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point les obstacles que les ducs devaient élever contre cette nouvelle prétention. Les femmes de la cour, dont Louis XV devait attendre le plus de soumission et de déférence, jouéèrent un rôle opiniâtre et fier, opposant une résistance invincible à la demande du roi de laisser danser mademoiselle de Lorraine immédiatement après les princesses du sang; leur fermeté alla jusqu'à se priver du bal, plutôt que de se laisser dépouiller du droit de danser les premières. Madame de Bouillon, parmi toutes ces dames, se distingua par l'éclat de ses refus et de ses observations. Louis XV en parut si offensé, que cette dame ne revint plus à la cour. La dauphine, de son côté, en eut un tel dépit, qu'elle se procura'une des lettres que Louis XV avait écrites aux pairs. Elle la renferma dans sa cassette, et y ajouta ces mots : Je m'en souviendrai. Cependant, pour terminer la fête, mademoiselle de Lorraine accepta de danser avec la duchesse de Duras, que sa place retenait à la conr. Ce moyen terme diminua le scandale des dames, des refus et des observations, et tempéra l'éclat de sa retraite et du retour à Paris des dames titrées qui avaient refusé de danser au mariage de la jeune princesse.» (Mém. hist. et polit. du règne de Louis XV1, T. II. )

Note (L), page 221.

«<--Les habits portés au sacre par les principales dignités sont, par leur richesse et leur forme antique, un des objets les plus curieux de cette solennité. Les pairs laïcs étaient vêtus d'une veste d'étoffe d'or qui leur descendait jusqu'à la moitié des jambes ; ils avaient une ceinture mêlée d'or, d'argent et de soie violette,

et par-dessus leur longue veste un manteau ducal de drap violet, doublé et bordé d'hermine; leur collet rond était aussi d'hermine; ils avaient tous une couronne sur un bonnet de satin violet, et le collier de l'ordre du Saint-Esprit par-dessus leurs manteaux.

» Le capitaine des cent-suisses de la garde du roi était habillé d'argent, avec un baudrier de pareille étoffe et brodé; un manteau noir doublé de drap d'argent et garni de dentelles, ainsi que ses chausses troussées, et une toque de velours noir garnie d'un bouquet de plumes. Le grand-maître et le maître des cérémonies étaient vêtus de pourpoints d'étoffe d'argent, de chausses retroussées de velours raz-noir, coupé par. bandes, ayant des capots aussi de velours raz-noir garnis de dentelles d'argent, avec une toque de ve.. lours noir chargée de plumes blanches.

>> Tout étant disposé pour donner à la cérémonie da sacre l'éclat et la pompe convenables, le dimanche 11 juin, dès les six heures du matin, les chanoines, tous en chape, arrivèrent dans le chœur, se placèrent dans les hautes stalles, et furent bientôt suivis de l'archevêque duc de Reims, des cardinaux et prélats invités, des ministres, des maréchaux de France, des conseillers d'État et des députés des différentes compagnies : chacun prit sans confusion la place qui lui avait été marquée.

>> Vers les six heures et demie, les pairs laïcs arrivérent du palais archiepiscopal. Monsieur représentait le duc de Bourgogne; M. le comte d'Artois celui de Normandi e et le duc d'Orléans celui d'Aquitaine. Le reste des anciens pairs de France, les comtes de Toulouse, de Flandre et de Champagne, furent représentés par le

duc de Chartres, le prince de Condé et le duc de Bourbon qui portaient les couronnes de comte.

» Les pairs ecclésiastiques, pendant toute la cérémonie, restèrent en chape et en mître.

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>> Sur les sept heures, l'évêque duc de Laon et l'évêque comte de Beauvais partirent en procession pour aller chercher le roi. Ces deux prélats, vêtus de leurs habits pontificaux, et ayant des reliquaires pendus à leur cou, étaient précédés de tous les chanoines de l'église de Reims, entre lesquels était la musique. Le chantre et le sous-chantre marchaient après le clergé, et devant le marquis de Dreux, grand-maître des cérémonies, qui précédait immédiatement les évêques duc de Laon et comte de Beauvais; ils passèrent par une galerie couverte, et arrivèrent à la porte du roi, qu'ils trouvèrent fermée, suivant un usage qui remonte aux temps les plus anciens. Le chantre y frappe de son bâton; aussitôt le grand-chambellan, sans ouvrir, lui dit : Que demandez-vous ? Nous demandons le roi, répond le principal pair ecclésiastique. — Le roi dort, réplique le grand-chambellan. Alors le grand chantre recommence à frapper, et l'évêque continue à demander le roi, et la même réponse est donnée. Enfin à la troisième fois, le chantre ayant encore frappé, et le grand-chambellan répété que le rci dort, le pair ecclésiastique, qui a déjà porté la parole, dit ces mots qui lèvent tout obstacle: Nous demandons Louis XV1 que Dieu nous a donné pour roi; aussitôt les portes de la chambre s'ouvrent, et une autre scène commerce. Le grand-maître des cérémonies conduit les évêques auprès de Sa Majesté couchée sur un lit-de-parade : ils la saluent trèsprofondément. Le monarque est vêtu d'une longue camisole cramoisi, garnie de galons d'or, et ouverte.,

