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Du docteur Bartholo : oui, madame.

ROSINE, avec émotion.

Ah, monfieur Figaro!... Je ne vous crois pas je vous affure.

FIGARO

Et c'est ce qu'il brûle de venir vous perfuader lui-même.

ROSINE.

Vous me faites trembler, monfieur Figaró.
FIGARO.

Fi donc, trembler! mauvais calcul, madame; quand on cede à la peur du mal, on reffent déjà le mal de la peur. D'ailleurs, je viens de vous débarraffer de tous vos furveillans jusqu'à demain. ROSIN E.

S'il m'aime, il doit me le prouver, en reftant abfolument tranquille.

FIGARO.

Eh, madame! amour & repos peuvent-ils habiter en même cœur ? La pauvre jeuneffe eft fi malheureuse aujourd'hui, qu'elle n'a que ce terrible choix: amour fans repos, ou repos fans amour.

ROSINE, baiffant les yeux.

Repos fans amour... paroît....

FIGARO.

Ah! bien languiffant. Il femble, en effet, qu'amour fans repos, fe préfente de meilleure grace: & pour moi, fi j'étois femme....

ROSINE, avec embarras.

Il eft certain qu'une jeune perfonne ne peut em pècher un honnête homme de l'estimer.

FIGAR 0.

Auffi mon parent vous eftime-t-il infiniment.

ROSINE.

Mais s'il alloit faire quelque imprudence, monfieur Figaro, il nous perdroit.

FIGARO, à part.

Il nous perdroit. (Haut.) Si vous lui défendiez expreffément par une petite lettre... Une lettre a bien du pouvoir.

ROSINE lui donne la lettre qu'elle vient d'écrire.

Je n'ai pas le tems de recommencer celle-ci ; mais en la lui donnant, dites-lui... dites-lui bien..... (Elle écoute.)

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Que d'eft par pure amitié tout ce que je fais. FIGAR o.

Cela parle de foi. Tudieu! l'amour a bien une autre allure!

ROSINE.

Que par une pure amitié, entendez-vous ? Je crains feulement que, rebuté par les difficultés.... FIGAR O.

: Oui, quelque feu follet. Souvenez-vous, madame, que le vent qui éteint une lumiere, allume un brafier, & que nous fommes ce brafier-là. D'en parler feulement, il exhale. un tel feu qu'il m'a prefque enfiévré (*) de sa paffion, moi qui n'y ai que voir.

ROSIN E..

Dieux! j'entends mon tuteur. S'il vous trouvoit ici.... Paffez par le cabinet du claveffin, & defcendez le plus doucement que vous pourrez.

(*) Le mot enfiévré, qui n'eft plus françois, a excité la plus vive indignation parmi les puritains littéraires; je ne confeille à aucun galant homme de s'en fervir mais M. Figaro!...

:

FIGAR o.

Soyez tranquille. (A part. ) Voici qui vaut mieux que mes obfervations. (Il entre dans le cabinet. )

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SCENE III

ROSINE, feule.

E meurs d'inquiétude jufqu'à ce qu'il foit de hors... Que je l'aime ce bon Figaro!c'eft un bien honnête homme, un bon parent! Ah, voilà mon tyran; reprenons mon ouvrage. (Elle fouffle la bougie, s'affied, & prend une broderie au tambour.)

SCENE IV.

BARTHOLO, ROSINE.

BARTHOL O, en colere.

Ан
H, malédiction ! l'enragé, le fcélérat corfaire de
Figaro! Là, peut-on fortir un moment de chez
foi, fans être fûr en rentrant....

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ROSINE.

Qui vous met donc fi fort en colere, monfieur ? BARTHOLO.

Ce damné barbier qui vient d'écloper toute ma maison en un tour de main; il donne un narco-` tique à l'Eveillé, un fternutatoire à la Jeuneffe; il· faigne au pied Marceline: il n'y a pas jufqu'à ma mule... Sur les yeux d'une pauvre bête aveugle un cataplafme! Parce qu'il me doit cent écus, il fe preffe de faire des mémoires. Ah, qu'il les apporte! Et perfonne à l'antichambre; on arrive à cet appartement comme à la place d'armes.

ROSINE.

Et qui peut y pénétrer que vous, monfieur?

BARTHOLO.

J'aime mieux craindre fans fujet, que de m'expofer fans précaution; tout eft plein de gens entreprenans, d'audacieux.... N'a-t-on pas ce matin encore ramaffé leftement votre chanfon pendant que j'allois la chercher? Oh! je...

ROSINE.

C'eft bien mettre à plaifir de l'importance à tout; le vent peut avoir éloigné ce papier; le premier yenu, que fais-je ?

BARTHOLO.

Le vent, le premier venu!... Il n'y a point de vent, madame, point de premier venu dans le monde; & c'eft toujours quelqu'un pofté là exprès, qui ramaffe les papiers qu'une femme a l'air de laiffer tomber par mégarde.

ROSINE.

A l'air, monfieur?

BARTHOLO.

Oui, madame, a l'air.

ROSINE, à part.

Oh, le méchant vieillard!

BARTHOL Q.

Mais tout cela n'arrivera plus; car je vais faire fceller cette grille.

ROSINE.

Faites mieux; murez les fenêtres tout d'un coup; d'une prifon à un cachot, la différence eft fi peu de chofe!

BARTHOL Q.

Pour celles qui donnent fur la rue? Ce ne fe. roit peut-être pas fi mal...... Ce barbier n'eft pas entré chez vous, au moins?

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ROSINE.

Vous donne-t-il auffi de l'inquiétude ?

BARTH Q. LO.

Tout comme un autre,

ROSINE.

Que vos repliques font honnêtes!

BARTHOLO.

Ah! fiez-vous à tout le monde, & vous aurez bientôt à la maifon une bonne femme pour vous tromper, de bons amis pour vous la fouffler, & de bons valets pour les y aider.

ROSIN E.

Quoi, vous n'accordez pas même qu'on ait des principes contre la féduction de monfieur Figaro? BARTHOLO.

Qui diable entend quelque chofe à la bizarrrie des femmes, & combien j'en ai vu de ces vertus à principes.....

ROSINE en colere.

Mais, monfieur, s'il fuffit d'ètre homme pour nous plaire, pourquoi donc me déplaifez-vous fi fort? BARTHOLO, Aupéfait.

Pourquoi?... Pourquoi?... Vous ne répondez pas à ma queftion fur ce barbier?

ROSINE, outrée.

Eh bien, oui, cet homme eft entré chez moi; je l'ai vu, je lui ai parlé. Je ne vous cache pas même que je l'ai trouvé fort aimable: & puiffiez-vous en mourir de dépit !

(Elle fort.)

SCENE V.

BARTHOLO feul.

OH, les juifs! les chiens de valets! La Jeunesse?

l'Eveillé ? l'Eveillé maudit!

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