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largeur, parce que tous les agrès, apparaux & la mâture fe fixant fur la longueur du maître bau, la mâture, les ancres, & une partie du grayement d'un vaiffeau, pourroient fervir à un autre de même rang; ce qui produiroit une grande économie, fans gêner les conftructeurs dans leur travail : car quoique la largeur des vaiffeaux, confidérée relativement à leur longueur, ait fouffert bien des variétés, la largeur abfolue fe trouve néanmoins à peu près la même pour tous les vaiffeaux de même rang. En voici des exemples:

L'Intrépide, le Sceptre, le Magnifique, le DauphinRoyal, tous ces vaiffeaux de 74 canons ont eu 43 pieds de largeur; le Superbe & l'Espérance de même rang, 42 pieds, leur creux ayant un pied de plus.

De même, dans les vaiffeaux de 64 canons, le Lis, l'Hercule, le Protée, l'Illuftre, l'Opiniâtre, le Dragon, le Léopard, le S. Laurent, ont tous eu 40 pieds de largeur, à 5 ou 6 pouces près.

Les constructeurs, fans être gênés par aucun réglement, ont donc donné des largeurs à peu près pareilles aux vaiffeaux de même rang; ce qui prouve qu'on peut, fans les empêcher de travailler à la perfection de leur art, fixer des largeurs précifes pour chaque rang & chaque ordre de vaiffeau; & cela dans la vue d'une économie qui ne peut être qu'avantageufe au bien du fervice. Mais cette largeur affez généralement adoptée par les conftructeurs, & qui convient au fervice de l'artillerie & à la bonne navigation, n'eft plus fuffifante, quand on donne aux vaifvaiffcaux de guerre des vivres pour plus de fix mois, & une grande quantité d'eau : ainfi, fi on augmentoit la charge, il faudroit néceffairement étendre la largeur & le creux; car le renflement des gabaris aux vaiffeaux, qui n'ont que la largeur précise qui leur convient, ne peut être porté affez loin pour fe procurer une belle batterie.

Mais on prend cette dimenfion à la ligne de flottaifon, quand on veut calculer la capacité de la carene, & au niveau du pont, s'il eft queftion de fixer les proportions

du grayement ou de la garniture: outre cela, les conftruc teurs mefurent la largeur des vaiffeaux, tantôt en dedans des membres, & tantôt en dehors. Comme ces différentes façons de mefurer la largeur des vaisleaux, causent de l'incertitude, c'eft la largeur au maître bau & au dehors des membres qu'il faudroit fixer, pour remplir les vues d'économie qu'on a, relativement aux manœuvres & à la mâture, quoiqu'on foit obligé, pour les calculs, de connoître la plus grande largeur du vaiffeau à la ligne de flottaifon & au dehors des bordages.

Un des plus sûrs moyens d'établir une uniformité de largeur pour tous les vaiffeaux de même rang, seroit de fixer le rang des vaiffeaux fur la longueur du maître bau, comme nous l'avons dit plus haut.

VIII.

Du creux des Vaiffeaux, & du relevement du premier pont.

Le creux eft la distance qu'il y a entre le deffus de la Ch.1, art.27. quille & le deffus du bau du premier pont, non compris le bouge de ce bau.

Comme on donne ordinairement un peu de relevement au pont à l'avant & à l'arriere, il en résulte que le creux eft plus grand en ces endroits, qu'au milieu; & la différence du tirant d'eau augmente encore beaucoup le creux de l'arriere, & diminue celui de l'avant : mais quand on parle du creux d'un vaiffeau, c'est du creux du milieu, ou vis-à-vis le maître gabari, dont il s'agit; car le creux de l'arriere eft le creux du milieu, plus la tonture du pont, & encore la moitié de la différence du tirant

d'eau.

Le creux de l'avant eft le même que celui de l'arriere, moins toute la différence du tirant d'eau.

On

a cru qu'en donnant du relevement au pont à l'avant & à l'arriere, les vaiffeaux en avoient plus de grace: mais cette raifon eft de bien peu de conféquence, puifqu'elle

n'eft fondée que fur le goût, ou, pour ainfi dire, fur la mode. Il eft vrai qu'au moyen de ce relevement, ou de la tonture du pont, un vaiffeau qui eft arqué, ne paroît pas l'être mais comme la tonture n'empêche point les vaiffeaux de s'arquer, & qu'au contraire elle peut contribuer en quelque chofe à leur donner ce défaut, parce que cette élévation augmente un peu le poids à l'avant & à l'arriere, il vaudroit autant la fupprimer, ou du moins la réduire à très-peu de chofe, comme le font aujourd'hui la plupart des bons conftructeurs. La principale utilité que nous appercevons à donner de la tonture au pont, c'est que l'eau, au lieu de fe porter aux extrêmités, vient se rendre au milieu; ce qui eft toujours avantageux.

Il ne conviendroit pas de fupprimer entiérement la tonture du pont en avant, parce que cette partie du vaisfeau étant destinée à fendre la lame, elle est toujours plus fubmergée que l'arriere. En donnant du relevement du côté de l'avant, on se met donc en état de fe fervir plus fouvent des premiers canons de la premiere batterie, que fi le creux étoit égal dans toute la longueur du vaiffeau.

