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V.

Des Gabaris qui conviennent pour avoir une batterie élevée.

Il est évident qu'une varangue longue & peu acculée, un maître gabari de grande capacité, des façons baffes & peu pincées, des œuvres-mortes légeres, doivent procurer une batterie fort élevée.

V I.

Ce qu'il faut pour qu'un Vaisseau tangue peu, & que fes mouvemens foient doux.

Une quille longue, des façons un peu baffes & renflées, une proportion bien entendue entre les capacités de l'avant & celles de l'arriere, ayant attention qu'elles aient un rapport affez exact avec le poids que chacune de fes parties doit porter, la diminution des poids à l'avant & à l'arriere; toutes ces chofes rendent les mouvemens de tangage doux.

VII.

Des Gabaris qui font qu'un Vaiffeau a un bon fillage.

Pour procurer aux vaiffeaux cette qualité, il fera bon de tenir la varangue un peu courte & acculée, de faire les fonds fins, de diminuer de la largeur, ou augmenter la longueur, fans augmenter le creux, afin de gagner les capacités néceffaires, principalement par l'augmentation de la longueur. Une étrave un peu élancée, & des façons un peu élevées, font encore des conditions avantageuses pour rendre un vaiffeau bon voilier.

VIII.

De la figure qui convient pour qu'un Vaisseau tienne bien le & qu'il dérive peu.

vent,

Il faut une quille un peu longue, ne pas donner beau

Rrij

coup de différence de tirant d'eau, diminuer la largeur, augmenter le creux ou la longueur, & par conféquent tenir la varangue courte & fort acculée.

Un tel vaiffeau trouvant dans l'eau beaucoup de réfiftance fur le côté & peu à fa proue, ne dérivera pas beau

coup.

I X.

L'élévation de la batterie peut fubfifter avec toutes les autres qualités qu'un Vaiffeau peut avoir.

Après ce qui vient d'être dit, on voit qu'il y a de bonnes qualités qui peuvent aller ensemble, puifque les gabaris qui font favorables à une bonne qualité, ne font point toujours contraires à une autre.

11 me paroît, par exemple, qu'un Conftructeur peut toujours procurer à fes vaiffeaux une belle batterie, puifque quelque figure qu'il donne à fa carene, il est toujours le maître de proportionner le déplacement d'eau au poids de fon vaiffeau armé. Il eft vrai qu'une varangue longue & platte, &c. forme des gabaris de grande capacité: mais fi pour procurer à un vaiffeau d'autres propriétés, on eft obligé de donner de l'acculement, & de faire des fonds fins & bien taillés, on n'aura qu'à regagner les capacités néceffaires, en augmentant une des principales dimenfions, c'est-à-dire, la largeur, la longueur ou le creux.

X.

Un Vaisseau peut avoir une belle batterie, & bien & bien porter

la voile.

Si un constructeur avoit placé le fort trop haut, & fi le centre de gravité de fon vaiffeau fe trouvoit fort élevé, il faudroit renoncer ou à porter la voile, ou à avoir une batterie élevée : car 1°. fi on vouloit conferver l'élévation de la batterie, le vaiffeau allant chercher fon fort trop loin, fe coucheroit fur le côté, au point d'embarquer de l'eau, par les fabords, & peut-être auroit-il peine à fe relever,

pour peu qu'il fe fût fait quelque mouvement dans fon arrimage; 2°. fi, pour mettre le vaiffeau en état de porter la voile, on le furchargeoit de left, dans la vue de descendre fon fort, & d'abaiffer fon centre de gravité, alors la batterie feroit noyée, & de plus ce vaiffeau ne feroit pas auffi bon voilier qu'il le devroit être, parce qu'il auroit une trop grande colonne d'eau à déplacer par l'avant; ce feroit donc un vaiffeau manqué par la faute du conftructeur : mais il ne faut pas en conclure que la qualité de porter la voile, & celle d'avoir une belle batterie, foient oppofées

l'une à l'autre.

X I.

On peut réunir dans un même vaisseau, les trois qualités, d'avoir une belle batterie, de bien porter la voile, & d'être fin voilier.

Quelques conftructeurs penfent qu'il eft impoffible de faire un vaiffeau qui réuniffe les trois qualités, d'avoir une belle batterie, de bien porter la voile, & d'être fin voilier.

Ils fe fondent, 1°. fur le principe général, que, pour les deux premieres qualités, il faut de grandes capacités & des fonds pleins, & que pour l'autre il faut des fonds taillés &

fins.

