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pas que nous penfions que la quille foit capable par fon plus ou moins grand équarissage de résister à l'effort que les vaiffeaux font pour arquer: nous la regardons à cet égard, comme une verge fléxible; mais fi on confidere tout le corps d'un vaiffeau comme un folide, on appercevra que quand cette maffe fait effort pour arquer, toutes les parties d'en bas entrent en contraction, & celles d'en haut en dilatation; c'est par cette confidération qu'il nous paroît que la quille & les bordages de fonds forment un point d'appui, pendant que les ferres, les illoires, les bauquieres & les bordages de fleurs font l'office des tirans. Il nous paroît donc que ces puiffances qui agiffent dans des directions contraires contribuent beaucoup à conferver aux vaiffeaux leur tonture: c'est dans ce fens que nous avons dit qu'une quille longue empêche les vaiffeaux d'arquer, & nous fommes confirmés dans cette pensée par l'observation plufieurs fois répétée de vaiffeaux qu'on a été obligé de refondre, principalement parce que l'étrave & toute la partie de l'avant quittoient le corps du vaisseau; mais dans cette circonstance, comme dans prefque toutes les autres, il faut perdre d'un côté pour gagner d'un autre; ainfi pour que les vaiffeaux ayent moins de difficulté à arriver, pour être difpensé de porter le mât de mifaine trop en avant, ce qui rend les manoeuvres de l'avant difficiles à exécuter, ôte de la folidité au beaupré, & diminue trop l'ouverture de l'angle qui eft formé par l'étai de mifaine, nous penfons qu'il faut donner de l'élancement à l'étrave: mais il faut éviter les excès oppofés dans lefquels font tombés les. Anciens ; & fans vouloir mettre de la précifion où elle n'est point néceffaire, il nous paroît qu'on se tiendra

dans des limites affez juftes, en faifant enforte que le pied du mât de mifaine repose sur le brion, en commençant l'élancement à un pied en avant du mât de misaine (placé, comme nous l'avons dit Art. 24), & l'élancement pourra fe terminer à la ligne du premier pont; car le furplus de la longueur de l'étrave n'étant plus expofé à l'action de l'eau, on peut lui donner telle forme qu'on voudra.

Nous avons dit qu'une grande différence de tirant d'eau étoit nuifible aux vaiffeaux qui avoient à paffer dans des endroits où il y a peu d'eau, & en général pour tous les bâtimens qui font fujets à échouer; & nous avons remarqué que les vaisseaux de guerre ne doivent point se trouver dans ces circonstances; ces raifons ne doivent point empêcher de leur conferver de la différence de tirant d'eau; mais j'éviterois d'en donner beaucoup, car on a des exemples de vaisseaux qui ont touché par accident, & qui fe feroient perdu s'ils avoient eu une grande différence de tirant d'eau.

Nous ne nous arrêterons point à difcuter ce que nous avons dit de la hauteur perpendiculaire de l'étrave, ni de la longueur de l'étambot, non plus que de celle de la lisse de hourdi.

Mais l'acculement de la maîtresse varangue m'engage à faire une réflexion. J'ai vu des conftructeurs qui prétendent qu'il faut faire les vaiffeaux courts, pour qu'ils puiffent virer plus aifément de bord. A ne confidérer que cette manoeuvre, ils ont raison; mais ces mêmes constructeurs font les varangues très-acculées, dans la vue d'éviter la dérive, ainfi ils ne font pas attention que le grand acculement de la varangue fait un obstacle pour

virer de bord, & que rien n'est si propre à rendre un vaisseau bon boulinier, que d'augmenter un peu fa longueur : néanmoins quoiqu'il foit certain que la qualité d'être bon boulinier, & celle de virer de bord aisément, font abfolument incompatibles, & qu'on foit contraint de fe réfoudre à perdre un peu d'un de ces deux avanta ges pour pouvoir acquérir l'autre, il nous paroît qu'un des meilleurs moyens qu'on puiffe employer pour préve nir la dérive fans perdre l'avantage de virer de bord aifément, eft d'augmenter l'acculement de la maîtreffe varangue: ainfi je ne blâme point l'acculement pour les vaiffeaux qui ne font pas dans le cas d'échouer, & il eft. furtout néceffaire pour les frégates, qui fans cela dériveroient beaucoup.

