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LIFE AND WRITINGS OF DAVID HUME, &C. 441 ·

AVERTISSEMENT

DES

ÉDITEURS.

LE nom & les Ouvrages de M. Hume font connus depuis longtemps de toute l'Europe: ceux qui connoiffent fa perfonne, ont vu en lui des mœurs douces & fimples, beaucoup de droiture, de candeur & de bonté ; & la modération de fon caractere se peint dans fes ecrits.

Il a employé les grands talens qu'il a reçus de la nature & les lumieres qu'il a acquifes par l'étude, à chercher la vérité & à infpirer l'amour des hommes; jamais il n'a prodigué fon temps & compromis fon repos dans aucune querelle, ni littéraire ni perfonnelle. Il a vu cent fois fes ecrits cenfurés avec amertume par la fanatifme, l'ignorance & l'esprit de parti, fans avoir jamais répondu à un feul de fes adverfaires.

Ceux même qui ont attaqué fes Ouvrages avec le plus de violence ont toujours refpecté fon caracSon amour pour la paix eft fi connu, qu'on lui a plus d'une fois apporté des critiques faites

tere.

contre

contre lui-même, pour le prier de les revoir & de les corriger. On lui remit un jour une critique de ce genre, où il étoit traité d'une maniere fort dure, & même injurieufe: il le fit remarquer à l'Auteur, qui effaça les injures en rougiffant & en admirant la force de l'efprit polémique qui l'avoit ainsi emporté, fans qu'il s'en apperçut, au-delà des bornes de l'honnêteté.

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Avec des difpofitions fi pacifiques, ce n'est qu'avec une extrême répugnance que M. Hume a pu confentir à laiffer paroître l'ecrit qu'on va lire. fait que les querelles des gens de lettres font le fcandale de la philofophic, & perfonne n'étoit moins fait que lui pour donner un pareil fcandale, fi confolant pour les fots; mais les circonftances l'ont entrainé malgré lui à cet éclat fâcheux.

Tout le monde fait que M. Rouffeau, profcrit de tous les lieux qu'il avoit habités, s'étoit enfin déterminé à fe réfugier en Angleterre, & que M. Hume, touché de fa fituation & de fes malheurs, s'étoit chargé de l'y conduire, & étoit parvenu à lui procurer un afyle fûr, commode & tranquille. Mais pcu de gens favent combien de chaleur, d'activité, de délicateffe même M. Hume a mis dans cet acte de bienfaifance; quel tendre attachement il avoit pris pour ce nouvel Ami, que l'humanité lui avoit donné; avec quelle adreffe il cherchoit à prévenir fes befoins, fans bleffer fon amour-propre; avec quel zele enfin il s'occupoit à juftifier aux yeux des autres les fingularités de M. Rouffeau, & à défen

dre

dre fon caractere contre ceux qui n'en jugeoient pas auffi favorablement que lui.

Dans le tems même que M. Hume travailloit à rendre à M. Rouffeau le fervice le plus effentiel, il reçut de lui la lettre la plus outrageante. Plus le coup étoit inattendu, plus il devoit étre fenfible. M. Hume écrivit cette aventure à quelques-uns de fes amis à Paris; & il s'exprima dans fes lettres avec toute l'indignation que lui infpiroit un fi étrange procédé. Il fe crut difpenfé d'avoir aucun ménagement pour un homme, qui aprés avoir reçu de lui les marques d'amitié les plus conftantes & les moins équivoques, l'appelloit, motifs, faux, traître, & le plus méchant des hommes.

Cependant le démêlé de ces deux hommes célébres ne tarda pas à éclater. Les plaintes de M. Hume parvinrent bientôt à la connoiffance du public, qui eut d'abord de la peine à croire que M. Rouffeau fût coupable de l'excès d'ingratitude dont on l'accufoit. Les amis même de M. Hume craignirent que dans un premier moment de fenfibilité, il ne se fût laissé emporter trop loin, & qu'il n'eût pris pour les défauts du cœur les délires de l'imagination, ou les travers de l'efprit. Il crut devoir éclaircir cette affaire, en écrivant un précis de tout ce qui s'étoit paffé entre lui & M. Rouffeau, depuis leur liaison jufqu'à leur rupture. Il envoya cet ecrit à fes amis; quelques uns lui confeillerent de le faire imprimer, en lui difant que fes accufations contre M. Rouffeau étant devenues publiques, les

preuves

preuves devoient l'être auffi. M. Hume ne fe rendit pas à ces raifons, & aima mieux courir le rifque d'un jugement injuite, que de fe réfoudre à un éclat fi contraire à fon caractere; mais un nouvel incident a vaincu fa résistance.

M. Rouffeau a adreffé à un libraire de Paris une lettre, où il accufe fans détour M. Hume de s'être ligué avec fes ennemis pour le trahir & le diffamer, & où il le défie hautement de fair imprimer les pieces qu'il a entre les mains. Cette lettre a été communiquée, à Paris, à un très-grand nombre de perfonnes; elle a été traduite en Anglois, & la traduction eft imprimée dans les papiers de Londres. Une accufation & un défi fi publics ne pouvoient refter fans réponse; & un plus long filence de la part de M. Hume auroit été interprété d'une maniere peu favorable pour lui.

D'ailleurs, la nouvelle de ce démêlé s'eft répandue dans toute l'Europe, & l'on en a porté des jugemens fort divers. Il feroit plus heureux fans doute que toute cette affaire eût été enfevelie dans un profond fecret; mais puifqu'on n'a pu empêcher le public de s'en occuper, il faut du moins qu'il fache à quoi s'en tenir. Les amis de M. Hume fe font reunis pour lui repréfenter toutes ces raifons. Il a fenti la néceffité d'en venir enfin à une extrémité qu'il redoutoit fi fort, & a confenti à laiffer imprimer fon mé oire. C'est l'ouvrage que nous donnons ici. Le récit & les notes font traduits de l'Anglois. Les lettres de M. Rouffeau,

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