Sur toh berceau vont se porter sans ceffe, Et de ma force étayer ta foiblesse Contre les maux dont il est entouré. En attendant que la raison t'éclaire, Tout mon bonheur va dépendre du tien; C'est à ce prix que je veux être père; Je te dois tout, & tu ne me dois rien: Un jour ton cœur te dira le contraire. Lorsque le temps mûrira ta raison, Quand tu seras dans ta belle saison, Je t'offrirai ma vieillesse pour guide.
Mais que je crains, dans ce temps orageux, La Cour d'Alcine & le Jardin d'Armide! Tu passeras ces écueils dangereux ; Ils sont couverts d'un talisman perfide, Aspect fatal à tant de malheureux. De l'avenir cette cruelle image
Môle à ma joie un instant de douleur ; Dans le lointain j'entends gronder l'orage; Mon Fils s'avance, il brave sa fureur.... Jeune infenfé, dans ton aveugle ardeur, Que cherches-tu? la honte & le naufrage. Entends ce cri, c'est e cri de l'honneur; Sois attentif à la voix de ce guide; Il fait dompter l'amour impétueux; Des passions les flots tumultueux Voudroient en vain renverser son égider Faut-il voler dans de lointains climats, Pour y fervir une ingrate Patric ?
Faut-il mourir au milieu des combats Il nous apprend qu'un glorieux trépas Est préférable aux dégoûts d'une vie Par le mépris & la honte flétrie. Faut-il du fort supporter les rigueurs, De la fortune essayer les caprices, Et repouffer les indignes faveurs Qu'ele nous fait mériter par des vices ? Il nous inspire une noble fierté 3 Et sous les toits de nos foyers antiques, Nous dédaignons, dans notre obscurité, Des vils Crésus les palais magnifiques,
Peut-être un jour... Mais d'où naissent tes pleurs? Ah! fur son front la douleur est empreinte! Qu'as-zu, mon Fils? tu me glaces de craintes Ne pourrons-nous appaiser tes clameurs? Bien plus que toi j'éprouve ta souffrance, Ore aux humains, divine Providence, La faculté de prévoir les malheurs, Elle affoiblit le don de l'espérance.!
Que de dangers menacent le berceau! Que de tyrans, & qu'il est difficile De préserver cette trame fragile Qui de la Parque entoure le fuseau!
De cette vie, en misères féconde, Les premiers nœuds se rompent aisément.... Trop fortune qui meurt encore enfant!
Il est exempt de cette horreur profonde
Qui faifit l'homme au bord du monument.
La même main qui t'ouvre la barrière Vers le tombeati précipite mes ans. Si je parviens au bout de ma carrière Sans cultiver les fleurs de ton printemps, Grave ces vers dans ton ame attendrie; De la critique ils feront respectés; Le sentiment qui me les a dictés, Est au dessus de l'art & du génie. Dans ces momens de douce rêverie On l'ame en paix jouit de son loisir, On peut goûter le céleste plaisir De rappeler ses amis à la vie, Avec leur ombre on peut s'entretenir.
Sois le soutien d'une mère cherie; De ses bienfaits garde le souvenir: Malheur à toi, si ton cœur les oublie ! Le long remords, le sombre repentir Sont des Bourreaux armés pour t'en punir. --
Ta sœur, qui compte à peine deux années, Semble déjà te connoître & t'aimer. A Tendre amitié, puisses-ta les charmer, Et de res nœufs joindre leurs destinées !
Daigne animer ces objets de mes vœux, Reine des Arts, bienfaisante Décile; Sur mes Enfans daigne jeter les yeux, D
Et dans leur cœur imprime la sagefle, Ce feu sacré, digne présent des Cieux.
Ce rayon pur eft la chaîne admirable Dont l'autre bout remonte au Créateur; L'homme, qui tient à ce fil secourable, Peut déchirer le voile de l'erreur, Du labyrinthe il peut fortir vainqueur, Et parvenir jusqu'à l'Étre adorable, Qui de la vie est le dispensateur, Etre puissant, conserve ton ouvrage. Par ton fecours, le plus frêle arbrisseau, Abandonné dans un terrcin sauvage, Poufse sa tige & fleurit d'âge en age: Sans ton appui, le sourcilleux ormeau, Jouer des. Vents, tombe fur le rivage Dont il faifoit l'ornement le plus beau; Et la Brebis, dans un gras pâturage, Malgré ses soins, voit périr son agneau. (Par un Abonné.)
Explication de la Charade, de l'Enigme du Logogriphe du Mercure précédent
E mot de la Charade est Téte; celui de l'Enigme est l'Année; celui du Logogriphe est Calomnie, où l'on trouve Amie Calme, Miel, Lie, Caen, Main, Ciel Milon, Lion, Mine, Clio, Ami, Oie, Ame Mi, La, Lime, Nil, Ane, Maine, & Mai.
CELUI-LA, cher Lecteur, eft vraiment mon dernier,
Qui toujours vers le bien dirige mon premier, Et la vie, à ses yeux, n'offre que mon entier. (Par M. Le Grand.).
En tous lieux, en tous temps, d'un journalier usage, Lecteur, je suis utile à tout sexe, à tout âge; Plus ou moins long aussi, selon ceux que je fers, Ma forme s'accommode à tous les goûts diversi L'un veut m'avoir construit en façon Polonoise, L'autre à la mode Turque, un autre à la Françoise ; De quiconque pourtant je subisse la loi, L'on me voit exercer par-tout le même emploi ; Toujours difcret témoin des amoureux mystères,
Mais à la place des Amours,
Je vois souvent aussi des objets bien contraires 3 Les maux, les maux cruels succèdent aux plaisirs ; J'entends des cris plaintifs au lieu des doux soupirs, Et dans mes bras parfois si l'on reçoit la vie, Presque toujours aussi l'on y trouve la mort : Enfin, pour achever le tableau de mon fort, Ma forme est tous les jours détruite & rétablie. (Par M. M... d'Amiens.)
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