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butes les sectes qui eonnaissent les livres sacrés comme autorité supreme, sont les precurseurs de la réforme ('). L'importance de ce praepe i prestantisme est immense : l'Évangile à la main, les protestants rejettent tout ce qui n'y est pas établi, comme une invention Jumaine. C'est rejeter l'Eglise, sa domination et ses dogmes. Lise ait le pressentiment du danger que l'Écriture recelait your son pouvoir. Des que les livres saints sont traduits dans une Cangue vaigaire, elle s'inquiète. Innocent III apprend que dans le focuse ie Metz in grand nombre de laïques, désireux d'entendre a parne iivne, avalent fait traduire en français les Évangiles, les epitres le saint Paul, le Psautier, les livres moraux de Job et queiques autres parties de l'Ancien Testament. Le pape n'ose pas prouver le zele des laiques; mais, tout en le louant, il y voit plus ze peri que de bien :« Les mystères de la religion, dit-il, ne doivent pas etre exposés aux yeux de tous, mais seulement de ceux qui peuvent les comprendre, sans que leur foi soit altérée. Aux simples il faut, comme aux enfants, le lait pour tout aliment; il faut réserver une nourriture plus solide à ceux qui sont en état d'en profiter » *. Lanocent III ne prit aucune décision, mais les dangers qui le preoccupaient poussèrent les conciles à formuler la prohibition qui se rouvait au fond de la pensée du grand pape : ils défendirent sux alques de posséder les livres saints (3). Ainsi la parole de Dieu etait un privilege auquel les clercs seuls pouvaient prétendre.

SITEgis avait reussi à interdire la lecture des livres saints aux aiques, toute reforme serait devenue impossible. Qui pouvait éclairer les chedens sur la religion du Christ et sur la religion de Rome? 1. Ecriture seule. A défaut de cette lumière, les ténèbres régnaient gour wayurs. L'Eglise reproduisait le régime des castes, dans ce zata de plus dégradant pour l'humanité : la science étant réserwee sux eius du Seigneur, la masse des laïques n'était plus qu'un roupeau conduit et dominé par le clergé. Mais il n'est donné à

Plesier, Juns les Goettingische Gelehrte Anzeigen, 1854, 1,

2 June 27, Epist. 11, 141, 142, 235.

p. 579.

3. Zucie de Palouse de 1228, e. 14 Mansi, T. XXIII, p. 497). Le concile ABAN 27, Mendi de traduire les livres saints en anglais (Mansi, TIVA 00.

aucune puissance d'enchaîner l'esprit humain; quoique l'autorité de l'Église au moyen-âge fût immense, d'obscurs sectaires la vainquirent. En vain l'Église voulait maintenir une séparation injurieuse entre clercs et laïques; les hérétiques du douzième siècle trouvèrent dans l'Écriture la prophétie qu'un jour tout homme serait prêtre, et ils eurent l'ambition de la réaliser. Les apòtres étaient des laïques, disaient les Vaudois; pourquoi tout bon laïque ne serait-il pas prêtre, comme les premiers disciples du Christ? Ils niaient que le sacrement de l'ordre donnât aucun pouvoir de consacrer ou de bénir, de lier ou de délier : les Vaudois étaient tous admis à prêcher, sans distinction de sexe, de condition ni d'àge ('). En rejetant la division des clercs et des laïques, les sectes revendiquaient par cela même les priviléges des clercs comme un droit commun; ces priviléges étaient en effet l'usurpation d'un droit que le Créateur a gravé dans le cœur de tout homme, le droit à la science et à la lumière le droit fut plus fort que la papauté.

