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chaque ordre en ait moitié. Cette transaction ne convient pas du tout à renard; il se hâte donc de proposer un sous-amendement : « A cette fin, ditil, que les deux parties soient contentes, je se» rai vêtu d'une robe mi-partie qui, d'un côté, » sera de l'Hospitalier, et de l'autre côté du Templier; avec ce, j'aurai la barbe rasée du côté de l'Hospitalier, et de l'autre côté la laisserai ve› nir, et ainsi je tiendrai des deux parties et je les gouvernerai bien tous deux. Les assistans con» sentirent à ce qu'il fût fait ainsi qu'il avait dit, , et, par ce moyen, fut maître renard Hospitalier et Templier, et depuis les a très-bien gouvernés, tant qu'ils ont de bonnes rentes. » Avoir de bonnes rentes, voilà ce que c'est que d'avoir renard avec soi, c'est-à-dire d'être habile

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et prudent.

Il est curieux de savoir si cette dernière partie, dont l'allégorie est si bizarrement satirique, a, comme le reste du roman, un fondement historique. Que veulent dire ces vocations ecclésiastiques de renard et de toute sa famille? A quelle circonstance historique se rapportent-elles? Le voici.

Le duc Regnier avait usurpé des biens de l'Église en Lorraine. C'était l'usage parmi les seigneurs féodaux; ils dépouillaient l'Eglise pendant leur vie, quitte, au lit de mort, à lui rendre le double ou le triple. Regnier s'était donc emparé des abbayes de Saint-Servat et d'Epternach, et il

s'en était fait nommer abbé, chose assez commune dans ces temps de désordre; il les transmit même à son fils avec son titre d'abbé. Les conteurs ont travesti cette usurpation des biens ecclésiastiques, comme tout le reste de l'histoire de Regnier, et ils ont fait de renard d'abord un aspirant ermite, puis un grand-maître des Templiers et des Hospitaliers, et de ses deux fils des généraux d'ordres monastiques.

Tel est le roman du renard, moitié historique et moitié allégorique, mais dont le sens historique était presque perdu ; car le savant éditeur du Renard, M. Méon, n'en dit rien dans sa préface. C'est dans Eckart, c'est dans Commentarii de rebus Franciæ orientalis que j'ai trouvé la première indication du sens historique de notre vieux roman. Il m'a paru curieux d'en faire une étude attentive, afin de découvrir l'histoire cachée sous la fiction. C'est une preuve en même temps de la variété et de la hardiesse de la littérature du moyen-âge. Il est curieux de voir comment, dans ces temps reculés, l'imagination populaire prenait quelque héros de l'époque et travestissait les événemens de sa vie, à l'aide d'allégories piquantes.

Les recherches littéraires sont curieuses quand elles surprennent le secret du travail des auteurs; mais quand elles cherchent à pénétrer le travail de l'imagination, non d'un écrivain, mais d'un peuple, à voir comment les traditions populaires

se groupent et s'enchaînent autour d'un nom, comment elles font un héros de fable avec un chevalier dont l'histoire a tout au plus conservė le nom, ces recherches, alors, deviennent plus curieuses puisqu'elles peuvent jeter quelque jour sur les progrès de l'esprit humain et sur la marche de l'imagination populaire. Tel est l'intérêt philosophique qu'il faut chercher dans les études du genre de celles que nous avons essayé de faire sur le roman du Renard.

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CONTES DE MASENIUS,

JÉSUITE ALLEMAND.

Les deux contes qui suivent cette note sont tirés de l'ouvrage de Masenius, intitulé Palæstra dramatica, qui parut à Cologne en 1657.

Jacques Masenius est peu connu aujourd'hui ; c'était une des célébrités de Cologne dans le dixseptième siècle. Professeur de rhétorique et de poésie au collège des Jésuites de cette ville, il publia un ouvrage intitulé Palæstra eloquentiæ ligatæ. C'est un cours complet d'éloquence. Le premier volume contient une rhétorique et une poétique; le second, des poèmes élégiaques et héroïques destinés à servir d'exemples aux règles tracées dans le premier volume; le troisième, un traité de l'art dramatique, et un recueil de sujets propres au drame; ces sujets sont racontés sous une forme dramatique, et c'est de là qu'est tiré le conte de la Reine Sémiramis; enfin des pièces de théâtre de diverses sortes.

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