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ROBUSTÉ. Son adresse ne lui servit de rien contre sou adversaire; c'était la Robusté d'un athlète qu'il lui fallait pour en triompher. Voulez-vous Robuster ce jeune homme ? envoyez-le dans une salle d'armes pendant dix-huit mois.

ROCOULER. Cri du pigeon en amour. Amans, et vous sur-tout nouveaux mariés, allez Rocouler un peu plus loin.

ROITELETS. Quoiqu'ils fussent soixante Roitelets chez les anciens Gaulois, j'aime à parcourir leur histoire, et à voir leur vieux langage. Un Roitelet me fait peine à voir; c'est sortir de l'humanité pour bien peu de chose.

ROLET.

Quand sur la scène de ce monde,
Chaque homme a joué son Rôlet,
En partant, il est à la ronde,
Reconduit à coups de sifflet.

(Derniers vers de Voltaire.)

Après le massacre de la Saint-Barthélemi, Charles IX dit à Catherine de Médicis: Eh bien, madame, ai-je bien joué mon Rôlet?

Plus on est grand, élevé, plus il importe de bien savoir son Rôlet. Fût-on chargé du plus grand rôle sur le premier théâtre de l'univers, il est indispensable, vû les hommes, d'y joindre

encore le Rôlet. Aussi, combien de fois ce vers de la Métromanie n'est-il pas applicable!

Est-ce vous qui parlez, ou si c'est votre rôle ? ou Rôlet.

ROMANCER. Faire un roman. Les esprits secs, froids, ininventifs, affectent de dédaigner une composition qui exige les plus rares qualités de l'esprit. Je n'appelle auteur, que celui qui a fait un roman. Les gens de lettres qui font tant les hautains, sont incapables de Romancer. J'ai porté plus d'une fois le défi à certain académicien (La Harpe) de faire un roman, même médiocre; mais il dissertera, dissertera, et jamais ne Romancera : il est absolument dépourvu d'invention et de sensibilité; pour l'imagination, il en est l'antipode. Allons, rimez, dissertez; le grand tombeau de l'épicier attend toutes ces froides et insignifiantes productions, et Manon Lescaut vivra à jamais.

ROMANISER. Concitoyen lecteur, il est peu de vos écrivains polis, de vos jolis versificateurs qui puissent vous apprendre ce que je vous apprendrai. Je dois plus vous intéresser qu'un voyageur menteur, qui vous rapporte des histoires par ouïdire, et qui Romanise l'Afrique, où vous n'irez jamais. (Rétif.)

ROMANTIQUE. Les rives du lac de Bienne sont plus sauvages et plus Romantiques que celles du

lac de Genève, parce que les rochers et les bois y bordent l'eau de plus près; mais elles n'en sont pas moins riantes. (J. J. Rousseau.)

Romantique. La Suisse abonde en points de vue Romantiques : je les ai bien savourés. Une forêt Romantique (celle de Fontainebleau); un vieux château Romantique (celui de Marcoussis). Je salue tout ce qui est Romantique avec une sorte d'enthousiasme.

On sent le Romantique, on ne le définit point; le romanesque, dans les arts, est faux et bizarre auprès de lui.

ROMPU. Synonyme de Roué; mot à la mode dans les derniers temps de la monarchie.

Brantôme, dans ses Mémoires, dit ce bon Rompu de Louis XI, etc. (Piis.)

RONGEUSES. Il n'y a souvent qu'un grand exercice et soutenu, qui puisse nous détourner des passions Rongeuses, ou du moins vieillissantes. Le travail du cabinet tue à la longue.

ROSÉ. Le visage efféminé, les couleurs vives et Rosées de mon frère annonçaient plutôt une fille déguisée, qu'un véritable garçon. (Rétif.)

ROSSIGNOLER, imiter le rossignol; ce n'est pas là trop bien chanter: or, daignez. m'écouter. D'où vient cette espèce d'opiniâtreté à louer exclusivement le chant du rossignol, à

le regarder, à le prôner comme le premier des chantres des bois? Est-ce parce que les anciens l'ont tant célébré dans leurs vers? Mais que n'ont-ils pas dit du cygne ? et qui ne connaît pas

son cri rauque et perçant?

Qu'une oreille impartiale écoute avec altention le rossignol; qu'elle entende ses sons souvent aigus, toujours fortement prononcés, mais sans variété, si ce n'est quatre tons, sans modulation, sans nuances, elle éprouvera une sensation pénible, désagréable. Transportez l'oiseau, suspendez sa prison à une fenêtre; le chant sera le même, et le passant l'entendra avec indifférence. S'il s'arrête, ce n'est pas par l'attrait du plaisir, c'est de surprise et d'étonnement. II croyait que l'oiseau ne chantait que dans les bois, et pendant la nuit; mais la lune ne brille pas au travers des branchages touffus; le silence solemnel de la nature ne l'environne pas. . . . le murmure vague d'un ruisseau ne s'unit pas aux légers frémissemens du feuillage sous lequel il est assis: il est dans la ville.

Que peut-on comparer au clappement dur et déchirant que l'oiseau tant vanté fait entendre au milieu ou à la fin de son chant imphrasé? Je souffre quand je réfléchis aux efforts redoublés des muscles de son gosier

Mais on ne dit presque rien du chant doux, moelleux et varié de la semillante fauvette; on

n'a pas songé aux sons brillans et délicats du plus petit de nos oiseaux, le roitelet; on néglige celui de la linotte, qui semble ne commencer sa douce mélodie que pour la faire desirer. Personne ne s'est avisé de nous peindre le rougegorge aux grands yeux noirs et brillans; perché sur une branche sèche, ou sur l'angle d'une humble cabane, il invite ses paisibles habitans à saluer les derniers rayons du soleil qui va bientôt disparaître, et prolonge fort avant dans la nuit, ses cadences plaintives et touchantes.

Qui connaît l'Evêque, ainsi nommé à cause de ses ailes pendantes et violettes, et dont le corps est couvert de plumes d'un beau bleu entremêlé de nuances rouges? L'Evêque dont le gosier est si flexible, les tons si variés, le ramage si tendre, n'est guères plus gros que le roitelet.

Il déploie son chant mélodieux pendant douze à quinze minutes, et module en aspirant. Il se repose une demi-heure, pour laisser à l'écouteur le plaisir de l'admirer, et le temps de se préparer à l'entendre une seconde fois; mais l'Evêque est américain, l'Evêque naît et chante dans les forêts de la Louisiane.

Si c'est le son seulement qui nous plaît, pourquoi oublions-nous l'alouette, le serin instruit, le bouvreuil de petite espèce, dont les sons flûtés touchent, pénètrent et transportent les plus

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