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friroient moins dans les échouages, & courroient moins de rifque de toucher dans les endroits où il y a peu d'eau: d'ailleurs il eft certain qu'on connoît des vaiffeaux qui font fenfibles à leur gouvernail, quoiqu'ils aient fort peu de différence de tirant d'eau. Il eft vrai que les vaiffeaux de guerre ne devant jamais échouer ni s'exposer à paffer dans des endroits où il manqueroit d'eau, les raifons que je viens de rapporter ne regardent que les vaiffeaux de charge.

Les vaiffeaux n'ont pas toujours, étant armés, la même différence de tirant d'eau que les conftructeurs avoient marqué fur leur plan : c'est ordinairement un défaut; car alors ils naviguent avec d'autres lignes d'eau que celles que les conftructeurs avoient compté leur donner. Et qui fçait fi ces nouvelles lignes d'eau font auffi propres à divifer le fluide, que celles qu'on avoit projettées & calculées? Il n'y a pas lieu de le croire : ainfi je penfe que les officiers feroient très-bien de conserver la différence de tirant d'eau indiquée par le constructeur.

Quelques officiers prétendent qu'il faut conferver dans l'arrimage la différence de tirant d'eau que le vaiffeau prend de lui-même quand on le lance à l'eau, difant que la meilleure affiette d'un vaiffeau eft celle qu'il choifit lorfqu'il eft entiérement vuide. Ce raisonnement n'a pas le moindre fondement; & fi ces officiers exécutoient leur deffein, les vaiffeaux armés auroient beaucoup plus de différence de tirant d'eau, que ne l'avoit projetté le conftructeur; car les vaiffeaux étant plus pincés par le bas du côté de l'arriere, que du côté de l'avant, if eft naturel qu'ils plongent beaucoup de l'arriere, jufqu'à ce qu'ils foient parvenus à quelques pieds au deffous de la ligne de flottaison, où les gabaris renflent confidérablement.

L'Invincible, conftruit à Rochefort par M. Morincau, & mis à l'eau le 21 octobre 1744, tiroit d'eau fans lest à l'arriere 14 pieds 4 pouces, & à l'avant 10 pieds 2 pouces: ainfi la différence étoit de 4 pieds 2 pouces. Le Magnanime, conftruit par M. Gelin, mis à l'eau le 21

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novembre 1744, tiroit d'eau de l'arriere 15 pieds 2 pouces, & de l'avant 11 pieds 8 pouces : ainfi la différence étoit de 3 pieds 6 pouces, quoiqu'il fût fini à l'avant, & que fon château d'arriere manquât prefque entiérement.

Cette différence de tirant d'eau eft bien grande; & ces vaiffeaux auroient probablement mal navigué, fi on l'avoit confervée dans leur arrimage: mais comme les capacités intérieures augmentent proportionnellement à celles du dehors, il en refulte affez fouvent que, quoiqu'on fe propofe de conserver la différence du tirant d'eau que le vaiffeau avoit étant lancé à l'eau, il prend néanmoins une affiette affez approchante de celle que le conftructeur avoit projetté de lui donner. Beaucoup d'officiers, qui pensent fort juste à cet égard, croient devoir s'en rapporter au conftructeur fur la différence du tirant d'eau ; & pour cela ils confervent une certaine quantité de left de fer, qu'ils placent à l'avant ou à l'arriere, afin d'arriver plus exactement au tirant d'eau qui leur a été indiqué. En un mot, pour qu'un vaiffeau foit bien conftruit, il faut que les capacités de fes différentes parties foient proportionnelles au poids que chacune de ces parties doit contenir; & pour qu'il foit bien arrimé, il faut que la charge foit diftribuée proportionnellement aux capacités. Un vaiffeau mal construit, & dont on a corrigé les défauts par l'arrimage, navigue mal; & celui qui, étant bien conftruit, est mal arrimě, ne vaut pas mieux : l'arrimage eft donc un point effentiel, difficile & délicat, à la perfection duquel les officiers font très-bien d'agir de concert avec les conftructeurs.

Quoique je n'aie pu avoir avec précision la vraie différence du tirant d'eau de beaucoup de vaiffeaux armés, la pour quelques-uns, qu'on m'a assuré être assez

voici

exacte.

Noms des Vaiffeaux.
Différence du tirant d'eau.

Le Northumberland a navigué avec 1 pied 2 pouces.

