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L'élancement de l'étrave fait que la longueur du vaifseau est terminée en avant par une ligne courbe, qui forme un arc à peu près de 70 degrés, & la quête fait que cette longueur eft terminée en arriere par une ligne droite. qui eft inclinée à la quille.

Il y a cent ans que l'on ne donnoit à la quille que les deux tiers de la longueur qu'il y a entre l'étrave & l'étambot depuis on a augmenté fa longueur, en diminuant de l'élancement de l'étrave & de la quête de l'étambot. On a donné, pour l'élancement de l'étrave, la longueur du bau, & à proportion pour la quête de l'étambot; on s'est enfuite réduit à ne donner prefque, pour l'élancement de l'étrave, que la fixieme partie de fa diftance à celle de l'étambot : peu à peu on a alongé la quille, & maintenant l'élancement n'eft que d'un douzieme de la diftance de l'étrave à l'étambot.

Cet alongement de la quille a toujours paru avantageux; & c'eft ce qui a déterminé M. Olivier à fupprimer dans le Mars & l'Alcide, l'élancement & la quête.

Un vaiffeau, de la grandeur du Mars, auroit eu, au commencement du fiecle, 75 pieds d'élancement; peuaprès il en auroit eu 40 & demi, ensuite 26 & demi, puis 21 à 22; aujourd'hui, 18 à 19, ou même 14 à 15: quelques-uns ne lui en auroient même donné que 12. M. Olivier l'a fupprimé tout-à-fait : voici les confidérations qui l'y ont déterminé;

1o. La construction en devient plus aifée : l'avant & l'arriere étant terminés par des lignes perpendiculaires, toutes les courbes qui déterminent les extrêmités du vaiffeau, aboutiffent à l'avant & à l'arriere à des lignes connues & à des points certains; au lieu qu'en donnant de la quête & de l'élancement, ces courbes aboutiffent en avant à une ligne courbe, & en arriere à une ligne oblique, qui font l'une & l'autre des lignes fur lefquelles on ne peut point compter. Il réfulte donc de la fuppreffion de l'élancement & de la quête, une plus grande facilité pour déterminer avec précision & sûreté les lignes du

fond du vaiffeau. Cela eft vrai : néanmoins on verra dans la fuite qu'on a des méthodes pour bien conduire les lignes d'eau jufqu'à la rencontre d'une étrave courbe.

2o. On fçait quelles font les qualités nécessaires à un vaiffeau. La fuppreffion de l'élancement & de la quête n'intéreffe en rien la qualité de porter la voile, ni celle d'avoir la batterie haute (cela eft vrai); elle ne fait rien à fa marche, vent en arriere, ou vent largue (nous croyons cependant qu'elle la diminue un peu): mais cette dimenfion eft avantageufe au plus près; car en retranchant la quête & l'élancement, la longueur de la quille fe trouve égale à celle du vaiffeau; donc un vaiffeau fans quête ni élancement, doit moins dériver que les vaiffeaux ordinaires (cet avantage eft certain ). Enfin la diminution de l'élancement, on fait que le pied du mât de mifaine porte fur la quille, au lieu d'aboutir fur l'étrave, qui pourroit être ébranlée par un auffi grand poids. Cela eft vrai, quand l'élancement eft fort grand: mais le mât de mifaine porte fur la quille, quand l'élancement eft médiocre; d'ailleurs la fuppreffion entiere de l'élancement n'eft pas fans inconvé

nient.

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1°. Un vaiffeau à étrave droite doit être moins fenfible à fon gouvernail, & arriver plus lentement.

2o. L'arrondiffement de l'étrave doit diminuer un peu la réfiftance du fluide..

3°. En faisant la quille de toute la longueur du vaiffeau, il doit fouvent arriver, quand on leve l'ancre, que fa patte s'arrête fous la quille.

4°. Il y a des cas particuliers où l'échouage feroit plus dangereux, lorfque l'avant fe termine par un angle, que quand il eft arrondi.

5°. Comme les vaiffeaux à étrave droite devoient être durs à arriver, on a porté le mât de mifaine vers l'avant; ce qui a obligé de raccourcir la partie du beaupré qui eft dans le vaiffeau, & le mât en a été moins bien afsujetti.

M. Olivier avoit prévu ces objections: il étoit même parvenu à diminuer les défauts dont nous venons de parler; & les Capitaines qui ont commandé les vaiffeaux à étrave droite, ont fçu en tirer un fort bon parti. Néanmoins il résulte des expériences répétées qu'on a faites à ce fujet, 1°. que la quantité précife de l'élancement n'est pas auffi importante qu'on le croiroit; 2°. qu'on a trèsbien fait de beaucoup diminuer de l'élancément qu'on donnoit autrefois aux vaiffeaux ; 3°. qu'il convient de donner un peu d'élancement, ne fût-ce que pour empêcher que la patte de l'ancre ne se prenne fous la quille, lorfqu'on leve l'ancre, & afin que l'arrondiffement de l'étrave offre moins de réfistance au fluide, que ne feroit une étrave tout-à-fait droite, & pour éviter d'avoir des vaiffeaux trop ardents.

Il eft bon de remarquer encore qu'il y a principalement de l'avantage à diminuer l'élancement aux petits bâtimens, parce qu'ils font plus fujets à dériver que les gros.

