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L'assemblée décide donc unanimement qu'il n'y a pas lieu à délibérer sur tous les amendemens.

La motion de M. de Larochefoucault est décrétée de la même manière.

La partie droite de l'assemblée se lève.

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M. le vicomte de Mirabeau, M. de Faucigny, M. d'Espremenil, et tous les autres membres placés dans cette partie de la salle, lèvent la main au ciel, et disent: Nous jurons, au nom de Dieu et de la religion, que nous professons........ Le reste n'est point entendu.

M. de la Fayette monte à la tribune aux applaudissemens d'une partie de l'assemblée.

M. le marquis de Foucault. Vous ne m'avez pas permis de finir mon opinion....

M. le président demande à lever la séance. La gauche de l'assemblée s'y oppose.

M. le marquis de Foucault. Avant d'entamer la discussion, je vous prierai de demander à M. le marquis de la Fayette, mon collègue, si c'est sur l'interpellation que j'ai eu l'honneur de lui faire qu'il veut parler.

M. de la Fayette. Oui.

M. de Foucault. Je m'adressais à M. le maire de Paris et à M. le commandant de la garde nationale; je disais à l'un: pourquoi ne dissipez-vous pas les citoyens attroupés? Je disais à l'autre, comme l'assemblée nationale au roi: faites retirer vos soldats. Si on me répond: mais c'est pour votre sûreté, je dirai: mais on aurait dù nous prévenir, afin de ne pas nous effrayer.............. L'improbation que je viens de recevoir me prouve que la frayeur ne prend pas sur l'esprit de cette assemblée.... Je suis forcé en même temps de dire que je partage cette sécurité : la crainte et la terreur n'ont jamais eu de prise sur moi et n'en auront jamais. On rit.

Mais il me semble cependant que ceux qui nous ont envoyés pour les représenter, ne nous ont pas envoyés pour faire des lois le sabre à la main.

On rit.

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Il me semble de plus qu'il n'est pas toujours donné à un légis lateur d'avoir le courage de ne pas s'effrayer. La preuve qu'il existait un danger, c'est que le commandant de la garde nationale a fait environner cette salle de soldats, Je fais donc la motion qu'à l'avenir l'assemblée nationale prenne pour exemple le parlement d'Angleterre, et que jamais les troupes ne puissent approcher Paris de plus de trois lieues.

On rit,

M. de la Fayette. Quelques personnes ont témoigné à M. le maire de Paris des inquiétudes sur la tranquillité de la capitale, inquiétude que ni lui ni moi n'avons cru fondée; cependant M. Bailly m'a donné des ordres; j'ai obéi et j'ai doublé la garde citoyenne dont l'assemblée a daigné s'environner. Je me trouve heureux de saisir encore aujourd'hui l'occasion de dire à l'assemblée qu'il n'est pas un garde national qui ne donnât jusqu'à la dernière goutte de son sang pour assurer l'exécution de vos décrets, la liberté de vos délibérations et l'inviolabilité personnelle de tous les membres de cette assemblée.

M. l'abbé Maury monte à la tribune.

M. le président, Le décret que vous venez de rendre porte qu'on reviendra à l'ordre du jour. Il faut ou décréter le contraire, ou reprendre l'ordre du jour, ou lever la séance,

L'assemblée est consultée, et la discussion concernant les biens ecclésiastiques est remise à demain.

Les membres de la partie droite se lèvent, s'agitent et sortent peu à peu. Il est quatre heures.].

11. A la sortie de l'assemblée, les membres du côté droit furent hués et sifflés; on leur adressa même quelques propos menaçans. L'abbé Maury montra des pistolets qu'il portait habituellement à la ceinture. Le vicomte de Mirabeau mit l'épée à la main. Cela irrita les groupes auxquels ces menaces s'adressaient; ils eussent donc peut-être été les objets de quelques violences, si la garde nationale n'avait protégé leur retraite. Pendant ce temps, un

autre partie de la foule applaudissait les membres du côté gauche; on suivait M, de la Fayette qui traversait les Tuileries, on s'amusait à crier vive notre général sous les fenêtres du château, afin de narguer la cour qui pouvait entendre ces applaudissemens.

Pour moi, dit Desmoulins, au moment où il passait sous les fenêtres du pouvoir exécutif et de la femme du roi, je criai si fort vive notre général, je l'applaudis avec tant de zèle, un peu aussi par malignité, qu'au moment où j'écris, j'en ai encore la gorge et les mains enflées.

› Pendant ce temps-là, je perdais le plaisir de siffler J.-F. Maury, car je soutiens en principe que l'inviolabilité des députés ne s'étend pas jusqu'aux sifflets. Le peuple, qui s'était déplacé ce jour-là, était bien aise de l'avertir qu'il ne l'obligeât pas ainsi, une autre fois, à quitter ses travaux et à perdre sa journée; il lui a donc serré les côtes de fort près et il criait à ses oreilles ; A la lanterne! Mirabeau cadet, Foucault, Cazalès, d'Espremenil, ont reçu le même accueil; mais on ne voulait que leur donner une leçon; on les a laissé envelopper et reconduire par la garde nationale, afin de leur faire confesser que cette garde, qu'ils venaient de calomnier, était bonne à quelque chose.