ainsi que la chemise, aux endroits où Sa Majesté doit recevoir les onctions. — Par-dessus cette camisole, le roi a une longue robe d'étoffe d'argent, et sur sa tête une toque de velours noir garnie d'un cordon de diamans, d'une plume et d'une double aigrette blanche. Le pair ecclésiastique présente l'eau bénite au roi et dit l'oraison suivante : « Dieu tout-puissant et éternel, » qui avez élevé à la royauté votre serviteur Louis, » accordez-lui de procurer le bien de ses sujets dans le » cours de son règne, et de ne jamais s'écarter des >> sentiers de la justice et de la vérité, » Cette oraison achevée, les deux évêques prirent Sa Majesté l'un par le bras droit, l'autre par le bras gauche, et l'ayant soulevée de dessus son lit, ils la conduisirent processionnellement à l'église, par la galerie couverte, et dans le plus pompeux cortége, en chantant de certaines prières.

Le roi étant arrivé vers les sept heures à l'église, et tout le monde ayant pris place, la Sainte-Ampoule ne tarda pas à arriver à la principale porte. Elle avait été apportée de l'Abbaye de Saint-Remy par le grandprieur, en chappe d'étoffe d'or, et monté sur un cheval blanc de l'écurie du roi, couvert d'une houssé d'étoffe d'argent, richement brodée, et conduit par les rênes tenues par deux maîtres palefreniers de la grande écurie. Le grand-prieur était sous un dais de pareille étoffe, porté par quatre barons, dits chevaliers de la SainteAmpoule, vêtus de satin blanc, d'un manteau de soie noire et d'une écharpe de velours blanc, garnie de franges d'argent dont Sa Majesté les avait honorés et gratifiés; ils portaient la croix de chevalier passée au col et attachée à un ruban noir. Aux quatre coins du dais, on voyait à cheval les seigneurs nommés par le

T. I.

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roi pour otages de la Sainte-Ampoule, et qui étaient précédés chacun de leur écuyer portant un guidon chargé, d'un côté des armes de France et de Navarre, et de l'autre de celles de leurs maisons. Les otages avaient prêté serment sur le livre des Évangiles, et juré entre les mains du prieur, en présence des officiers du bailliage de l'abbaye, qu'il ne serait fait aucun tort à la Sainte-Ampoule, pour la conservation de laquelle ils s'engagèrent à exposer leur vie; et en même temps ils s'étaient constitués pleiges, cautions solidaires, et avaient déclaré qu'ils demeureraient en otage jusqu'au retour de la Sainte-Ampoule. Par une suite de ce qui se pratique en pareilles circonstances, ils requirent néanmoins qu'il leur fût permis de l'accompagner, et pour grande sûreté et conservation d'icelle, sous le même cautionnement; ce qu'on leur avait accordé. Toutes ces formalités sont si superflues qu'elles devenaient ridicules. La Sainte-Ampoule, qui joue un si grand rôle dans le sacre de nos rois, est une espèce de petite bouteille remplie, dit-on, d'un baume miraculeux, ne diminuant jamais, qui servit à oindre Clovis. On prétend qu'elle fut envoyée du ciel et apportée par une colombe à saint Remy, mort vers l'an 535 : elle se conserve dans le tombeau même de cet ancien archevêque dont le corps est tout entier dans une châsse de l'abbaye qui porte son nom, et elle est renfermée dans un reliquaire de vermeil en or, enrichi de diamans et de pierres précieuses de différentes couleurs (1).

(1) Depuis, cette fiole fut brisée sur le pavé de l'abbaye par le conventionnel Ruhl en mission; la châsse et les reliquaires, mis en pièces par son ordre, furent envoyés à la Monnaie.

(Note de l'édit.)

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