Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

quarante-quatrieme partie d'une autre, j'ai dit que, pour avoir la longueur de telle piece, il faut prendre un pouce par pied, ou une ligne par pied de telle autre. J'ai auffi évité, autant que je l'ai pu, d'avoir recours aux principes de mathématique, non feulement dans la vue d'être plus utile à ceux qui n'ont que des connoiffances fuperficielles de cette science, mais encore & principalement parce que Meffieurs Bouguer & Euler ont traité la partie théorique de l'Architecture Navale d'une façon fi élégante & fi complette, qu'on eft difpenfé pour long-temps de travailler fur le plan qu'ils ont choifi. Les ouvrages de ces Meffieurs feront utiles aux habiles constructeurs, & le mien est confacré à l'instruction des jeunes gens : un ouvrage de ce genre leur étoit néceffaire, & manquoit entiérement. Le Traité que je donne au public eft donc pure ment pratique, & même élémentaire : mais j'efpere qu'il fera utile pour faciliter l'intelligence des fublimes fpécu lations qui fe trouvent dans les ouvrages que je viens dé citer, & pour mettre en état de faire une application précife dés regles que ces grands Géometres ont établies.

Je ne m'occuperai donc point à chercher s'il eft poffible de donner aux vaiffeaux une forme différente de ceflé qu'ils ont, une forme au une forme au moyen de laquelle ils feroient plus propres à fatisfaire au fervice qu'on exige d'eux. J'adopte en gros la forme reçue; & tout ce que je me propóse, c'est de tirer de cette forme, que je fuppofe être approchante de la plus parfaite, le meilleur parti qu'il fera poffible : je ne m'éleve point jufqu'à indiquer des routes nou velles pour faire des bâtimens de mer meilleurs que ceux qui ont été en usage; je defire seulement mettre ceux qui étudieront la conftruction dans mon Traité, en état de

faire des bâtimens qui n'aient point de défauts essentiels, & qui puiffent égaler les vaisseaux qui se font fait une réputation.

Sans doute que ceux qui font inftruits de l'art que je traite, me blâmeront de l'indécifion qui regne dans tout mon ouvrage. Au lieu de donner plufieurs dimensions qui ont été fuivies en différens temps par divers conftructeurs, n'auroit-il pas été à propos de ne parler que de celles qu'on croit préférables aux autres ? Au lieu de faire une longue énumération des raifons qui pourroient engager à fuivre l'une ou l'autre des pratiques que j'ai rapportées fans prendre de parti, n'auroit-il pas été mieux de décider les questions? Les jeunes gens même pour qui cet ouvrage est fait, auroient probablement préféré un ton affirmatif à des efpeces de plaidoyers contradictoires qui les laiffent dans une indécision embarraffante : il eft jufte de rapporter les raisons qui m'ont déterminé à suivre une route diffé

rente.

Si j'avois pris un parti, je n'ai pas la présomption de croire que c'eût toujours été le meilleur : un ton de maître, étayé de quelques raisons spécieuses, auroit pu cependant en imposer à la jeuneffe, & leur faire adopter de faux principes.

D'ailleurs mon intention étoit d'abord de faire appercevoir les différens degrés par lefquels l'Architecture navale a paffé avant que de parvenir à l'état où elle eft aujourd'hui c'est dans cette vue, que je m'étois propofé de raffembler dans mon ouvrage toutes les pratiques dont j'avois connoiffance. Mais pour remplir ce projet, il auroit fallu multiplier les volumes; c'eft ce qui m'a déterminé à omettre beaucoup de pratiques, furtout les plus an

