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OZANNE f

CHAPITRE SEPTIEME.

Remarques générales fur la Conftruction.

LES regles que nous avons données jufqu'à présent fur les principales dimensions des vaiffeaux, les méthodes que nous avons détaillées pour faire les différens plans, & les exemples que nous avons rapportés des vaisseaux de tous les rangs, qui ont été conftruits par les plus grands Maîtres; toutes ces chofes ne doivent être regardées par un bon Constructeur, que comme des fujets de méditation, ou au plus comme des moyens de donner au vailfeau, qu'il veut conftruire, la figure qu'il conçoit être la meilleure, relativement à fa destination & aux effets qu'il doit produire. Car un bâtiment qui doit être mu par des rames, sera très-différent de celui qui ne doit tenir fes mouvemens que des voiles: un vaiffeau pour le commerce ne doit pas être femblable à celui qu'on destine pour la guerre, & celui qu'on conftruit uniquement pour la course, doit être fort différent de celui qui doit combattre en ligne.

Les différentes deftinations des vaiffeaux, tant à l'égard

du fluide fur lequel ils doivent naviguer, que relative ment aux effets qu'ils doivent produire, ont donné naiffance à cette grande variété de bâtimens qu'on trouve fur l'Océan & fur la Méditerranée, fur les lacs & fur les rivieres. Ainfi un bon Constructeur ne doit point agir par routine, mais toujours conféquemment à la deftination du bâtiment qu'il eft chargé de conftruire. Affûrément pour remplir ces vues, il eft néceflaire qu'il foit pourvu d'une bonne théorie, tant fur la nature des fluides, que fur la méchanique des corps flottans. Muni de ces connoiffances, il pourra profiter du Traité du Navire de M. Bouguer, où il trouvera les principes fondamentaux de la conftruction: ils ne doivent point faire l'objet d'un Traité pratique comme celui-ci; mais je ne puis me difpenfer de faire quelques réflexions qui me paroiffent pro pres à prouver la grande utilité d'une bonne & faine théorie.

I.

Des principales qualités que les Vaiffeaux doivent avoir.

1°. Ils doivent bien porter la voile, non feulement pour bien naviguer, puifque les lignes d'eau font construites & calculées en fuppofant le navire droit, mais encore pour pouvoir forcer de voiles quand il faut donner ou prendre chaffe, quand on eft dans la néceffité de doubler un cap, de s'éloigner d'une côte, & pour pouvoir, en cas de combat, fe fervir de la batterie de deffous le vent, qui eft prefque toujours inutile lorfqu'un vaiffeau s'incline & cede beaucoup à l'action du vent.

2°. Il faut qu'ils gouvernent bien, qu'ils foient fenfibles à la manoeuvre, principalement dans un combat, ou quand il faut louvoyer pour naviguer entre des écueils; ear fouvent le falut d'un vaiffeau dépend de cette qualité.

3°, Ils doivent avoir leur première batterie élevée à leur milieu d'environ quatre pieds & demi, ou cinq pieds, au deffus de la ligne de flottaison, fans quoi ( pour peu que la mer fût agitée) un gros vaiffeau, qui feroit obligé

d'avoir

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d'avoir des fabords fermés fous le vent, courroit rifque d'être enlevé par un plus foible, qui auroit tous fes fabords ouverts, ou bien il seroit obligé de renoncer à l'avantage du vent pour fe fervir de fes canons de deffus le vent. Nous avons confeillé de tenir les fabords de l'avant

plus élevés que ceux du milieu, pour qu'un vaiffeau, qui fe battroit fous voile, pût fe fervir de fes canons de l'avant, lorsque cette partie du vaiffeau feroit plongée par la charge du vent, ou noyée par le bouillon de l'eau, qui s'éleve toujours à l'avant plus qu'aux autres parties.

4°. Il faut qu'un vaiffeau foit bien balancé, qu'il tangue peu, qu'il accule peu, que tous les mouvemens foient doux, qu'il s'éleve bien fur la lame dans les gros temps, étant à la cape ou fous fes baffes voiles, fans quoi il courroit rifque de démâter.

5°. Il faut qu'il aille bien vent-arriere, vent largue, & furtout au plus près, qu'il dérive peu, ou qu'il tienne bien le vent.

I I.

S'il eft poffible qu'un Vaiffeau ait toutes ces qualités?

S'il n'étoit queftion que de donner à un vaiffeau une de ces qualités, la construction feroit beaucoup plus aifée qu'elle n'eft; mais la difficulté confifte à les raffembler toutes dans un même vaiffeau : il semble même qu'il eft impoffible de les y réunir à un degré éminent, puifque la figure qui convient, pour procurer à un vaiffeau une de ces qualités, eft fouvent différente de celle qu'il faudroit pour lui en procurer une autre. L'art confifte donc à fçavoir perdre un peu d'un côté pour gagner d'un autre, ou à ne pas gagner autant qu'on le pourroit à un égard pour ne pas perdre entiérement d'autres avantages; ainfi il est néceffaire de conferver un certain équilibre; mais pour cela il faut fçavoir, du moins à peu près, qu'elle feroit la figure qu'il faudroit donner à un vaiffeau, pour procurer tel ou tel avantage, abstraction faite de tous les autres. Nous en allons donner des idées générales

lui

Rr

dans les articles fuivans: elles pourront être de quelque utilité à ceux qui souhaitent apprendre la construction, quoique nous convenions qu'elles pourront, en plusieurs circonftances, fouffrir de juftes contradictions.

I I I.

Des Gabaris qui paroissent propres à donner aux Vaiffeaux la qualité de bien porter la voile.

Une varangue platte & un peu longue, ou bien un genou un peu ouvert, avec une alonge affez droite qui s'éloigne par en haut de l'axe du vaiffeau; dans l'un & l'autre cas, un fort conduit presque jufqu'à la ligne du premier pont; on peut, en ménageant adroitement ces dimenfions, former des gabaris propres à donner aux vaiffeaux la qualité de bien porter la voile, pourvu que d'ailleurs l'arrimage ne s'y oppofe pas, qu'on faffe fon poffipour alléger les hauts, fans craindre d'appéfantir le fond de la carene, & qu'on diminue de l'accaftillage le plus qu'il est possible; en un mot, pourvu que l'arrimage concoure avec la figure du vaiffeau, à abaiffer le centre de gravité.

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I V.

Des Gabaris qui rendent un Vaiffeau fenfible à fon gouvernail & à la manœuvre.

Des façons hautes & bien taillées, un maître gabari confidéplacé un peu à l'avant, un tirant d'eau un peu rable furtout à l'arriere, une étrave fort élancée, ou une quille couverte, un étambot perpendiculaire, un accastillage fort raz; tout cela procure à un vaiffeau la qualité de bien gouverner, & contribue à le rendre fenfible à la manœuvre : mais cette derniere qualité dépend beaucoup de la mâture; il eft bon encore de ne pas oublier les vaiffeaux qui marchent bien, font toujours ceux qui gou

vernent le mieux.

que

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