C'est un spectacle sublime que celui des pauvres sectaires luttant contre la toute-puissance de l'Église et n'ayant rien pour eux qu'un livre. S'ils osèrent attaquer l'Église, c'est qu'ils étaient convaincus d'avoir pour appui une autorité plus haute que celle des papes, la parole de Dieu. Ne soyons donc pas étonnés du culte que les hérétiques professaient pour les livres saints; ils les lisaient avec tant d'assiduité, qu'ils les savaient par cœur (2). La science de l'Écriture, quelqu'imparfaite qu'elle fût au moyen-âge, rendait les sectaires invincibles dans leur lutte contre l'Eglise dominante. Forts de la parole divine, ils rejetaient comme fabuleuses toutes les institutions et toutes les pratiques qui n'étaient pas consacrées par l'autorité de Dieu (3); ils répudiaient hardiment la Tradition quand les

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(1) Rainerii Summa (Bibl. Maxima Patrum, T. XXV, p. 265). Alanus de Insulis, contra hæreticos, c. 8 (Gieseler, Kirchengeschichte, T. II, 2, § 86, note q). Bernardi abbatis, contra hæreticos (Gieseler, ib., note p).

(2) Rainerii Summa (Bibl. Max. Patrum, T. XXV, p. 273, 265).

(3) Rainerii Summa : « Valdenses, quidquid prædicatur, quod per textum Bibliæ non probatur, pro fabulis habent » (Gieseler, Kirchengeschichte, T. II, 2, § 88, note bb).

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toutes les sectes qui reconnaissent les livres sacrés comme autorité suprême, sont les précurseurs de la réforme ('). L'importance de ce principe du protestantisme est immense : l'Évangile à la main, les protestants rejettent tout ce qui n'y est pas établi, comme une invention humaine. C'est rejeter l'Église, sa domination et ses dogmes. L'Église avait le pressentiment du danger que l'Écriture recelait pour son pouvoir. Dès que les livres saints sont traduits dans une langue vulgaire, elle s'inquiète. Innocent III apprend que dans le diocèse de Metz un grand nombre de laïques, désireux d'entendre la parole divine, avaient fait traduire en français les Évangiles, les épîtres de saint Paul, le Psautier, les livres moraux de Job et quelques autres parties de l'Ancien Testament. Le pape n'ose pas réprouver le zèle des laïques; mais, tout en le louant, il y voit plus de péril que de bien : « Les mystères de la religion, dit-il, ne doivent pas être exposés aux yeux de tous, mais seulement de ceux qui peuvent les comprendre, sans que leur foi soit altérée. Aux simples il faut, comme aux enfants, le lait pour tout aliment; il faut réserver une nourriture plus solide à ceux qui sont en état d'en profiter » (2). Innocent III ne prit aucune décision, mais les dangers qui le préoccupaient poussèrent les conciles à formuler la prohibition qui se trouvait au fond de la pensée du grand pape : ils défendirent aux laïques de posséder les livres saints (3). Ainsi la parole de Dieu était un privilége auquel les clercs seuls pouvaient prétendre.

Si l'Église avait réussi à interdire la lecture des livres saints aux laïques, toute réforme serait devenue impossible. Qui pouvait éclairer les chétiens sur la religion du Christ et sur la religion de Rome? L'Écriture seule. A défaut de cette lumière, les ténèbres régnaient pour toujours. L'Église reproduisait le régime des castes, dans ce qu'il a de plus dégradant pour l'humanité : la science étant réservée aux élus du Seigneur, la masse des laïques n'était plus qu'un troupeau conduit et dominé par le clergé. Mais il n'est donné à

(1) Gieseler, dans les Goettingische Gelehrte Anzeigen, 1854, 1, (2) Innocent. III, Epist. II, 144, 142, 235.

p. 579.

(3) Concile de Toulouse de 1228, c. 14 (Mansi, T. XXIII, p. 197). Le concile d'Oxford de 1408, c. 7, défendit de traduire les livres saints en anglais (Mansi, T. XXVI, p. 4038).

