Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

1

Monsieur déployait les grâces de son esprit, et que le comte d'Artois, animait par la vivacité de la jeunesse, avaient adouci, dans le caractère de Louis XVI, cette ru

desse qu'une éducation mieux dirigée aurait pu réprimer.

Cependant ce défaut se manifestait er.core trop souvent, et, malgré son extrême simplicité, le roi inspirait de la défiance à ceux qui avaient occasion de lui parler. Une louable crainte portait à éviter des brusqueries subites et difficiles à prévoir. Les courtisans, soumis en présence des souverains, n'en sont que plus disposés à les peindre d'un seul trait; ils avaient nommé, peu galamment, ces reparties si redoutées, les coups de boutoir du roi.

Très-méthodique dans toutes ses habitudes, le roi se couchait à onze heures précises. Un soir la reine devait se rendre, avec sa société habituelle, à une réunion chez le duc de Duras, ou chez la princesse de Guéménée. L'aiguille de la pendule fut adroitement avancée, pour hâter de quelques minutes l'instant du départ du roi; il crut

[ocr errors]

réellement que l'heure de son coucher était arrivée, se retira, et ne trouva chez lui përsonne de réuni pour son service du soir. Cette plaisanterie circula dans tous les salons de Versailles, et y fut désapprouvée. Les rois n'ont pas d'intérieur; les reines n'ont ni cabinets, ni boudoirs. C'est une vérité dont on ne saurait trop les pénétrer : s'il ne se trouve pas habituellement auprès des souverains des gens disposés à transmettre à la postérité leurs habitudes privées, le moindre valet raconte ce qu'il a vu ou entendu; ces propos circulent avec rapidité et forment cette redoutable opinion publique qui s'élève, s'agrandit, et empreint, sur les plus augustes têtes, des caractères souvent. faux, mais presque toujours ineffacables.

[ocr errors]

CHAPITRE VI.

Hiver rigoureux,

[ocr errors]

Courses en traîneaux blâmées des Parisiens.

[ocr errors]
[ocr errors]

--

Liaison de la reine avec madame la princesse de Lamballe -Elle est nommée surintendante. - Libelle outrageant contre Marie-Antoinette. Intrigue d'un inspecteur de police Il est découvert et puni. -Autre intrigante qui contrefait l'écriture de la reine, des sommes considérables. pour escroquer Madame la comtesse Jules de Polignac paraît à la cour. — Son caractère noble et désintéressé. Projets ambitieux de ses amis.Moyens qu'ils mettent en usage. Portrait de la comtesse Jules. La reine se promet de goûter près d'elle les douceurs de la vie privée. - Le comte Jules obtient la place de premier écuyer. La fortune de sa famille est long-temps La reine se félicite pour la comtesse du gain d'un billet de loterie. Société de la comtesse Jules. - Portrait de M. de Vaudreuil. Mot plaisant de la comtesse sur Homère. La faveur dont jouit la famille de Polignac excite l'envie et la haine des courtisans. Soirées passées chez le duc et la duchesse de Duras. - Jeux à la mode : guerre panpan, descampativos. Paris se moque de ces jeux et les adopte. Madame de Genlis y fait allusion dans une de ses pièces de théâtre.

médiocre.

[ocr errors]

[ocr errors]

L'HIVER qui suivit les couches de la comtesse d'Artois fut très-froid; les souvenirs du plaisir que des parties de traîneaux avaient procuré à la reine dans son enfance, lui

[merged small][merged small][ocr errors]

donnèrent le désir d'en établir de semblables. Cet amusement avait déjà eu lieu à la cour de France; on en eut la preuve en retrouvant, dans le dépôt des écuries, des traîneaux qui avaient servi au dauphin, père de Louis XVI, dans sa jeunesse. On en fit construire quelques-uns d'un goût plus moderne pour la reine. Les princes en commandèrent de leur côté, et en peu de jours il y en eut un assez grand nombre. Ils étaient conduits par les princes et les seigneurs de la cour. Le bruit des sonnettes et des grelots dont les harnois des chevaux étaient garnis; l'élégance et la blancheur de leurs panaches; la variété des formes de ces espèces de voitures; l'or dont elles étaient toutes rehaussées, rendaient ces parties agréables à l'œil. L'hiver leur fut très-favorable, la neige étant restée près de six semaines sur la terre; les courses dans le parc procurèrent un plaisir partagé par les spectateurs (1). Personne n'imagina que l'on eût

(1) Louis XVI, touché du triste sort des pauvres de Versailles, pendant l'hiver de 1776, leur fit distribuer

rien à blâmer dans un amusement aussi innocent. Mais on fut tenté d'étendre les courses, et de les conduire jusqu'aux ChampsÉlysées; quelques traîneaux traversèrent même les boulevards : le masque couvrant le visage des femmes, on ne manqua pas de dire la reine avait couru les rues de que Paris en traîneau.

Ce fut une affaire. Le public vit dans cette mode une prédilection pour les habitudes de Vienne les parties de traîneaux n'étaient cependant pas une mode nouvelle à Versailles. Mais la critique s'emparait de tout ce que faisait Marie-Antoinette. Les partis, dans une cour, ne portent pas ouvertement des enseignes différentes, comme ceux qu'amènent les secousses révolutionnaires. Ils n'en sont pas moins dangereux pour les personnes qu'ils poursuivent, et la reine ne fut jamais sans avoir un parti contre elle.

plusieurs charrettes de bois. Voyant un jour passer une file de ces voitures, tandis que beaucoup de seigneurs se préparaient à se faire traîner rapidement sur la glace, il leur dit ces paroles remarquables: Messieurs, voici mes traîneaux. (Note de l'édit.)

« ZurückWeiter »