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feau à trois ponts qui n'ait eu de grands défauts, comme
de ne point porter la voile ou de manquer de batterie. Le
Royal-Louis, qui, fuivant tous les marins, étoit un chef-
d'œuvre, eût manqué de batterie, fi on l'eût armé en
guerre & avec l'artillerie qu'il devoit porter: ce n'est pas
qu'on ne pût procurer une batterie suffisamment élevée à
des vaiffeaux de ce rang;
mais il y auroit tout lieu de
craindre que ce ne fût aux dépens des autres bonnes quali-
tés qui ont fait la réputation du Royal-Louis.

Je fçais qu'on a conftruit, à Brest, un autre Royal-Louis qui a eu le malheur de brûler fur fon chantier : ce vaiffeau étoit percé à sa premiere batterie, de 16 fabords pour des canons de 36 liv., & 11 purtoit à sa seconde batterie 17 canons de 24. Mais afin que des vaisseaux chargés d'une auffi groffe artillerie puiffent naviguer & avoir leur premiere batterie fuffifamment élevée, il leur faut une carene de très-grande capacité; il eft furtout néceffaire d'augmenter leur largeur, d'où s'enfuit une mâture fort élevée, de groffes manœuvres, & généralement des agrès très-pefans, qui fatiguent beaucoup les équipages : on peut, il eft vrai, les rendre plus nombreux; mais il n'est pas poffible d'augmenter la force particuliere de chaque homme: c'est cependant ce qui feroit néceffaire, puifque quelquefois on ne peut employer qu'un certain nombre d'hommes pour exécuter une manœuvre. Ces confidéra- Premier tions me font penser qu'il n'eft pas du bien du fervice de rang. faire d'auffi gros vaiffeaux, & qu'on pourroit fixer ceux du premier rang à porter fur leur premier pont 30 canons de 36 livres; fur le fecond, 32 de 18; fur le troisieme pont, 30 canons de 12; fur les gaillards, 18 de && de 6 liv.: ce qui fait en tout 110 canons. Un teļ

Second rang.

vaiffeau eft affez fort pour repréfenter à la tête d'une armée; & faisant enforte qu'il ait une belle batterie, il pourra naviguer aisément & fûrement.

On a encore de meilleures raifons pour ne point approuver les vaiffeaux à deux ponts avec des gaillards, auxquels on feroit porter fur le premier pont, 30 canons de 36, & fur le fecond, 32 canons de 24, avec des canons de 8 fur les gaillards.

Un vaiffeau à deux ponts ne peut être auffi-bien lié que celui qui en a trois : un bâtiment percé de 15 fabords pour du 36, eft néceffairement fort long. Or, tous ceux qui connoiffent d'où dépendent les liaisons des vaisseaux, conviendront que celui qui eft long a besoin d'être mieux lié qu'un autre qui eft court; d'où il fuit que les vaiffeaux à deux ponts ne doivent point porter du 24 fur leur fecond pont: quelque attention qu'on apportât à fortifier leurs liaisons, on peut être certain qu'ils arqueroient très-promptement fous le poids énorme de cette artillerie; d'ailleurs un tel vaisseau exigeroit un auffi fort équipage que s'il avoit trois ponts; & comment loger 1000 ou 1200 hommes dans un feul entrepont ?

par

Je crois donc que les vaiffeaux du fecond rang pourfans gaillards, ou plutôt les gailroient avoir trois ponts lards qui formeroient le troisieme pont, seroient joints des caillebotis, comme on l'a vu au Tonnant ; car, au moyen de ces caillebotis, on ménageroit d'un bout à l'autre du vaiffeau, des ferres, des gouttieres, & même un rang d'hiloires; & ces pieces rendroient la liaison de ce vaiffeau presque auffi parfaite que celle d'un vaiffeau à trois ponts.

Au refte ces vaiffeaux porteroient fur leur premier pont,

30 canons de 36 liv.; fur le fecond, 32 de 18 liv., & fur les gaillards, 18 de 8 liv. ; ce qui fait en tout 80 pieces de

canon.

De tels bâtimens, qu'on pourroit regarder comme n'ayant que deux ponts, feroient, au moyen du pont de caillebotis, très-bien liés & en état de porter leur groffe artillerie : les hauts étant légers, ils porteroient très-bien la voile; au moyen du pont de caillebotis, la feconde batterie pourroit être fervie, fans être incommodée par les manœuvres : ils feroient donc fort propres pour la guerre, de force à être commandés par des officiers généraux, & ils pourroient tenir la mer dans les mauvaises faifons, car en étendant des prélats fur les caillebotis, on ménageroit une retraite à une partie de l'équipage.