certain que les superstitions du catholicisme furent répudiées par les hérétiques à l'époque même où elles étaient dans toute leur force. Le commerce des indulgences n'avait pas encore l'extension qu'il prit quelques siècles plus tard, mais déjà l'abus se montrait; les sectaires le combattirent dans son principe par leur doctrine sur la confession et la pénitence: « Ce n'est pas le prêtre, disaient-ils, qui remet les péchés, c'est Dieu. La contrition du cœur efface les fautes par la grâce divine; dès lors l'intervention du prêtre est inutile» (1). Rejetant la confession, à plus forte raison devaientils repousser l'indulgence; pour montrer ce qu'elle avait d'absurde, ils supposaient qu'un fidèle était condamné à une pénitence de trois ans : «< trois évêques, à l'occasion de la consécration d'une église, accordent chacun une indulgence d'un an; le pénitent gagne les trois indulgences; le voilà absous pour trois deniers » (2). Le clergé dominait les vivants par la crainte des peines qui les attendaient dans la vie future; il les dominait par les angoisses que leur inspirait la pensée que des personnes chères, un époux, un fils étaient soumis aux tourments de l'enfer. L'Église prétendait avoir les moyens de sauver les vivants et les morts. Bien des siècles avant la réforme, les hérétiques aperçurent le néant de cette usurpation: ils rejetèrent les prières, les messes et en général toutes les bonnes œuvres faites pour les défunts (3). Pierre de Bruis disait avec grande raison « Aux morts les offrandes ne peuvent pas profiter, mais elles profitent aux prêtres qui en font un instrument de puissance et une source de richesses » (*).

Ceux qui abandonnent la tradition catholique sont placés sur une pente fatale, où il est impossible de s'arrêter; dès que l'on fait un pas hors de l'Église, on est conduit par la force des choses à répudier successivement toutes les croyances chrétiennes. Les hérétiques firent au moyen-âge l'expérience, que les protestants renou

(1) Alanus, contra Waldenses et Albigenses, I, 50, 52; II, 10 (p. 244, 265). La Noble Leçon dit : « Seulement Dieu pardonne, vu qu'autre ne le peut faire. >> (2) Alanus, contra Waldenses et Albigenses, II, 11, p. 265.

(3) Bernardus, contra Waldenses, c. 9 (Bibl. Max. Patrum, T. XXIV).

(4) Petri Venerabilis Epistola adversus Petrobusianos hæreticos (Bibl. Max. Patrum, T. XXII, p. 4033).

écrits des Pères ou les décrétales des papes étaient en opposition avec le texte sacré (1). C'était attaquer tout le catholicisme.

:

II. Le culte.

la

Les Vaudois et les Cathares flétrirent comme des superstitions toutes les observances de l'Église que Jésus-Christ ou ses apôtres n'avaient pas pratiquées (2). Leur réprobation frappait non-seulement les œuvres tant recommandées par l'Église, les mortifications et les pèlerinages, mais la religion elle-même telle que masse des fidèles l'entendait. Dans la pratique, le culte des saints remplaçait celui de Dieu; les Vaudois et les Cathares le condamnèrent ils se moquaient des miracles et n'avaient que du mépris pour les reliques (5). Les hérétiques ruinèrent le culte des saints dans son fondement, en enseignant que leur intercession était inutile, chacun devant être jugé d'après ses actions, sans pouvoir profiter du mérite d'autrui (). Si les livres religieux des Vaudois remontaient au douzième siècle, comme ils le prétendent, il faudrait dire que dès le moyen-âge le sentiment chrétien et la raison se sont élevés à la hauteur de la philosophie moderne. L'historien des Vaudois nous apprend que leurs ancêtres repoussaient le culte des saints, parce qu'il fausse l'idée de Dieu, en représentant les créatures comme étant douées d'une plus grande charité que Celui qui est toute charité; ils ajoutaient que, s'il y avait des hommes distingués par la sainteté de leur vie, il fallait les honorer en les imitant, et non en leur offrant une adoration qui n'est due qu'au Créateur (5).

Quoi qu'il en soit de l'authenticité des traditions vaudoises, il est

(1) Rainerii Summa (Bibl. Max. Patrum, T. XXV, p. 265).

(2) Evervini Epist. ad S. Bernardum, § 5 (dans les OEuvres de saint Bernard, p. 1490). Rainerii Summa (Bibl. Max. Patrum, T. XXV, p. 265).

(3) Rainerius, ib. : « Canonisationes, translationes et vigilias sanctorum contemnunt. Item miracula sanctorum subsannant, item reliquias sanctorum contemnunt.>>

(4) Alanus, contra Waldenses et Albigenses, c. 72, p. 254.

(5) Perrin, Histoire des chrétiens Albigeois, p. 312, ss.

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