout l'excite.

Tout l'agite.

La pauvrette
S'inquiette.

De fa retraite,

Lindor la guete.

Elle s'avance,

Lindor s'élance;

E

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Les foins, les promeffes,

Les vives tendreffes,

Les plaisirs,

Le fin badinage,

Sont mis en ufage,

Et bientôt la bergere
Ne fent plus de colere.
Si quelque jaloux

Trouble un bien fi doux,

Nos amans d'accord,

Ont un foin extrême..

:... De voiler leur tranfport.

Mais quand on s'aime,

La gêne ajoute encor

Au plaifir même.

(En l'écoutant, Bartholo s'eft afsoupi. Le comte, pendant la petite reprife, fe hafarde à prendre une main qu'il couvre de baifers. L'émotion ralentit le chant de Rofine, l'affoiblit, & finit même par lui couper la voix au milieu de la cadence au mot extrême. L'orchestre fuit le mouvement de la chanteufe, affoiblit fon jeu, & fe tait avec elle. L'abfence du bruit qui avait endormi Bartholo, le réveille. Le comte fe releve, Rofine & l'orchestre

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