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Boson, l'aïeul maternel, sinon le père de Boson, roi de Provence (1). Le comte Boson, qui avait possédé de vastes domaines dans la contrée, était le fondateur du monastère de Charlieu, où l'on voyait son tombeau (2). Il fallait bien que la position comme la naissance d'Artaud fût princière, pour qu'un évêque se déplaçât et entreprit le voyage de Mâcon à Roanne, dans le but d'assister à ses derniers moments la veuve de ce seigneur, comme nous le verrons bientôt (3).

La consécration de l'église abbatiale de Saint-Rigaud eut lieu, selon Severt, le 18 décembre 1067. Cette solennité fit éclater à la fois les sentiments de religion et la générosité des seigneurs voisins, surtout de la famille d'Artaud. Heureux de voir prospérer son œuvre, Artaud abandonne, en ce jour, au monastère de Saint-Rigaud de nouveaux droits, quelques terres et églises, sur les confins du diocèse d'Autun, à Crozan, Gibles, Matour, Melay, St.Jean et St.-Sernin. Au bas des diverses chartes données en cette occasion, nous trouvons les signatures d'Aganon, évêque d'Autun; des moines Eustorge et Hugues, de Hugues Leblanc, frère d'Artaud; de Letbald de Vernet, Durand de Montmelard et Foulques son frère, de Théotard de Vichy, de Girard des Perrières, etc., etc. Au même temps, Hugues Leblanc donnait à Saint-Rigaud SaintJulien-de-Barez, au diocèse d'Auvergne. Ces dispositions terrestres servent à nous faire admirer le zèle et la piété d'Artaud, le vrai fondateur pour le temporel de l'établissement de Saint-Rigaud, où il mérita d'avoir son tombeau près de l'autel principal et du côté de l'Evangile, avec cette simple inscription: Artaud de Néronde, fondateur de ce lieu. Nous les avons groupées ici, pour n'y point revenir. Artaud, à une époque que nous ignorons, mais qui était proche de sa fin, appropinquante sibi morte, avait (1) Dunod, Hist. du Comté de Bourgogne, t. II, p. 83. - Papon, Hist. gén. de Provence, t. II, p. 127; (2) Severtii, Episc. Matisc., édit. 2.a, p. 46, et saint Julien de Balleure.

(3) Ci-après, page 17.

LA NOTE.

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encore donné au Seigneur et à Saint-Rigaud toute la terre qu'il possédait le long de la rivière de Bourbe, et une autre qui en dépendait. Signé Etienne, évêque d'Auvergne, et douze autres témoins, parmi lesquels Vicart de Bourbon.

Etiennette, qui avait applaudi à tout le bien que faisait son époux, et qui avait promis d'y ajouter elle-même, convola à de nouvelles noces, après la mort d'Artaud, et ne songeait plus à sa promesse. Une maladie grave la lui rappela. Elle fit venir à Roanne le prieur Eustorge et le moine Hugues, les conjurant de lui procurer la visite de Drogon, évêque de Mâcon. Ce prélat vient à Roanne, entend Etiennette, lui adresse des paroles sévères, lui enjoint une pénitence et veut que, selon sa promesse, elle ordonne que, après sa mort, on l'enterre à Saint-Rigaud, auprès de son premier époux (1).

Etiennette fait en effet son testament, confirme les donations d'Artaud, y ajoute la terre de Fressy, sur le territoire d'Oyé, et l'église qu'elle possède au-delà de la rivière, à Ligny, avec toutes ses dépendances. Cette charte porte les signatures du prêtre Benoît, de Bernard de Centarbens, de Girin de Bonnefont et de Hugues son frère. Drogon donne à son tour une charte confirmative de celle d'Etiennette, et menace des peines canoniques ceux qui oseraient y porter atteinte. Plus tard, l'évêque Landry confirma toutes ces donations faites au monastère de Saint-Rigaud, situé dans son diocèse de Mâcon. Il les a renouvelées, pour qu'elles subsistent et aient leur effet à jamais.

IV.

EUSTORGE MET LA COMMUNAUTÉ NAISSANTE SOUS LA PROTECTION DU SAINT-SIÉGE. BULLE D'ALEXANDRE II.

Cependant, il fallait mettre un sceau encore plus sacré au nouvel ordre de choses, et en assurer la perpétuelle durée. La piété éclairée d'Eustorge ne pouvait hésiter à

(1) De la charte n.o 1, aux pièces justificatives.

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s'adresser directement à la plus haute autorité qui fût au monde. Enfant adoptif du Brionnais, il n'ignorait pas la glorieuse réaction commencée par saint Hugues de Semur, abbé de Cluny, contre les abus sacriléges dont les princes du monde se rendaient alors coupables, en usurpant les droits les plus imprescriptibles et les prérogatives les plus sacrées de la sainte Eglise. Nous avons exposé ailleurs (Cluny au XIe siècle, 3.e partie) la part principale que saint Hugues et, sous lui, la Congrégation de Cluny ont prise dans la lutte séculaire, dont le résultat fut la restitution par l'Empire des droits du sacerdoce.