On doit conclure de tout ceci, qu'il convient d'augmenter le creux à l'arriere, & encore plus à l'avant; mais qu'il ne faut pas porter cette augmentation auffi loin qu'on le faifoit autrefois, & que le font encore les Hollandois.

Nous parlerons dans un moment de la quantité de ce relevement: mais il faut auparavant dire ce que nous penfons du creux pris au maître gabari.

Il eft évident que la longueur & la largeur des vaiffeaux étant fixées, le creux contribue beaucoup à donner aux vaiffeaux une belle batterie; condition très-importante pour les vaiffeaux de

guerre.

Je dis que le creux ne fait que contribuer à donner une belle batterie, parce qu'on verra dans la fuite, qu'en tenant la varangue courte, fort acculée, & pinçant beaucoup les façons, un vaiffeau pourroit avoir beaucoup de creux, fans avoir une batterie élevée, & qu'en alongeant la varangue & enflant les façons, un vaiffeau qui n'auroit

qu'un creux médiocre, pourroit avoir une très-belle batterie. Il ne faut donc pas, pour décider du creux que doit avoir un vaisseau, ne confidérer que l'élévation de la batterie; il faut de plus avoir en vue qu'il dérive peu, qu'il porte bien la voile, & qu'il déplace dans fon fillage le moins d'eau qu'il eft poffible: mais nous ne pouvons traiter préfentement toutes ces queftions; ainfi nous allons rapporter quelle eft la pratique des conftructeurs; pratique qui eft fondée fur des obfervations, mais dont il convient fouvent de s'écarter.

Anciennement la plûpart faifoient le creux au maître gabari, égal à la huitieme partie de la longueur du vaiffeau fuivant cette regle, un vaiffeau du premier rang qui avoit 168 pieds de longueur, auroit eu 21 pieds de creux; mais comme on s'eft apperçu que ce creux n'étoit pas fuffifant, on y a ajouté un pied, pour donner plus d'élévation à la batterie, & plus de capacité au fond de cale, obfervant de ne pas relever la ligne du fort, à caufe de cette augmentation du creux, mais de la continuer à proportion du relevement du pont. Sur ce pied, un vaiffeau de 168 pieds de longueur, auroit 22 pieds de creux cette regle n'eft pas bonne; car le creux feroit d'autant plus grand, que le vaiffeau feroit plus long; au lieu que le creux doit diminuer à proportion qu'on alonge le vaiffeau.

Dans la plupart des vaiffeaux, le creux au milieu est égal à la moitié de la largeur: ainfi, fi la largeur du vaiffeau qui nous vient de fervir d'exemple, étoit de 47 pieds, le creux feroit de 23 pieds & demi. Il y a des conftructeurs qui diminuent 1 pied de cette quantité, & qui ne donneroient par conféquent que 22 pieds & demi à un tel vaiffeau: mais ceux-là font leur varangue platte. Il convient de répéter ici la même obfervation que nous venons de faire, à l'occafion de la longueur : car en faifant le creux égal à la moitié de la largeur du vaiffeau, on augmente le creux proportionnellement à cette lar geur; ce qui ne devroit pas être, puisqu'un vaisseau qui

a peu

de largeur, aura immanquablement fa batterie noyée, fi on n'augmente pas beaucoup le creux.

Les constructeurs qui donnent au creux la moitié de la largeur du vaiffeau, ne fuivent exactement cette regle, que pour les vaiffeaux depuis 46 canons jusqu'au deffus; mais pour une frégate de 28 ou de 32 canons, ils prennent pour le creux 5 pouces 8 lignes par pied de là larla geur ainfi on donneroit à un vaiffeau qui auroit 29 pieds de largeur, 13 pieds 8 pouces, & 4 lignes de creux.

Pour une fregate de 22, de 16 & de 12 canons, ils prennent 6 pouces 6 lignes par pied de la largeur. Les conftructeurs ont donné de creux aux vaiffeaux, la moitié de leur largeur; & ils ont jugé que, fi l'on diminuoit de ce creux, ils feroient fujets à dériver, parce qu'ils auroient moins de pied dans l'eau. Il eft clair qu'on peut prévenir la dérive, en augmentant leur longueur, ainfi qu'en augmentant le creux; & comme dans les nouvelles conftructions on a augmenté la longueur, il est évident qu'on peut diminuer un peu le creux, fans s'expofer à dériver. Sur ce pied pour les vaiffeaux, on pourroit faire le creux de la moitié de la largeur, diminuée d'environ 6 pouces. Le creux des frégates pourroit être égal à la moitié de leur largeur, parce que ces bâtimens font fujets à dériver. A l'égard des flûtes, comme elles doivent être fpacieufes, le creux doit être au moins de la moitié de leur largeur. Il faut donner quelques exemples.

Le Dauphin-Royal, qui avoit 43 pieds de largeur, & la varangue un peu acculée, avoit de creux 20 pieds 6 pouces.

Le Fleuron, à varangue platte, qui avoit de largeur 39 pieds 4 pouces, avoit de creux 18 pieds 8 pouces. Le Mars, auffi à varangue platte, qui avoit 39 pieds de largeur, avoit 18 pieds 2 pouces de creux. Le Monarque & l'Intrépide, qui avoient 43 pieds de largeur, avoient 20 pieds 6 pouces de creux. L'Alcide, qui avoit 40 pieds 6 pouces de largeur, avoit 19 pieds 4 pouces de creux.

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