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le rang, la dernière des princesses. Je crois avoir pénétré la véritable cause.

Soname était élevée, elle aimait les grandes choses; il lui était souvent arrivé d'inter

les commencemens, a-t-elle ajouté, c'était pour moi le précipice le plus effrayant; j'étais obligée de m'asseoir sur les marches et de me traîner, dans cette attitude, pour descendre.

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» En effet, une princesse qui n'avait descendu que le grand escalier de marbre de Versailles, en s'appuyant sur le bras de son chevalier d'honneur..... et entourée de ses pages, a dû frémir en se trouvant livrée à elle-même sur le bord d'un escalier bien roide, en colimaçon. Elle connaissait long-temps d'avance toutes les austérités de la vie religieuse; pendant dix ans elle en avait secrètement pratiqué la plus grande partie dans le château de Versailles, mais elle le n'avait jamais pensé aux petits escaliers. Ceci peut fournir le sujet de plus d'une réflexion sur l'éducation ridicule, à tant d'égards, que reçoivent en général les personnes de ce rang, qui, dès leur enfance, toujours suivies, aidées, escortées, sifflées, prévenues, sont ainsi privées de la plus grande partie des facultés que leur a données la nature *. >>

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Les princes, aujourd'hui, sont mieux élevés, surtout en Angleterre, en Prusse etc.; mais l'auteur écrivait ceci en 1774. (Note de madame de Genlis.)

rompre ma lecture pour s'écrier: Voilà qui est beau! voilà qui est noble! Elle ne pouvait faire qu'une seule action d'éclat : quitter un palais pour une cellule, de riches vêtemens pour une robe de bure. Elle l'a faite.

Je vis encore madame Louise deux ou trois fois à sa grille. Ce fut Louis XVI qui m'apprit sa mort. « Ma tante Louise, me >> dit-il, votre ancienne maîtresse, vient de >> mourir à Saint-Denis, j'en reçois à l'ins>> tant la nouvelle; sa piété, sa résignation » ont été admirables, cependant le délire >> de ma bonne tante lui avait rappelé qu'elle » était princesse, car ses dernières paroles » ont été ; Au paradis, vite, vite, au grand-galop. » Sans doute qu'elle croyait encore donner des ordres à son écuyer (1).

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Madame Victoire, bonne, douce, affable, vivait avec la plus aimable simplicité dans

(1) Puisque madame Campan rapporte cette anecdote, je ne la révoquerai point en doute; mais elle paraît s'accorder peu avec les sentimens pieux et les discours toujours réservés de Louis XVI.

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(Note de l'édit.)

une société qui la chérissait : elle était adorée de sa maison. Sans quitter Versailles, sans faire le sacrifice de sa moelleuse bergère, elle remplissait avec exactitude les devoirs de la religion, donnait aux pauvres tout ce qu'elle possédait, observait rigoureusement les jeûnes et le carême. Il est vrai qu'on reprochait à la table de Mesdames d'avoir acquis pour le maigre une renommée que portaient au loin les parasites assidus à la table de leur maître-d'hôtel. Madame Victoire n'était point insensible à la bonne chère, mais elle avait les scrupules les plus religieux sur les plats qu'elle pouvait manger au temps de pénitence. Je la vis un jour trèstourmentée de ses doutes sur un oiseau d'eau qu'on lui servait souvent pendant le carême. Il s'agissait de décider irrévocablement si cet oiseau était maigre ou gras. Elle consulta un évêque qui se trouvait à son dîner : le prélat prit aussitôt le son de voix positif, l'attitude grave d'un juge en dernier ressort. Il répondit à la princesse qu'il avait été décidé, qu'en un semblable doute, après avoir fait cuire l'oiseau, il fallait le piquer sur ur

plat d'argent très-froid; que si le jus de l'animal se figeait dans l'espace d'un quartd'heure, l'animal était réputé gras ; que si le jus restait en huile, on pouvait le manger en tout temps sans inquiétude. Madame Victoire fit aussitôt faire l'épreuve, le jus ne figea point; ce fut une joie pour la princesse qui aimait beaucoup cette espèce de gibier. Le maigre, qui occupait tant madame Victoire, l'incommodait; aussi attendait - elle avec impatience le coup de minuit du samedisaint; on lui servait aussitôt une bonne volaille au riz, et plusieurs autres mets succulens. Elle avouait avec une si aimable franchise son goût pour la bonne chère et pour les commodités de la vie, qu'il aurait fallu être aussi sévère en principes, qu'insensible aux excellentes qualités de cette princesse, pour lui en faire un crime.

Madame Adélaïde avait plus d'esprit que madame Victoire ; mais elle manquait absolument de cette bonté qui, seule, fait aimer les grands des manières brusques, une voix dure, une prononciation brève, la rendaient plus qu'imposante. Elle portait très-loin l'idée

des prérogatives du rang. Un de ses chapelains eut le malheur de dire Dominus vobiscum d'un air trop aisé : la princesse l'apostropha rudement après la messe pour lui dire de se souvenir qu'il n'était pas évêque, et de ne plus s'aviser d'officier en prélat.

Mesdames vivaient entièrement séparées du roi. Depuis la mort de madame de Pompadour, le roi vivait seul. Les ennemis du duc de Choiseul ne savaient donc dans quel salon, ni par quelle voie ils pourraient préparer et amener la chute de l'homme qui les importunait. Le roi n'avait de relations qu'avec des femmes d'une classe si vile, qu'on ne pouvait s'en servir pour une intrigue de longue suite; d'ailleurs, le Parcaux-Cerfs était un sérail dont les beautés se renouvelaient souvent (1) on voulut donner au roi une maîtresse qui pût avoir un cercle, et dans le salon de qui on pût

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(i) On trouvera, dans le volume qui contient les anecdotes et souvenirs, des détails sur le Parc-auxCerfs. (Note de l'édit.)

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