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SUR

LES ÉPITRES ET LES ÉVANGILES

DES DIMANCHES ET FÊTES.

PREMIÈRE PARTIE.

POUR LE Ier DIMANCHE DE L'AVENT.

ÉPITRE.

Saint Paul aux Romains, ch, XIII, v. 11.

.00

MEs frères, l'heure est venue de nous réveiller de notre assoupissement, puisque nous sommes plus proches de notre salut que lorsque nous avons commencé à croire. La nuit est fort avancée, et le jour s'approche. Quittons donc les œuvres de ténèbres, et revêtons-nous des armes de lumière; marchons avec bienséance et avec honnêteté, comme on marche durant le jour. Ne vous laissez point aller aux débauches, ni aux ivrogneries, aux impudicités, ni aux dissolutions, aux querelles, ni aux envies; mais revêtez-vous de notre Seigneur JésusChrist, et ne cherchez pas à contenter votre sensualité en satisfaisant à ses désirs.

Si dans les premiers temps du christianisme, quand les fidèles étaient dans leur première ferveur, quand la foi était si vive et la charité si ardente, l'Apôtre néanmoins les exhortait à sortir de

leur assoupissement, qu'aurait-il à dire aujourd'hui à la plupart des chrétiens? C'est bien dans le temps où nous vivons, c'est bien aujourd'hui que la foi est affaiblie, que la charité languit, que les bonnes œuvres sont rares, que les pratiques de la religion sont généralement négligées, et qu'il faut se réveiller de son assoupissement. C'est bien aujourd'hui qu'il faut dire aux chrétiens de quitter les œuvres de ténèbres, et de se revêtir des armes de lumière pour marcher avec courage et constance dans le chemin du salut.

La nuit, dit l'Apôtre, est fort avancée. Et qu'entend-il par la nuit ? la vie présente sans doute, qu'il regarde avec raison comme un temps d'obscurité, soit à cause de la faiblesse de notre entendement, incapable de lui seul d'entendre les choses de Dieu; soit parce que, continuellement égarés par nos sens, nous n'y démêlons qu'avec peine le bien d'avec le mal, à moins que nous ne soyons éclairés par une lumière surnaturelle et aidés du secours de la grâce; soit enfin parce que dans ce monde, pour me servir des expressions de l'Apôtre (1), << nous ne voyons les choses du ciel que comme dans

un miroir et dans des énigmes. » Cette vie est donc une véritable nuit, comparée surtout au jour qui nous luira dans la vie à venir, si nous y sommes appelés à contempler face à face Dieu, qui est la lumière éternelle.

Mais le jour approche, dit le même apôtre; et quel jour, hélas ! celui qui doit terminer notre

(1) I. Corinth., XIII, 12,

courte existence, et rendre à la terre d'où nous sommes sortis ce que nous en avons emprunté. Ce jour approche sans doute; il approche pour tous, et il n'y a personne pour qui il ne soit trèsproche. Supposons la plus longue vie; ne faut-il pas qu'elle finisse? et quand les jours qui en composent le cours seront passés, que sera ce temps cru si long? qu'un point à peine perceptible dans la durée des siècles. Et qui nous assure que nous jouirons de cette longue vie réservée à quelques êtres épars, qui paient bien ce prétendu avantage? Est-ce donc sur un aussi frêle espoir que nous appuierons la funeste insouciance de notre salut ?

Telles sont les tristes réflexions que l'Église met sous les yeux des fidèles pour les préparer à l'avénement du Sauveur. Qu'ils se réveillent donc à la voix de cette bonne mère; qu'ils secouent le sommeil de mort qui tient leur raison dans l'engourdissement; qu'ils travaillent sérieusement à renaître à la grâce.

A mesure que le temps passe, l'éternité s'avance; chaque pas que nous faisons nous porte vers elle. Arrivons-y du moins bien préparés. Peut-être n'avons-nous point de vices grossiers à nous reprocher; mais ne croyons pas pour cela que nous soyons tels que Dieu nous veut. Il rejette les âmes tièdes presqu'à l'égal des âmes coupables. Il veut qu'on l'aime, et qu'on l'aime tellement, qu'il n'y ait rien qu'on préfère à lui. Et n'a-t-il pas droit de l'exiger? Croyons donc n'avoir rien fait pour notre salut jusqu'à ce que nous sentions dans notre âme cet

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