&

A l'égard de l'étambot, on ne voit aucune raifon de lui donner de la quête : mais on apperçoit qu'en la fupprimant, le gouvernail en doit être plus folidement établi, par fa fituation perpendiculaire, résister mieux au fluide, que s'il étoit oblique; d'ailleurs la quête de l'étambot fait que tous les poids de la pouppe tendent à délier le vaiffeau en cette partie, ou à ouvrir l'angle que l'étambot fait avec la quille.

X.

De la Différence du Tirant d'eau.

On croiroit volontiers que la quille d'un vaiffeau qui eft chargé & en état de naviguer, devroit être parallele à la ligne de flottaifon, ou à la furface de l'eau: cela ne fe trouve prefque jamais; car les conftructeurs font enforte que les vaiffeaux tirent plus d'eau de l'arriere que de l'avant, c'est-à-dire qu'il y ait plus de distance à l'arriere

de la quille à la furface de l'eau, qu'il n'y en a à l'avant de la quille à la même surface: c'est ce qu'on appelle la Difference du tirant d'eau.

Les conftructeurs ont fait cette différence du tirant d'eau, dans l'intention de rendre leurs vaiffeaux plus fenfibles au gouvernail : mais la quantité de cette différence est restée fort arbitraire, les uns ayant donné plus de cinq pieds de différence de tirant d'eau à un gros vaiffeau, & les autres feulement deux ou trois pieds.

Beaucoup de conftructeurs fe contentent de donner, pour la différence du tirant d'eau, 3 lignes par pied de la fongueur de la quille; c'eft-à-dire qu'un vaiffeau qui auroit 168 pieds de longueur, & dont la quille auroit 143 pieds 7 pouces, auroit de différence de tirant d'eau, 2 pieds 11 pouces 10 lignes 9 points. Il y en a qui prennent, pour la différence du tirant d'eau, un douzieme de la longueur du vaiffeau, qu'on divife encore par 12: ainfi un vaiffeau de 150 pieds de longueur, dont le douzieme est 12 pieds 6 pouces, qui étant divifés par 12, donnent I pied 6 lignes, auroit, pour la différence du tirant d'eau, I pied 6 lignes, qui eft la moindre qu'on puiffe donner.

M. Deflauriers penfe que la différence du tirant d'eau a pris fon origine d'un défaut de la conftruction; car l'arriere des vaiffeaux étant, comme on peut s'en fouvenir, terminé par une surface plane, dont le contour s'eft appellé Eftain, lorfque le vaiffeau étoit calé, fans différence de tirant d'eau, l'eau qui venoit se rendre à l'arriere, ne pouvoit frapper le gouvernail dans toute fon étendue : dans ce cas, les navigateurs cherchant par des tâtonnemens à tirer le parti le plus avantageux de leurs vaiffeaux, ils les faifoient plonger de l'arriere plus que de l'avant, afin d'augmenter l'impulfion de l'eau fur le gouvernail. Cet expédient ayant eu quelques fuccès, les conftructeurs en ont conclu qu'il falloit que les vaiffeaux tiraffent plus d'eau de l'arriere que de l'avant; & ils ont fait un article important dans la conftruction, de leur procurer cette fituation : mais maintenant que la conf

truction est perfectionnée, & que les conftructeurs font plus habiles, on peut, fans rifque, réduire cette diffépeu de chose.

rence à fort

REMARQUE.

Si le vaisseau entre plus dans l'eau à l'arriere qu'à l'avant, fon gouvernail plonge davantage dans le fluide ; & par conféquent il doit produire plus d'effet: il n'eft cependant pas néceffaire de faire tirer plus d'eau à l'arriere des vaiffeaux qu'à l'avant, puisqu'on peut produire le même effet, en augmentant un peu la largeur du gouvernail: mais ce qui peut être plus favorable au gouvernail, c'eft que, par cette différence du tirant d'eau, il y a des lignes d'eau qui, fans être détournées par les façons, viennent frapper le gouvernail, à ce qu'il paroît, avec plus de puiffance. Il femble donc que la différence du tirant d'eau eft favorable à l'effet du gouvernail: mais cet avantage ne doit pas engager à faire une grande différence de tirant d'eau, qui augmenteroit néceffairement la résistance du fluide; car un vaiffeau qui navigueroit fans cette différence, n'auroit à déplacer que la quantité d'eau qui répond à fon maître gabari; au lieu que celui qui a beaucoup de différence de tirant d'eau, a de plus la furface que fa quille préfente au fluide, depuis le maître bari jufqu'au point du gouvernail. Une autre raison qui peut engager à donner un peu de différence de tirant, est que la consommation des vivres pendant la campagne, foulageant plus le vaiffeau du côté de l'arriere que par l'acelui qui n'auroit point de différence de tirant d'eau, feroit, à la fin de la campagne, entiérement fur

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le nez.

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Peut-être feroit-on mieux de négliger les petits avantages qui peuvent résulter du tirant d'eau, par rapport au gouvernail & à l'arrimage, pour simplifier la conftruction qui deviendroit plus aifée : les vaiffeaux pourroient gagner quelques avantages fur la marche; ils fouf

auffi

friroient

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