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la preffion de l'eau fur fa carêne, relativement à la stabilité d'un vaiffeau, & de leur apprendre qu'il réfulte des recherches de M. Bouguer fur des folides qui approchent de la forme des vaiffeaux, que le métacentre ou le point auquel il faut bien fe donner de garde de placer le centre de gravité, eft très-peu au deffus de la ligne de flottaison: ainfi fans s'embarraffer de connoître précisément ce point critique, il faut, dans la construction & l'arrimage, éviter de placer le centre de gravité au deffus de la ligne de flottaifon. Or le centre de gravité peut être placé plus haut ou plus bas, fuivant la forme qu'on donne au navire, & principalement à la carêne, où fuivant la diftribution de la charge. C'est ce que nous allons eflayer de faire appercevoir.

D'abord il eft certain que l'élévation & la pefanteur de toutes les parties du vaiffeau, qui font au deffus de la ligne de flottaison, élevent le centre de gravité, & qu'elles diminuent la stabilité du vaiffeau : ainfi moins on élevera l'accaftillage, & plus on diminuera des poids qui font au deffus de la flottaison, plus on augmentera la stabilité des vaiffeaux. C'est par ce moyen appliqué à toutes les les parties qui font au deffus de la flottaifon que feu M. de Goyon, Capitaine des vaiffeaux du Roi, faifoit porter la voile à des vaiffeaux qui paffoient pour n'avoir point de stabilité.

Le constructeur peut faire varier la forme de fes vaiffeaux, principalement dans trois dimensions; fçavoir, la longueur, la largeur & le creux : examinons, dans autant d'articles particuliers, ce que l'augmentation de chacune de ces dimenfions peut opérer fur la stabilité des vaiffeaux.

Lorfqu'on ne change que la longueur d'un vaiffeau, laiffant fubfifter les autres dimensions, le centre de gravité & le métacentre restent à la même élévation: ainfi la stabilité, relativement à l'inclinaison fur le côté n'augmente que proportionnellement à la pesanteur du navire; & comme la pefanteur augmente ou diminue

ordinairement, proportionnellement à l'augmentation ou à la diminution de longueur, on peut dire que dans les vaiffeaux qui ne different que par leur longueur, la ftabilité eft en raifon de cette longueur.

Il n'en eft pas de même lorfqu'on fait varier la largeur: fi on la diminue, on perd beaucoup fur la stabilité, & en l'augmentant, on gagne confidérablement: car la ftabilité ne varie pas feulement en raifon des changemens qu'on fait à la largeur. M. Bouguer prouve que la ftabilité augmente en raifon des cubes; car dans la fuppofition même d'une carêne homogêne, 1°. la pefanteur,& par conféquent la stabilité augmentent proportionnellement à l'augmentation de largeur: 2°. le furcroit de pefanteur a d'autant plus d'effet, que le levier devient plus long, ou que le métacentre s'éleve, & la hauteur de ce point augmente comme le quarré de la largeur ; d'où il fuit que la ftabilité augmente en raison triplée, ou comme les cubes de la largeur: fi, par exemple, fans changer les autres dimenfions, on rend toutes les largeurs deux fois plus grandes, la pefanteur totale fera douBlée, & elle agira par un bras de levier quadruple; ainsi le vaiffeau aura huit fois plus de stabilité.

On pourra s'en convaincre par expérience, en faifant deux modeles dont toutes les largeurs de l'un foient aux largeurs de l'autre, comme un eft à deux. Si alors on éleve au milieu de chacun de ces modeles une regle hl, (fig. 63.) perpendiculaire pour y attacher un fil à plomb, & qu'on ajufte fur les côtés un pefon dont le levier hm, foit de même longueur pour les deux modeles, & le corps n de même poids, on connoîtra par l'ouverture de l'angle du fil à plomb avec la ligne verticale hl, que le rapport des stabilités fera comme 8 eft à 1.

On s'en convaincra en comparant les divers angles d'inclinaifon caufés par le même poids, ou, ce qui fera peut-être plus fimple on rendra les inclinaifons des deux modeles exactement égales, & on verra quelle cft la grandeur qu'il faut donner aux deux poids pour

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produire ces inclinaifons égales. Suppofé qu'un des modeles foit trois fois plus large que l'autre, il ne fuffira pas de le charger fur le côté d'un poids trois fois plus grand, pour produire une inclinaifon d'un même nombre de degrés, il faudra que le poids foit 27 fois plus fort. S'il eft appliqué à la même distance du milieu, ou suppofé qu'on fe ferve du même poids, il faudra le mettre à une distance 27 fois plus grande: ainfi la stabilité du modele trois fois plus large, fera 27 fois plus grande, & en général, lorfque toutes les autres circonstances font les mêmes, la ftabilité eft comme les cubes des largeurs, où comme les largeurs multipliées deux fois par elles-mêtrois fois trois trois fois 9, 27.

