Alter in ambiguo est, an sit deprensus, et ipsis Victa labore fugæ, spectans Peneidas undas, << Fer, pater, inquit, opem; si flumina numen habetis. Hanc quoque Phoebus amat; positaque in stipite dextra Te coma, te citharæ, te nostræ, Laure, pharetræ. : tive: à travers ses cheveux qui flottent sur son cou, déjà le souffle du dieu se joue. Daphné sent ses forces épuisées ; elle pâlit, vaincue par les fatigues d'une fuite précipitée. Arrêtant ses regards sur les eaux du Pénée : « O mon père vole à mon secours, dit-elle; s'il est vrai, fleuves, qu'en vous une divinité réside. O terre! ouvretoi sous mes pas, ou change et détruis cette beauté trop séduisante, qui m'entraîne à ma perte. » Sa prière est à peine achevée, qu'un engourdissement accablant enchaîne ses membres; son sein délicat est entouré d'une mince écorce; ses longs cheveux se changent en feuilles, et ses bras en rameaux son pied, naguère si agile, devient une racine qui se fixe dans le sein de la terre; et sa tête, la cime d'un arbre son éclat seul lui reste. Phébus l'aime encore; sa main, placée sur la tige, sent sous la nouvelle écorce un cœur palpiter ses bras se plient autour des branches comme si c'était un corps animé; il les couvre de baisers ; mais l'arbre les refuse. Le dieu s'écrie: «Si tu ne peux être mon épouse, tu seras du moins l'arbre d'Apollon: toujours tu pareras ma chevelure, ma lyre, mon carquois, ô laurier! Tu serviras d'ornement aux guerriers du Latium, lorsque mille voix joyeuses feront entendre des cris de triomphe, et que le Capitole verra se déployer au loin les pompes solennelles. Gardienne fidèle du palais des Césars, tu en ombrageras les portes; enfin, liée autour de la couronne de chêne, tu la protègeras de même que l'éclat d'une éternelle jeunesse brille sur mon front couvert de cheveux que jamais le ciseau n'a touchés, de même conserve toujours l'éclat de ton feuillage. » Dès qu'Apollon a cessé de parler, le laurier incline ses branches récemment créées, Postibus Augustis eadem fidissima custos Ante fores stabis; mediamque tuebere quercum. Finierat Pæan. Factis modo Laurea ramis Adnuit; utque caput, visa est agitasse cacumen. VIII. EST nemus Hæmoniæ, prærupta quod undique claudit : Silva vocant Tempe, per quæ Peneus, ab imo Effusus Pindo, spumosis volvitur undis; Dejectuque gravi tenues agitantia fumos Luget, ut amissam nescit, vitane fruatur, : An sit apud manes; sed quam non invenit usquam, et sa tête paraît s'agiter pour donner un signe d'appro bation. VIII. Il est dans l'Hémonie une vallée de toutes parts fermée par la forêt qui s'allonge sur un mont escarpé : on l'appelle Tempé. C'est à travers cette vallée que le Pénée, sorti des flancs du Pinde, roule ses flots écumeux sa chute brusque soulève un brouillard qui se dissipe en vapeurs légères et retombe en pluie sur la cime des arbres; le fracas de ses eaux, fatiguant pour l'oreille, ne se renferme point dans les lieux d'alentour. C'est le séjour, la retraite sacrée du fleuve puissant : c'est là, qu'assis au fond d'un antre taillé dans le roc, il dicte des lois aux ondes et aux nymphes qui les habitent. Là se réunissent d'abord tous les fleuves de la contrée, incertains s'ils doivent féliciter ou consoler le père de Daphné: c'étaient le Sperchius, couronné de peupliers; l'Énipeus, ennemi du repos ; l'antique Apidanus, le paisible Amphrysus et l'Éas. Bientôt accourent d'autres fleuves, qui, emportés par leur impétuosité, jettent dans la mer leurs eaux fatiguées d'une course aventureuse. Inachus seul est absent; renfermé dans son antre, ses larmes grossissent ses flots. Au comble du malheur, il pleure Io, sa fille, comme s'il l'eût perdue; il ne sait si elle jouit encore de la vie, ou si elle est chez les Ombres; mais ne la trouvant nulle part, il pense qu'elle n'existe plus son imagination lui fait même craindre Esse putat nusquam, atque animo pejora veretur. Flumine et, «< O virgo Jove digna, tuoque beatum Nescio quem factura toro, pete, dixerat, umbras Esse, nec humenti sentit tellure remitti : Quem postquam cœlo non repperit; « Aut ego fallor, Constitit in terris; nebulasque recedere jussit. Conjugis adventum præsenserat, inque nitentem |