L'Augufte

L'Alofe

I

6

Ι

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Je crois que M. Deflauriers, fort habile constructeur, s'étoit propofé de la fupprimer entiérement; & alors les gabaris de l'avant auroient été femblables à ceux de l'arriere, jufqu'aux deux couples du balancement.

Le vaiffeau le Bon & la frégate la Mutine ont été anciennement conftruits fans différence de tirant d'eau, fuivant la méthode propofée par M. le Chevalier Renau. On crut reconnoître la néceffité de mettre une fauffe quil le à l'arriere, parce que ces vaiffeaux gouvernoient mal & viroient difficilement : on en mit une au vaiffeau le Bon en 1693, & à la Mutine en 1695.

X I.

De la Hauteur de l'Etrave prife perpendiculairement.

Plufieurs constructeurs, pour avoir la hauteur de l'étra- Ch. I, art. 4. ve, prennent un quart de la longueur de la quille, ou un peu moins; d'autres un dixieme & un douzieme de la longueur totale du vaiffeau.

Il vaut mieux établir la hauteur de l'étrave, en addi

tionnant la hauteur du creux, le relevement du premier pont, en avant, la distance du premier au fecond pont, de planche en planche, l'épaiffeur du bordage du fecond pont, la diftance du fecond au troifieme pont, l'épaiffeur du bordage du troifieme pont, la tonture du barrot du troifieme pont à l'endroit du coltis, & deux fois la hauteur du feuillet des fabords de la troifieme batteric.

La hauteur de l'étrave varie encore, felon que le mât de mifaine eft plus ou moins porté en avant ou en arriere. Ainsi, pour la trouver avec quelque exactitude, lorfque le mât de mifaine eft placé, ou que le lieu où il doit être eft connu, il faut déterminer l'épaiffeur du couffin fur lequel porte le pied du beaupré, & de l'endroit où le deffous du beaupré fe repose fur le couffin, former un angle de 32 ou 33 degrés fur une ligne parallele à celle de la Hottaifon : le prolongement de la ligne qui forme cet angle, donnera la hauteur de l'étrave. Mais je reviens à la premiere méthode, qui n'a pas été fuffifamment expliquée.

Il eft clair que, comme l'étrave doit s'étendre de toute la hauteur du vaiffeau, la fomme des différentes hauteurs dont nous venons de parler, doit donner celle de l'étrave: mais ces hauteurs ne font point les mêmes pour les vaiffeaux de différent rang, & chaque constructeur les peut changer, fuivant fes différentes vues; ce qui nous oblige d'entrer dans un petit détail, prenant pour exemple un vaiffeau de 110 canons.

La hauteur du creux de ce vaifseau a été fixée, dans l'article où nous en avons traité, à

Le relevement du premier pont l'avant, a. auffi été fixé à

Nous n'avons point parlé encore de la hauteur du premier au fecond pont, que l'on doit prendre de planche en planche: mais comme il faut,

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Pieds. Pouces. Lignes.

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Pieds. Pouces. Lignes.

furtout pour un vaiffeau de ce rang, qu'un homme puiffe paffer droit fous les baux, on peut donner au plus

L'épaiffeur du bordage du second pont ayant à fupporter du canon de doit avoir

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Quoiqu'on doive manœuvrer dans le fecond entre-pont, comme dans le premier, on tient la distance du fecond au troifieme pont un peu moindre, parce que les baux du troisieme pont ne font pas fi épais : ainsi il suffira de mettre

Le troifieme pont n'ayant à fupporter que du canon de 12, il fuffira de donner d'épaiffeur à fes bordages,

La tonture du barrot du troifieme pont, à l'endroit du coltis, peut avoir aux environs de

Enfin deux fois la hauteur du feuillet des fabords de la 3me, batterie,

Si on additionne toutes ces fommes, la hauteur de l'étrave, prife perpendiculairement, fera de

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Il fuffit d'avoir indiqué à peu près quelles font les proportions des différentes parties d'un vaiffeau de 110 canons, qui doivent fixer la hauteur de fon étrave; car, quoique tous ces points varient, fuivant le rang des vaiffeaux, il fera aifé de faire l'application de la regle générale pour les vaiffeaux de toute grandeur, furtout fi on a recours à ce que nous dirons dans les chapitres fuivans mais le plus sûr eft d'établir la longueur de l'étrave fur l'angle du beaupré, comme nous l'avons dit au commencement de cet article.

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