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Chap. II,

art. 9.

lidité de ces grandes maffes qui doivent résister aux fureurs de la mer, capables de renverfer tous les jours des jettées & d'autres édies fondés fur les meilleurs terreins, & bâtis avec toute la folidité poffible. Quoique je ne me fois point prope de traiter expreffément de toutes ces parties qui demanderoient un ouvrage plus étendu, je ne puis me diípenfer de dire quelque chofe des principales pieces qui entrent dans la conftruction des vaiffeaux, en faveur de ceux qui n'ont aucune connoiffance de la marine, afin qu'ayant pris une idée générale de leur pofition & de leur ufage, ils ne foient point arrêtés par des noms qui ne fervent que dans la conftruction; fans ce fecours, ils auroient peine à concevoir ce que nous dirons dans la fuite: mais je reftreindrai ce chapitre à ce qui me paroîtra le plus effentiel, d'autant qu'on ne peut guere donner de regles juftes fur ces fortes de dimenfions, parce que les conftructeurs font forcés de s'écarter de l'ufage le plus ordinaire, fuivant les circonftances, & particuliérement relativement à la qualité du bois qu'ils doivent employer; car on pourroit diminuer l'échantillon, fi on avoit des bois de la premiere qualité, & on eft obligé de l'augmenter, quand la qualité des bois eft médiocre. Néanmoins la table qui est à la fin de ce chapitre, fournira des à-peu-près fort utiles à ceux qui n'ont point un grand ufage de la Construction.

I

De la Quille. A.

Si on compare la carcaffe d'un vaiffeau à un fquelette, les membres ou couples en font les côtes, & la quille l'épine du dos: elle eft la premiere piece qu'on met fur le chantier de conftruction; & pour s'en former une idée il faut fe représenter une ou plufieurs groffes poutres qu'on place bout à bout, & qu'on affemble les unes aux autres, par des empatures ou entailles, qui étant faites dans les deux pieces, forment un affemblage à mi-bois, qu'on

retient avec de groffes chevilles de fer, frappées pardeffous la quille, & clavetées ou rivées fur des viroles au deffus de la carlingue. Les empatures ont ordinairement de longueur, quatre fois l'épaiffeur de la quille. Peutêtre n'y auroit-il pas d'inconvénient de fupprimer les empatures, & de faire répondre les pieces de quille bout à bout, en doublant les écarts par les pieces de contre-quille & de la carlingue.

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les ex

La plupart des anciens constructeurs vouloient que quille fe courbât dans fon milieu, & relevât par trêmités, ou, en terme d'art, ils lui donnoient de la tonture, afin que l'eau fe rendît au milieu où eft l'archipompe mais à caufe de la différence du tirant d'eau, cette raison ne vaut rien. Si leur intention a été d'empêcher les vaiffeaux d'arquer, en donnant à la quille une courbure en fens contraire, ils ont eu plus de raison, quoique cette courbure foit plus propre à faire que les vaiffeaux ne paroiffent point arqués, qu'à empêcher qu'ils n'arquent réellement: mais il n'eft plus guere d'ufage de donner de la tonture à la quille.

Comme la virure ou la file de bordage la plus baffe doit être calfatée avec la quille, on fait fur elle une feuillure ou rablure, pour recevoir ces bordages.

Voici les regles de dimenfion qui ont été adoptées par différens Conftructeurs.

La hauteur ou la face verticale de la quille eft un huitieme de fa longueur réduite en pouces, ou, ce qui revient au même, la hauteur perpendiculaire de la quille au deffus des tins ou chantiers qui la portent, est de 1 ligne 6 points par pied de fa longueur : la quille a cette même hauteur dans toute fa longeur.

I

La largeur horizontale de la quille eft de 10 lignes 8 points par pouces de fa hauteur.

On donne à la quille plus de hauteur que de largeur, parce que les empatures font prifes dans ce fens, & qu'à quantité égale de matiere, elle en eft plus forte.

La profondeur de la rablure de la quille eft réglée par

l'épaiffeur du bordage le plus bas, qu'on nomme Gabord: mais pour ne point trop affoiblir la quille, fa profondeur n'eft ordinairement que des trois quarts de l'épaiffeur du gabord. La rablure, tant de la quille que du ringeot, ainfi que celle de l'étrave & de l'étambot, font ponctuées fur la planche premiere.

I I.

Du Ringeot ou Brion. I.

La piece qui termine la quille du côté de l'avant, s'appelle le Ringeot: elle est affemblée avec les autres pieces de la quille, par une empature; mais elle a à fon autre extrêmité, un crochet en fauffe équerre, qui fert à l'affembler avec l'étrave.

