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HISTOIRE

DU

DROIT DES GENS

ET DES

RELATIONS INTERNATIONALES

LA RÉFORME

PAR

F. LAURENT

PROFESSEUR A L'UNIVERSITÉ DE GAND

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INTRODUCTION.

LE MOYEN-AGE ET LA RÉFORME.

SI. Qu'est-ce que la Réforme?

No 1. Élément religieux.

.La réforme est une révolution religieuse tout ensemble et politique. Et qu'est-ce qu'une révolution? Au dix-neuvième siècle, il est facile de répondre à cette question. Nous avons vu une révolution, saluée dans le principe par tout ce que le monde civilisé possédait d'âmes généreuses, comme une rénovation de l'humanité, comme la réalisation dans l'ordre social des promesses que le christianisme avait faites dans l'ordre religieux. Depuis 1789, les révolutions se succèdent comme les orages pendant la saison des chaleurs. Ces mouvements n'ont pas été tous également heureux; le dernier, en menaçant les bases sur lesquelles la société repose, a jeté l'épouvante dans les esprits. De là une réaction aveugle comme la passion contre cette même révolution française que les plus modérés avaient glorifiée, et contre toute révolution. Mais les réactions ne peuvent changer les lois de l'humanité, et les révolutions sont une manifestation de ces lois.

Il y a une loi qui régit le genre humain, depuis que Dieu a placé l'homme sur cette terre; longtemps les peuples y ont obéi par instinct, aujourd'hui elle est entrée dans la conscience générale. Le christianisme, en remplaçant les religions anciennes, prononça le premier le mot de progrès; lorsque l'Eglise essaya d'immobiliser

la société au profit de sa domination, la philosophie s'empara de l'idée; les perfectionnements miraculeux qui s'accomplissent dans l'ordre matériel l'ont enracinée dans les esprits; l'on essayerait en vain de la détruire; ceux qui font cette folle tentative ne prouvent qu'une chose, c'est que le dogme au nom duquel ils parlent, est incompatible avec la civilisation moderne. Quand au seizième siècle l'Eglise voulut immobiliser la terre au milieu de l'espace, le grand homme qu'elle obligea de rétracter la vérité, s'écria : « Elle tourne cependant. » Au dix-neuvième siècle, l'humanité répond à l'Eglise : « Je marche et j'avance, en dépit de votre doctrine prétendûment immuable; en niant le progrès, vous abdiquez la direction des sociétés humaines. »

Il a fallu de longues luttes avec la nature avant que la science réalisât les admirables inventions qui changeront bientôt la face de la terre. Dans l'ordre moral, le progrès rencontre une résistance tout aussi tenace et bien plus difficile à vaincre; ce sont les intérêts et les passions des hommes. Tout état religieux et social qui a duré pendant des siècles, ne peut être changé que par une action séculaire. Si ceux qui dirigent les sociétés comprenaient la nécessité de l'inévitable révolution qui s'opère incessamment sous la main de Dieu, ils y prêteraient leur concours, et l'humanité avancerait vers le terme de sa destinée comme une compagnie de sages; mais l'énonciation seule de cette supposition montre qu'il faut abandonner aux utopistes l'espoir d'un progrès régulier et sans entraves. Nous avons été témoins de l'aveugle obstination que les classes privilégiées ont mise à repousser les innovations de la révolution française; cependant elles avaient été initiées aux idées nouvelles par la philosophie, qui avait grandi pour ainsi dire sous les auspices de la noblesse. Dans l'ordre religieux plus encore que dans l'ordre politique, les institutions existantes opposent au progrès une résistance qui ne cède à aucune persuasion, parce que ceux qui résistent croient soutenir la cause de Dieu. Toutes les religions se disent l'œuvre de la Divinité; or, comment admettre que les hommes puissent changer ce que Dieu a fait? Le christianisme trouva accès dans les esprits en opposant révélation à révélation; toutefois, malgré l'autorité du Fils de Dieu, il ne parvint à

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