› J'ai remarqué ce jour-là que dans les différens groupes il était aussi fort question de Necker, du ministre adoré et de la lanterne, on était indigné de ses mensonges à l'auguste assemblée; on s'en prenait à lui de la rareté du numéraire; on se montrait des lettres de Londres portant qu'il y arrive continuellement et plus que jamais des espèces monnayées de France; on se rappelait les vingt-quatre charriots d'argent arrivés à Vienne le 12 mar's dernier, et les cinq mille doubles louis-d'or passant de Gênes à Milan; on se rappelait les sacs de farine tenus en rade sur les côtes de France, l'année dernière, tandis que les Parisiens étaient affamés. Ce qui faisait surtout grand bruit, c'étaient les dix-sept tonneaux d'or arrêtés la veille, comme ils sortaient du trésor royal pour aller hors de Paris (1). On assurait que depuis huit jours,

(1) Cette arrestation avail été faite par la garde nationale. Elle surveillait cette capture par des sentinelles; on la lui fit relâcher quelques jours

il en sortait antant tous les soirs, et cela, tandis que le Genevois venait crier tous les jours au comité de finances misère et déficit. On assure encore que le roi avait mal reçu l'ex-prince de Conti, comme déserteur d'une cause qu'il ne fallait abandonner qu'avec la vie'; 'que les chevaux de l'écurie étaient prêts; qu'on avait déjà vu des cocardes noires (1). Effectivement on a arrêté ces jours derniers plusieurs personnes qui s'étaient trop pressées de prendre cette cocarde anti-nationale. Le peuple est fort courroucé de tout cela. Il faut espérer que demain toute cette humeur tombera sur le clergé, et qu'un bon décret, portant que les prélats seront salariés à l'avenir, ramènera la paix et la concorde, suivis du calme et de la tranquillité. › (Révolutions de France et de Brabant.)

Voici ce qu'on lisait dans les Annales patriotiques le même jour:

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Paris, 13 avril.- Nouveau complot découvert. — Citoyens, ne voyez-vous pas l'air triomphant des aristocrates, et n'entendez-vous pas leurs propos insultans? N'êtes-vous pas témoins de leur insolente joie? en savez-vous la cause? C'est qu'ils pensent que la contre-révolution est mûre, et que c'est aujourd'hui qu'ils vont en recueillir les fruits.

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› Vous savez avec quelle profusion ils répandent les libelles contre la constitution qui vous rend libres et vous arrache à ces brigands de cour, à ces brigands de robe, à ces brigands d'église, qui s'abreuvaient de votre sang et de vos sueurs, et dévoraient

après, en annonçant que cet or était destiné au paiement des troupes des frontières.

(1) Nous avons négligé de parler du retour du prince de Conti. D'abord émigré, il était revenu, et il venait de préter le serment civique dans son district, celui des jacobins.

La famille d'Orléans avait cependant conservé la supériorité dans l'opinion publique; car quelque temps auparavant, lorsque le serment civique se répétait dans Paris, le président du district où était le Palais-Royal, avait apporté au duc de Chartres (aujourd'hui roi de France) le registre où s'écrivaient les sermens. Le jeune prince raya tous ses titres et dignités inscrits à l'avance en face de son nom; il mit à la place celui de citoyen de Paris, et signa. Le duc d'Orléans, son père, envoya son şerment d'Angleterre. Les journaux accueillirent ces démarches avec de vifs applaudis. semens et l'apprirent à toute la France.

votre subsistance; ils en infectent les provinces et les plus petits villages les voient arriver par sachées.

> Ils cherchent à faire regarder comme des chimères les complots qu'on vous dévoile, et, pendant ce temps, ils méditent des forfaits dignes de la Saint-Barthélemy; ils veulent vous faire entr'égorger, pour jouir paisiblement de vos dépouilles.

› L'évêque de Tréguier, celui de Blois, celui d'Ypres, et tant d'autres, font des mandemens incendiaires, et, ministres de paix, ils soufflent le feu de la révolte; et déjà ce dernier a séduit quelques citoyens.

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› En Alsace, ils tentent de soulever les protestans contre les catholiques, les juifs contre les chrétiens; des prélats, des abbés, des moines, cherchent à fomenter des troubles et à exciter une guerre de religion.

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> En Languedoc, mème tentative: à peine la nomination du vertueux Rabaud-Saint-Etienne, votre ami, votre frère, a-t-elle été connue, que dans les rues de Nîmes on lisait le placard suivant : L'infâme assemblée nationale vient de mettre le comble à ses forfaits; elle a nommé un protestant pour la présider. Et le lendemain, quatre protestans ont été assassinés. Qui peut méconnaître ici la fureur des prètres, la rage des aristocrates?

› Dans vos villes frontières, ils tentent de débaucher vos fidèles amis, ces braves soldats dont l'assemblée nationale vient d'améliorer le sort. A Metz, à Vitry-le-Français, à Saumur, etc., on les a excités à la révolte; dans d'autres villes, on veut les armer les uns contre les autres, et commencer une guerre générale par des querelles particulières.

› C'est ce que viennent de faire à Lille, Livarot et Noyelle, ces ennemis du peuple, ces ennemis du roi : quatre régimens en sont venus aux mains; quarante hommes sont restés sur la place. Livarot les avait infectés de ses principes aristocratiques; des cabarets leur étaient ouverts, où ils pouvaient boire sans payer; l'argent leur était prodigué; des billets ont été jétés dans les chambrées; n y lisait ces mots : Braves soldats, jusqu'à quand laisserez-vous votre roi prisonnier dans Paris? courez le délivrer.

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