2o. Ils remarquent avec raifon, que beaucoup de vaiffeaux, qu'on a faits pour bien aller de l'avant, ont eu peu de batterie, & qu'ils portoient médiocrement la voile : mais ils ne font pas attention, 1°. pas attention, 1o. qu'un vaiffeau qui a les fonds pleins, mais qui pourroit porter beaucoup de voile, pafferoit à la mer celui qui auroit des fonds fins, & qui ne pourroit porter qu'une petite voilure. 2°. Qu'est-ce qui rend un vaiffeau avantageux pour le fillage? c'eft que fes fonds foient tellement taillés, que la réfiftance du fluide foit beaucoup diminuée: or, en confervant les capacités qui procurent une belle batterie, & le foutien qui fait bien porter la voile, n'eft-on pas maître de diminuer beaula résistance du fluide, en alongeant un peu le vaiffeau, & en diminuant proportionnellement des capacités

coup

vers la quille? Il eft donc évident qu'un bon constructeur peut réunir dans un vaiffeau les trois propriétés, d'avoir une belle batterie, de bien porter la voile, & de bien aller

de l'avant.

X II.

On peut procurer à un Vaiffeau la qualité d'être fenfible à fon gouvernail, en ne perdant que peu fur fes autres bonnes qualités.

Quelques conftructeurs étant perfuadés, avec raison, que c'eft une grande qualité à un vaiffeau que d'être fenfible à fon gouvernail, ont extrêmement élevé & taillé les façons de l'arriere, pour faciliter la réunion des filets d'eau fur le gouvernail. Tous occupés de leur objet, ils ont perdu de vue l'équilibre de l'avant avec l'arriere, ou plutôt la proportion qui doit être entre la capacité de l'avant & de l'arriere, relativement aux poids que chacune de ces parties doit porter : leurs vaiffeaux n'étant plus balancés, acculoient, tanguoient rudement; on étoit hors d'état de se servir d'une partie de leur premiere batterie: ces mouvemens de tanguage interrompoient fouvent leur marche, & fatiguoient leur mâture.

D'autres, pour ne point perdre le balancement, diminuoient les capacités de l'avant, proportionnellement à celles de l'arriere; mais ils tomboient dans d'autres inconvéniens, car ces diminutions de capacités abaiffoient leur batterie, & ôtoient une partie du foutien qui faifoit porter la voile: d'ailleurs les lignes d'eau de l'avant étant plus difficiles à conduire, il en réfultoit fouvent une figure moins propre à divifer le fluide.

Pour moi, je crois appercevoir qu'on peut allier la qualité de bien gouverner, avec celle de porter la voile, d'avoir une belle batterie, & de bien aller de l'avant : mais pour cela je voudrois, 1°. ne rien diminuer des capacités, ni rien changer à la figure de l'avant d'un vaiffeau qu'on jugeroit propre à divifer le fluide & à porter la voile.

2°. Je donnerois un peu de différence de tirant d'eau,

comme 2 pieds 6 pouces pour les gros vaiffeaux, & 2 pieds pour les autres.

3o. Je donnerois à l'étrave autant d'élancement que le permettroit le mât de misaine, qui doit repofer fur le brion, & jamais fur l'étrave, ce qui fait à peu près un douzieme ou un treizieme de la longueur du vaiffeau.

4°. Je placerois le maître couple 6,7 ou 8 pieds, fuivant le rang des vaiffeaux, plus à l'avant que le milieu.

5. Je conferverois foigneufement l'équilibre entre les capacités de l'arriere, celles de l'avant, & les poids que P'une & l'autre partie doit porter : enfin je n'enleverois pas à l'excès les façons de l'arriere; car fi on a donné à un vaiffeau une longueur convenable, les lignes d'eau de l'arriere feront affez douces, pour que les filets d'eau fe réuniffent & agiffent puiffamment fur le gouvernail.

6. Au deffous de la ligne de flottaifon, j'élargirois un peu les gabaris de l'arriere, fi je jugeois avoir befoin d'augmenter les capacités de cette partie; car cet élargiffement qui, s'il étoit à l'avant, feroit peu favorable pour divifcr le Auide, ne paroît fujet à aucun inconvénient pour l'arriere.

7°. On ne doit pas oublier que tous les vaiffeaux qui vont bien, gouvernent à merveille.

8. Je ne vois pas d'ailleurs l'inconvénient qu'il y auroit à changer les proportions du gouvernail pour le faire un peu plus large qu'à l'ordinaire; je dis un peu, car affurément fi on l'augmentoit beaucoup, il ne manqueroit pas de brifer fa ferrure, & de fatiguer l'étambot, lorfqu'une lame viendroit à le heurter.

Si l'on établiffoit la largeur du gouvernail fur la longueur du vaiffeau, comme nous l'avons dit, Chap. II, Art. XIX, fa largeur feroit un peu augmentée, & elle feroit affez semblable à celle qu'on a choifie à Breft pour plufieurs vaiffeaux au refte nous le répétons, il feroit dangereux de la beaucoup augmenter, & cela n'arrivera pas fi l'on ne donne pas aux vaiffeaux une longueur exceflive. Il me paroît donc qu'on peut réunir dans un même vaiffeau les bonnes qualités d'avoir une belle batterie, de

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