Le ringeot a la même hauteur que la quille, excepté au collet ou à l'angle que le crochet fait avec la portion du ringeot qui forme la prolongée de la quille: on laiffe en cet endroit plus d'épaiffeur: fa largeur est la même que celle de la quille par le bout qui lui répond, & la même que celle de l'étrave par le bout qui y aboutit : on ménage fur le crochet du ringeot, une dent, ou quelquefois un tenon, pour recevoir la gorgere.

I I I.

De la Contre-quille. a.

La contre-quille eft formée de groffes pieces de bois qu'on met fur la quille pour la fortifier & diminuer l'acculement des varangues de l'avant & de l'arriere.

La contre- quille de l'avant regne depuis la contreétrave, avec laquelle elle eft empatée, jufqu'au couple dur balancement de l'avant; celle de l'arriere s'étend depuis l'étambot, avec lequel elle eft jointe par une courbe, jusqu'au couple du balancement de l'arriere : la contre-quille eft jointe à la quille par des clous. La contre-quille de l'avant eft jointe avec la contre-quille de l'arriere, par un

bordage de 3, 4 ou 5 pouces d'épaiffeur, fuivant le rang des vaiffeaux; & c'eft fur ce bordage qu'on pratique les entailles des couples, pour ne point affoiblir la quille, & la pouvoir changer plus facilement en cas de befoin. Ce bordage s'appelle auffi contre-quille : ainfi on peut dire que la contre-quille regne de l'avant à l'arriere, en obfervant qu'elle augmente d'épaiffeur vers les extrêmités.

On met quelquefois fous la quille, lorsqu'elle est endommagée, une piece qu'on nomme auffi contre-quille ou fauffe quille, & qui fert en même temps à empêcher les vaiffeaux de dériver.

Les contre-quilles de l'avant & de l'arriere, ont de largeur, à-peu-près, les deux tiers de celles de la quille, & de hauteur toute celle que les pieces peuvent porter, pour diminuer l'acculement des fourcats.

I V.

De l'Etrave. C.

L'étrave eft une ou plufieurs pieces de bois courbes, Chap. II; qu'on affemble à la quille, ou plutôt au ringeot, par une att. 11. empature, comme les pieces de quille le font les unes avec les autres: elle termine le vaiffeau par l'avant : on la fait ordinairement de deux pieces empatées l'une à l'autre.

Les empatures de l'étrave ont de longueur à peu près quatre fois l'épaiffeur de la quille.

Comme les bordages & les préceintes de l'avant vont fe terminer fur l'étrave, on y fait une rablure M pour les recevoir.

On a coutume de piéter l'étrave, c'est-à-dire qu'on la divise en pieds, fuivant une ligne perpendiculaire: ces divifions font très-commodes dans l'armement, pour con-noître le tirant d'eau des vaiffeaux à l'avant.

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La largeur de l'étrave eft égale à la largeur de la quille par le bas fon épaiffeur en cet endroit eft auffi égale à l'épaiffeur de la quille, & elle conferve fes dimensions dans toute fa longueur.

Nous parlerons dans le chapitre suivant, art. 11, de la hauteur perpendiculaire de l'étrave, & nous expliquerons dans le chapitre III, la façon de tracer la cour

bure.

V.

De la Contre-étrave. E.

La contre-étrave eft une piece courbe, faite ordinairement de deux morceaux: on pofe la convexité de la contre-étrave fur la concavité de l'étrave; elle fert à la fortifier & à lui donner plus de liaison avec la quille: il faut que les empatures de la contre-étrave foient éloignées le plus qu'il eft poffible de celles de l'étrave; les liaisons en font meilleures.

La contre-étrave eft jointe à l'étrave par de gros clous, qu'on frappe par le côté concave de la contre-étrave, & qui doivent pénétrer dans l'étrave des deux tiers de fon épaiffeur.

On la fait de même largeur que l'étrave; mais fon épaiffeur n'eft que les deux tiers de celle de l'étrave: quelquefois la piece d'en bas de la contre-étrave forme une courbe dont la branche horizontale couvre la contrequille, & la branche verticale s'appuie sur l'étrave, faifant le commencement de la contre-étrave: on peut nommer alors cette piece, la courbe de l'étrave ; car quand le bas de la contre-étrave ne forme pas cette courbe, on cft obligé d'en ajouter une qui fasse la même liaison de la quille avec l'étrave.

V I.

Des Marfouins. 0.

L'avant & l'arriere font encore liés par des pieces de bois courbes, qu'on nomme Marfouins: ordinairement chaque marfouin eft formé de deux morceaux.

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