mes,

9,

L'expérience a prouvé aux conftructeurs ce que la théorie a démontré à M. Bouguer; c'eft, fans doute, ce qui les a engagé à élargir leurs vaiffeaux auprès de la flottaifon à cet endroit qu'ils nomment le fort. On ne pourroit pas fans inconvénient beaucoup augmenter la largeur des vaiffeaux au milieu, mais en l'augmentant un peu vers l'avant & vers l'arriere, on gagneroit de la stabilité. Pour le faire appercevoir fenfiblement par des comparaisons extrêmes, il fuffit de fçavoir que M. Bouguer a prouvé que la stabilité d'une carêne, dont la ligne d'eau en charge formeroit un parallelogramme rectangle, feroit à celle d'une carêne dont la ligne d'eau en charge formeroit un lozange, dont les deux angles aigus feroient, l'un vers la poupe, & l'autre vers la proue: M. Bouguer a prouvé, dis-je, que la premiere carêne aura quatre fois plus de ftabilité que l'autre. Quand une petite augmentation de largeur devroit empêcher de former des lignes d'eau auffi propres à divifer le fluide, il ne s'en fuivroit pas que la marche du vaiffeau en feroit diminuée; elle pourroit même être plus avantageufe, si, en portant mieux la voile, il étoit en état d'augmenter confidérablement fa voilure, & de mieux tendre fes voiles. Jufqu'ici il ne s'agit que de carênes-homogênes, & la stabilité sera beaucoup augmentée, fi l'on a l'attention

d'abaiffer le centre de gravité en disposant l'arrimage,

comme il convient.

Si en confervant une même longueur & une même largeur, on n'augmente que le creux, on gagnera fort de stabilité dans la fuppofition d'une carêne homogêne: on pourra gagner beaucoup par un bon arrimage. Nous en allons parler.

peu

Les Marins fçavent très-bien que pour qu'un vaiffeau porte bien la voile, il faut qu'il entre affez dans l'eau pour que fa partie la plus renflée, ou en terme de marine, fon fort, parvienne à être effleuré par la fuperficie du fluide; tel par exemple, que la ligne ef, (fig. 63.) ou un peu au deffus de cd (fig. 62.): ils n'ignorent pas qu'il faut remplacer par des poids inutiles à d'autres égards, tels que le left, le poids des marchandises d'un vaiffeau qu'on vient de décharger ; ils fçavent qu'un vaiffeau trop léger, tel que celui (fig. 62.), s'inclineroit jufqu'à ce que fa partie renflée, ou fon fort g, fût parvenu à reposer fur le fluide; les Marins expriment cette inclinaifon en difant que le vaiffeau va chercher fon fort trop haut. Il fuit delà qu'un vaiffeau qui feroit bien conftruit pour porter la voile s'inclineroit beaucoup, qu'il plieroit trop fous le vent, Si par un défaut d'arrimage, faute de lui avoir donné affez de left, il étoit trop léger, néanmoins quand tout le défaut d'un arrimage fe réduit à être un peu léger, & que cette diminution de poids eft peu confidérable, le malheur n'eft pas grand; car quand une fois ce vaiffeau a attrapé fon fort, il navige fûrement dans cette fituation un peu inclinée, & le vent ne peut pas lui faire prendre une plus grande inclinaifon. Il pourroit être plus dangereux de furcharger un vaiffeau de left; car outre qu'on perdroit l'élévation de fa batterie, qui eft un article important, & outre qu'il éprouveroit beaucoup de réfiftance de la part du fluide, on apperçoit que s'il étoit callé jufqu'à la ligne oi, (fig. 63.) il ne déplaceroit pas plus d'eau en s'inclinant du côté de O, & ainfi la preffion de l'eau ne pourroit pas contribuer avec le

centre

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centre de gravité pour le remettre dans fon affiette.
C'est ce défaut que les Marins veulent défigner quand ils
difent que le fort eft noyé. Pour traiter cet article exacte-
ment, & fans qu'il puiffe fouffrir d'exceptions, il faudroit
entrer dans des détails que je dois éviter: il fuffit d'ap-
percevoir en gros qu'il faut qu'un vaiffeau cale jufqu'à
fon fort; mais il n'eft pas indifférent de quel left on se
ferve pour cela; la qualité du left peut augmenter ou di-
minuer la ftabilité des vaiffeaux. Il est évident que, com-
me il eft important de se ménager une belle batterie, &
de ne point noyer le fort, il faut éviter d'augmenter le
poids du left au-delà du nécessaire. Ainfi fuppofant que
400 tonneaux de left, joints aux autres effets de l'arme-
ment, fuffifent pour faire caller le vaisseau jufqu'à fon
fort, il n'en faudra pas mettre davantage : mais il pourra
être avantageux d'employer du left plus pefant; car com-
me il
occupera moins de place, fon centre de gravité
fera plus bas : ainfi le centre de gravité de la carene def-
cendra proportionnellement à la plus grande pefanteur
fpécifique du left. C'est delà que découle ce principe fi
généralement adopté dans l'arrimage des vaiffeaux
qu'on augmente leur ftabilité en mettant les effets très-
pefans le plus bas qu'il eft poffible au deffous de la ligne
de flottaifon, & en rendant les hauts très-légers.

Mais outre ce principe général, la façon de diftribuer les poids n'est pas une chofe indifférente: pour le faire concevoir, fuppofons qu'un vaiffeau ait à porter des effets très-pefans, tels que du plomb, du fer, des canons, des ancres. Le vaiffeau feroit venu à fa ligne de flottaifon beaucoup avant d'avoir fa cale remplie, & fi l'on mettoit ces gros poids fur la carlingue, comme leur centre de gravité feroit fort bas, on en devroit conclure que le vaiffeau porteroit bien la voile: cette conféquence feroit jufte: néanmoins un vaiffeau ainfi arrimé navigueroit mal, furtout fi fon fort étoit un peu élevé au deffus de la furface de l'eau ; il eft d'expérience que ce vaisfeau auroit fes mouvemens très-rudes, & qu'il feroit ex

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