Eustorge, dans sa sphère modeste, voulut aussi donner au Saint-Siége la preuve de son dévouement, et c'est pour cela qu'il porta aux pieds d'Alexandre II la soumission parfaite de sa communauté. Il priait le Pontife de vouloir bien l'adopter et la prendre sous la garde de l'Eglise romaine. Sa demande était appuyée par l'évêque d'Autun, qui semble s'être associé définitivement à toutes les joies et à toutes les espérances d'Eustorge et des siens.

Alexandre accueillit avec consolation ce témoignage de piété filiale, et y répondit en accordant à la congrégation de Saint-Rigaud toute la tendresse, tous les sentiments d'intérêt et d'affection du meilleur des pères. Nous traduisons littéralement (1) :

<< Alexandre, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, >> à la congrégation établie au monastère de Saint-Rigaud » d'Avaise, à perpétuité. Nous devons accueillir et favo>> riser les religieux désirs avec une tendresse et une » bienveillance telles, que ceux qui se sont proposé la » ferveur de la dévotion aient à se féliciter du fruit de >> leur avancement, et puissent jouir des faveurs méritées >> qui les aideront à marcher dans le chemin de la per>> fection.

» C'est pourquoi notre vénérable Frère Eustorge, reli>> gieux du monastère de Saint-Austremoine d'Auvergne,

(1) Voir aux pièces justificatives, n. 3.

>> devenu ermite dans la forêt d'Avaise au diocèse de » Mâcon (lieu où il n'y avait pas eu encore de monastère, » et où, grâce à la divine miséricorde et au pieux concours » des âmes fidèles, il a cultivé les germes d'une toute >> petite congrégation), s'étant adressé directement à notre » autorité apostolique, et appuyé par les prières de notre » frère Aganon, évêque d'Autun, nous ayant supplié >> instamment de recevoir le susdit monastère sous la » juridiction apostolique, de lui accorder le privilége de » la garde particulière du Saint-Siége, afin que ce lieu, >> entouré de respect, muni et fort de la protection spé»ciale et de la garde de l'Eglise, mère de toutes les >> autres, pùt croître plus heureusement dans le bien, et » se maintenir toujours dans sa ferveur, au milieu des » épreuves humaines ; nous ne pouvions nous refuser » à sa prière, sans nous rendre coupables de mépris pour

» la piété et la justice.

>> Que tous les fidèles sachent donc à jamais que nous >> avons accordé le privilége de la protection apostolique » à notre Frère et très-cher fils Eustorge, à ses frères et à >> tous leurs successeurs ; voulant et ordonnant expressé>>ment que le monastère de Saint-Rigaud d'Avaise et tout >> ce qu'il possède de droit, comme tout ce que la piété >> divine lui accordera dans la suite, soit tellement sous » la juridiction et dépendance de la Majesté apostolique » que nul, soit empereur ou roi, duc ou marquis, évêque » ou comte, abbé ou tel personnage que ce soit, ecclé>> siastique ou laïc, grand ou petit, n'ose l'envahir, le » molester ou l'inquiéter en quelque chose, ou troubler >> son repos, sous quelque prétexte et par quelle exigence » que ce soit.

>> Nous voulons, en outre, que nul ne puisse être >> institué abbé de ce monastère autrement que par >> l'élection, conformément à la règle de Saint-Benoit, et » que l'évêque de Mâcon, sur le diocèse duquel il est » situé, pourvu qu'il veuille le faire gratuitement et sans >> salaire, donne la consécration abbatiale à l'élu des >> Frères, et mette la communauté sous son gouvernement;

» que s'il exigeait un salaire pour cette consécration, ou >> faisait quelques tentatives pour empêcher l'élection >> canonique des Frères, ceux-ci viendraient demander >> au siége apostolique l'installation et la consécration de » leur abbé.

>> Si quelqu'un ose porter une criminelle atteinte à ce » décret d'institution et de confirmation et ne s'amende » pas, qu'il craigne de se voir excommunier et retrancher » de la société des fidèles, par l'autorité des bienheureux >> apôtres Pierre et Paul et par la nôtre.

>> Que celui, au contraire, qui s'y montrera religieu»sement fidèle, reçoive la grâce et la consolation de la >> bénédiction apostolique, et arrive un jour, par la misé>> ricorde de Dieu, à la récompense éternelle.

» Donné à Latran, le seize des calendes d'avril (16 » mars), par le ministère de Pierre, cardinal de la » sainte Église romaine, l'an dix du pontificat du pape » Alexandre II, de l'Incarnation du Seigneur 1071, >> indiction IX. >>

Ce cardinal Pierre est l'illustre saint Pierre Damien, arraché à la vie érémitique qu'il avait embrassée, pour le service de l'Eglise et par la volonté du Souverain Pontife. Il n'ignorait sans doute pas les dispositions et l'esprit d'Eustorge et des siens. Avec quelle consolation et quelle effusion de cœur il dut écrire cette bulle en faveur d'un ordre naissant, qui adoptait ses idées en matière de vie spirituelle, et qui allait se dévouer au culte effectif de la croix du Sauveur, de façon à mériter d'en lever un jour l'auguste étendard à la face et aux applaudissements du monde entier.

V.

COMMENT IL S'EST

ESPRIT PRIMITIF DE SAINT-RIGAUD.

CONSERVÉ.

En provoquant auprès d'Alexandre II cet acte si glorieux pour lui et les siens, Eustorge, avons-nous dit, ne son

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