Nous terminons ce qui regarde la partie submergée des vaiffeaux, par dire quelque chofe de la longueur de la position de la maîtresse varangue, & de l'élévation des façons : le calcul de la résistance du fluide dont il fera parlé dans le neuvieme Chapitre, fervira à indiquer à quelle pratique on doit donner la préférence.

Nous commençons ce qui regarde l'œuvre-morte par le couronnement; fon contour dépend du goût du conf tructeur, & fon élévation de la pofition des ponts qui fait le fujet de l'Article fuivant.

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Nous avons dit à l'occafion des proportions du gouvernail qu'elles devroient être établies fur la longueur des vaiffeaux, & il y a lieu de préfumdo que quelques conf> tructeurs de Breft en ont agi de même; car je crois qu'il y a des vaiffeaux dont le gouvernail eft un peu plus large qu'il ne devroit l'être, fi (en fuivant l'ufage ordinaire on l'avoit proportionné à la largeur du vaiffeaut

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coup

La fortie de l'éperon & de la voûte d'arcaffe ne font pas des chofes affez effentielles pour que nous nous y foyons arrêté ; mais j'ai cru devoir difcuter la question de la rentrée qui partage les marins. Mon intention n'a été ni d'approuver la grande rentrée, ni de condamner les vaiffeaux qui en ont beaucoup ; j'ai feulement voulu prouver,1°. Que la rentrée des œuvres-mortes eft néceffaire. 2°. Qu'il y auroit de l'inconvénient à en trop donner. 3°. Que la feule inspection & le d'œil font quelquefois trompeurs, & que, pour décider si un vaisfeau a trop de rentrée, le plus fûr feroit d'examiner l'angle que les aubans font les uns à l'égard des autres ou avec le grand mât; car il faut bien prendre garde qu'en: voulant éviter de donner trop de rentrée, on ne tombe dans un défaut oppofé, peut-être plus dangereux en en de poudonnant trop peu; & il est bien avantageux. fommes provoir pincer le vent; c'eft ce que nous nous pofés de prouver dans l'Article 22 que nous avons fort

éténdu.

Nous terminons ce Chapitre par ce qui regarde le couple du coltis, la fituation des mâts, celle des panneaux, des bittes & du grand cabestan.

fiavant

CHAPITRE TROISIEME.

On ne pourroit exécuter les édifices civils & militaires, fi avant de les commencer, on n'avoit pas fait des plans & des profile qu'on change & qu'on rectifie jufqu'à ce qu'on foit parvenu au point de perfection qu'on defire; l'Architecture navale exigeant encore plus de précision & d'exactitude que les bâtimens qui font fondés fur un terrein folide, les Conftructeurs font plus indifpenfa

blement

blement obligés d'être guidés par des plans & des coupes qui ayent été faites avec toute l'exactitude poffible, qu'on ait examiné par les calculs les plus exacts, & qu'on ait foumis à la critique la plus févere. Il étoit donc à propos, après avoir inftruit les jeunes gens des principales dimenfions qu'on peut donner aux vaiffeaux, des noms & des ufages des pieces qui forment par leur affemblage les citadelles flottantes, de leur apprendre à faire les différens plans & coupes du vaiffeau qu'ils fe proposeront d'exécuter.

L

Le plan qui représente le vaiffeau vu de côté perpendiculairement à la quille, qui en fait appercevoir toute la longueur, fe nomme le plan d'élévation: il fait l'unique. objet du troisieme Chapitre. Ainsi après avoir fait quelques réflexions générales fur les différens plans que les Constructeurs ont coutume de faire pour un même vaisseau, & après avoir donné le devis du vaiffeau de 70 canons que je prends pour exemple, j'explique, dans le plus grand détail & avec affez de clarté pour être entendu de ceux même qui n'ont aucune connoiffance de l'Architecture navale, toutes les opérations qui font néceffaires pour faire un plan d'élévation; chaque opération eft détaillée dans un article qui lui appartient, & chaque article commence par une exposition abrégée de la regle qu'on doit fuivre, de laquelle on donne tour de fuite l'application qui eft relative aux planches 5 & 6, qu'on a eu foin de faire affez grandes, pour qu'on pût

fuivre le difcours le compas à la main,

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Mon intention étant d'être principalement utile aux jeunes gens, j'ai placé de temps en temps des remarques

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