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DE

L'ÉCOLE DES CHARTES.

NOTICE HISTORIQUE SUR L'ÉCOLE DES CHARTES.

L'École des chartes est aux sciences historiques ce que peuvent être à la fois, aux sciences mathématiques, l'École polytechnique et l'une des écoles spéciales ou d'application. L'enseignement de cette École, qui réunit la pratique à la théorie, a pour objet l'étude approfondie des sources de notre histoire, et la mise en œuvre des matériaux de tout genre que nous ont laissés les siècles antérieurs. Le but de l'institution est de former des érudits, et plus spécialement des archivistes, des bibliothécaires, des auxiliaires de l'Académie des inscriptions, etc.

Dès les premières années de ce siècle, on comprit combien la suppression des ordres religieux, et en particulier de la congrégation de Saint-Maur, était préjudiciable au progrès des sciences historiques. En 1807, le ministre de l'intérieur, M. de Champagny, duc de Cadore, proposa à l'Empereur, dans un Rapport sur les moyens d'encourager la culture des lettres, de créer une espèce de nouveau Port-Royal, où des savants âgés formeraient aux travaux de l'érudition des jeunes gens distingués par leurs études et portés par un goût spécial vers les sciences historiques (1).

(1) Voy. Bibl. de l'École des chartes, 2o série, t. IV, p. 155 et s. — Voy. aussi le discours de M. Letronne, directeur de l'École des chartes, à la séance solennelle d'inauguration du 5 mai 1847; ibid., t. 111, p. 450 et suiv.

Napoléon approuva l'idée, mais demanda de plus grands développements (1). Peu de temps après, le ministre lui soumit un plan plus détaillé (2). L'auteur de ce projet était M. le baron de Gérando, secrétaire général du ministère de l'intérieur, qui dès cette époque avait conçu l'idée de la création d'une École des chartes (3). Dans un rapport du 18 mars 1807 (4), le ministre proposait en outre à l'Empereur la création d'une école spéciale d'histoire de France : « Le goût de l'érudition s'est affaibli parmi nous, disait le ministre, à mesure que celui des productions frivoles s'est développé. Les grandes recherches ne sont plus entreprises. « Cet enseignement pourrait embrasser quelques parties de « la biographie, de l'archéologie. Il ferait mieux observer les « révolutions de la langue. Il protégerait le maintien des << traditions. Il rendrait à l'étude quelques débris précieux de « notre ancienne littérature. »

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L'Empereur fit quelques modifications à ce nouveau projet du ministre. Dans des observations dictées au château de Finckenstein, le 19 avril 1807, il reconnaît la possibilité et l'utilité d'une école spéciale d'histoire et de géographie « La manière de lire l'histoire est, à elle seule, une << véritable science... La connaissance et le choix des bons << historiens, des bons mémoires du temps, est une con<< naissance utile et réelle. Si dans une grande capitale <«< comme Paris il y avait une école spéciale d'histoire et << que l'on y fit d'abord un cours de bibliographie, un jeune homme, au lieu d'employer des mois à s'égarer « dans des lectures insuffisantes ou dignes de peu de con«fiance, serait dirigé vers les meilleurs ouvrages; il arrive

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(1) Voy. la note en date du 7 mars 1807, au camp impérial d'Osterode; Bibl. de l'École des chartes, 2o série, t. IV, p. 156.

(2) Ibid., p. 159, 160 et 161.

(3) Voy. une lettre du 6 avril 1839, ibid., 1re série, t. 1, p. 23, dont nous donnons des extraits plus loin, p. 32.

(4) Bibl. de l'École des chartes, 2o série, t. IV, p. 157 et 158.

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<< rait plus facilement et plus promptement à une meilleure « instruction... On placerait au premier rang l'histoire de « la législation : le professeur aurait à remonter jusqu'aux Romains, et à descendre de là, en parcourant les diffé<< rents âges des rois de France, jusqu'au Code Napoléon. << Le second serait occupé par l'histoire de l'art militaire : « de quel intérêt ne serait-il pas, par exemple, de connaître «<les moyens employés à diverses époques pour l'attaque et « la défense des places de notre territoire! » A côté des chaires d'histoire proprement dite, l'Empereur voulait encore qu'on établît une chaire d'histoire littéraire et critique (1). — Cette école aurait été établie au Collége de France. Un projet de décret, du 2 avril 1807, annonçait un règlement déterminant « les époques et la forme des exercices publics qui se<< ront donnés par les professeurs, et les conditions auxquelles « sera soumise l'admission des élèves (2). » Les événements empêchèrent la réalisation de ces projets.

Ce ne fut que douze années plus tard, vers la fin de 1820, que M. de Gérando put proposer de nouveau à M. le comte Siméon, alors ministre de l'intérieur, la création d'une École des chartes (3). Le ministre accueillit cette idée avec empressement, et chargea M. de Gérando de la développer par écrit. Le travail du savant publiciste établissait un institut qui, sur des bases moins larges que celui de 1807, était cependant encore digne de la France et des études qu'il était appelé à fonder (4). Cette fois encore, le projet de M. de Gérando ne put être mis à exécution.

M. le comte Siméon n'en persista pas moins dans l'idée de doter le pays d'une création utile, qui sera certainement l'un des actes les plus honorables de son administration. Au

(1) Bibl. de l'École des chartes, 2o série, t. IV, p. 157 et 165. (2) Ibid., p. 158.

(3) Voy. plus loin, p. 33.

(4) Nous donnons le texte de ce projet plus loin, p. 33 et s.

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