Les vaifleaux du troifieme rang pourroient avoir deux ponts avec des gaillards portant fur leur premier pont, 28 canons de 36; sur leur fecond pont, 30 canons de 18; & fur les gaillards, 16 canons de 8 : en tout 74 canons.

Comme ces vaiffeaux n'auroient que deux ponts qui feroient chargés d'une affez groffe artillerie, & comme ils pourroient être destinés pour de grandes navigations, il feroit néceffaire de les lier avec beaucoup de foin, en augmentant la force des gouttieres; & en faifant les gaillards d'avant & d'arricre de même hauteur, on pourroit mettre fur le bord de la courfive, une espece d'hiloire qui, étant bien étendue, formeroit une bonne liaison : de plus, quand ces vaiffeaux commenceroient à être fur le retour, ou, quand on les destineroit pour de grandes navigations, on pourroit les foulager, en ne mettant fur le premier pont que des canons de 24 liv., fur le fecond du 12, ou en retranchant les canons des gaillards.

que

Troifleme

rang.

Quatrieme

rang.

Cinquieme rang.

Ces bâtimens pourroient combattre en ligne, être à la tête des convois & des efcadres, en un mot ils paroiffent propres à toute forte de fervice.

Les vaiffeaux du quatrieme rang pourroient porter fur leur premier pont, 26 canons de 24; fur le fecond, 28 de 12; & fur les gaillards 10 de 6, en tout 64 canons, ils pourroient combattre en ligne, former les convois & les efcadres, être deftinés pour les Colonics & pour les expéditions éloignées, car cet efpece de bâtiment eft excellent pour tenir la mer.

Enfin les vaiffeaux du cinquieme rang porteroient fur leur premier pont 24 canons de 18; fur leur fecond, 26 canons de 12 en tout 50.

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Ils feroient un peu foibles pour fe préfenter en ligne, mais on pourroit les deftiner pour les convois, pour les escadres, pour protéger le commerce dans les Colonics,

&

pour les expéditions éloignées; d'ailleurs quand ils ne seroient plus en état de porter leur artillerie, on pourroit en retranchant la premiere batterie, & en mettant des canons de 8 fur le second pont, les armer en Alûtes, & en faire des bâtimens de charge.

Outre ces cinq rangs de vaiffeaux qu'on pourroit regarder comme le fond de la Marine du Roi, il feroit néceffaire d'avoir de différentes efpeces de bâtimens qu'on conftruiroit pour fatisfaire à des vues particulieres. Par exemple, des vaiffeaux de la force de ceux du fur lefquels on mettroit quatrieme rang de peu canon, calibre, qu'on tiendroit fort ras, auxquels mais de gros on effayeroit de procurer la marche la plus légere, feroient excellens pour la courfe; car comme les croificres ne doivent pas ordinairement être fort longues, il

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fuffit que la cale puiffe contenir pour quatre mois de vivres, & l'équipage de même que l'Etat Major, peuvent fe paffer de beaucoup de commodités qui feroient néceffaires fi on étoit obligé de tenir la mer pendant fept ou huit mois ; il feroit à propos que les conftructeurs fuffent à l'égard de ces bâtimens, entiérement les maîtres de pratiquer tout ce qui peut être avantageux à la marche, furtout au plus près, cette qualité étant absolument importante à des vaisseaux qu'on destine à faire la course.

Il est néceffaire d'avoir des frégates pour la garde-côte, pour fuivre les armées, accompagner les efcadres, & porter des ordres.

Nous approuvons fort le parti qu'on a pris de n'en plus faire qu'à une seule batterie; les frégates, pour la gardecôte & pour de petites expéditions, doivent être un peu fortes de canon, afin de pouvoir prêter le côté aux Corfaires; mais celles qui font destinées à fuivre les armées navales, ou à porter des ordres, n'étant point faites pour combattre, il conviendroit de ne les charger que d'une artillerie très-légere, & je voudrois qu'elles fuffent conftruites uniquement dans la vue d'être fines voilieres, afin qu'elles puffent fe rendre promptement à leur deftination en évitant tous les vaiffeaux qu'elles rencontreroient. Ces frégates, qui pourroient être armées avec très-peu de monde, feroient d'une grande utilité en tems de guerre.

Il est encore néceffaire d'avoir des flûtes, des gabares, des chattes, en un mot des bâtimens de charge, dont la perfection confifte à être d'un grand port, & à pouvoir naviguer avec peu de monde; l'exemple du Chameau & du Charriot-Royal, prouve qu'on peut fatisfaire à ces conditions.

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