or,

ciennes : mais c'auroit été tomber dans un défaut oppofé; que de ne donner qu'une feule pratique. Enfin j'ai toujours pensé qu'il falloit exciter les jeunes gens à faire usage de leur efprit, & les engager à acquérir de la fagacité, ou du moins à augmenter celle qu'ils tiennent de la nature : rien n'eft fi utile pour cela, que le doute falutaire que confeille Descartes, que des difcuffions qui laiffent dans une forte d'indécifion, & qui obligent les jeunes gens à approfondir l'objet fur lequel ils travaillent. En un mot, j'ai jugé qu'il feroit avantageux de les mettre dans un embarras dont ils ne peuvent fe tirer que par des réflexions qui font naître des idées, par des méditations qui font distinguer les idées fauffes des vraies, par des combinaifons qui mettent en état de décider fur le parti qu'on doit prendre au contraire, un ton décidé fait des gens de routine. C'est ce ton qui a fait que les Phyficiens fe font contentés, pendant plusieurs siecles, des qualités occultes; que dans les ficcles les plus éclairés on a été longtemps à s'appercevoir que les tourbillons ne pouvoient cadrer avec les loix de la méchanique ; & nous touchons peut-être au temps où l'on fera honteux de la doctrine mal entendue de l'attraction, telle que la foutiennent quelques outrés fectateurs de l'illuftre Newton: mais il convient d'éviter les excès; & comme le foin que j'ai pris de ne point laiffer appercevoir mon fentiment, auroit pu m'engager à trop faire valoir les raisons qui y font contraires, j'aurai attention, dans l'exposé que je vais faire de tout mon ouvrage, de faire appercevoir les pratiques qui me paroîtront mériter la préférence : je prie néanmoins qu'on n'adopte point mes idées fans examen, car je n'ai garde de vouloir substituer une routine à une autre.

Il pourroit appartenir à d'anciens constructeurs qui auroient joint beaucoup de pratique à une théorie suffifante, d'être décidés fur les principes de leur art: mais les jeunes gens feront bien de fe rendre compte de tout ce qu'ils feront, & d'éviter de s'abandonner à une pratique aveugle qui est toujours préjudiciable aux progrès des arts.

PLAN DE L'OUVRAGE.

CHAPITRE PREMIER.

Avant d'expofer les confidérations qui peuvent guider pour fixer les principales dimensions du corps d'un vaiffeau, la longucui, la largeur & le creux auffi-bien que les proportions des différentes parties qui le compofent, comme la longueur de l'étrave, de l'étambot, de la liffe de hourdi, l'élévation des ponts, la rentrée des œuvresmortes, &c, nous avons cru qu'il convenoit de traiter dans un chapitre particulier, de l'usage, des dimensions & de l'échantillon des pieces de charpente qu'on emploie pour la construction des vaiffeaux : ces connoiffances feront utiles à ceux qui n'ont aucune idée de l'architecture navale, ne fût-ce que pour apprendre la fignification de plufieurs termes qui font propres à l'art que nous traitons; mais notre intention n'étant point d'approfondir ce qui regarde la charpente des vaiffeaux, nous nous fommes reftreints à ce qui nous a paru le plus effentiel, comptant que les planches 1, 2, 3 & 4 suppléeront à la briéveté du discours.

CHAPITRE SECOND.

Après quelques réflexions générales fur l'Architecture navale, & après avoir fixé le point de vue fous lequel je

b

T

me propofe de la considérer, je passe à la diftinction des vaiffeaux fuivant leur rang. On voit dans cet article, qu'on a conftruit un grand nombre de vaiffeaux de guerre, qui different les uns des autres par le nombre & le calibre de leurs canons, la quantité de leurs ponts, l'étendue de leurs gaillards, châteaux & dunettes.

Si l'on n'avoit en vue que le progrès de la construction & la facilité du fervice à la mer, on pourroit penfer qu'il eft avantageux de multiplier les rangs & les ordres des vaisseaux : ce seroit le moyen de forcer les conftructeurs à étudier plus à fonds les principes de leur art, puifqu'une fimple routine ne pourroit leur fervir fatisfaire avec honneur à toutes les demandes qu'on leur feroit. A l'égard du fervice à la mer, il eft clair qu'ayant à choifir dans un grand nombre de vaiffeaux de différente grandeur, on pourroit destiner pour chaque expédition les vaisseaux qui y paroîtroient les plus convenables.

pour

Mais des vues d'économie qu'il ne faut point négliger quand il s'agit d'objets auffi confidérables, & la fimplicité du fervice dans les ports, exigent qu'on restreigne les rangs & les ordres des vaisseaux au plus petit nombre poffible. Effectivement, quelle fimplicité dans le fervice des ports, & en même temps quelle économie, fi les mâtures, les agrès & les manœuvres de toute efpece pouvoient être rangées en cinq ou fix claffes qui fuffiroient à tous les befoins de la marine!

En adoptant cette idée, cinq rangs de vaiffeaux pourroient être suffisans; encore le premier rang feroit-il des vaisseaux à trois ponts (en cas que le Roi jugeât à propos d'en avoir quelques-uns dans fes grands ports); & on ne doit pas diffimuler qu'on ne connoît presque pas un vaif

« ZurückWeiter »