Et le sang de Neptune, et sur-tout son amour, Et ce dessein de vaincre, ou de perdre le jour, S'il ne peut conquérir l'amante qu'il adore? Fuis, ô jeune étranger! fuis, tu le peux encore; Eteins pour une ingrate un feu si violent: Songe que mon hymen est un hymen sanglant. Une fille des rois, et plus belle et plus tendre, De te donner son cœur ne pourra se défendre. Mais à cet inconnu pourquoi m'intéresser? S'il expose ses jours, est-ce à moi d'y penser? Au péril qui l'attend, c'est lui seul qui se livre. Qu'il meure, s'il le veut, s'il est si las de vivre!... Hélas! il mourra donc victime de ta loi,
Il mourra, lui qui veut ne vivre que pour toi. Voilà l'indigne prix d'une flamme si belle ! Chacun accusera ta victoire cruelle....
Qu'on n'accuse que lui. Qu'il laisse en paix mon coeur, Ou, s'il veut être amant, qu'il sache être vainqueur! Malheureux étranger! pourquoi m'as-tu connue? Ton front a la candeur d'une vierge ingénue; Tu méritais de vivre. Oui, si le ciel jaloux Ne m'eût pas envié le choix de mon époux, Toi seul triompherais de ma rigueur farouche; C'est pour toi que l'hymen aurait paré ma couche.
Elle dit; et son coeur blessé d'un premier trait, Cède, en lui résistant, à ce nouvel attrait,
Jam solitos poscunt cursus populusque paterque; Cùm me sollicità proles Neptunia voce
Invocat Hippomenes. Cythercia, comprecor, Adsit, ait, nostris? et, quos dedit, adjuvet ignes. Detulit aura preces ad me non invida blandas; Motaque sum, fateor; nec opis mora longa dabatur.
Est ager, indigenæ Tamasenum nomine dicunt, Telluris Cypriæ pars optima: quem mihi prisci Sacravêre senes, templisque accedere dotem Hanc jussêre meis. Medio nitet arbor in arvo, Fulva comam, fulvo ramis crepitantibus auro. Hinc tria fortè meâ veniens decerpta ferebam Aurea poma manu: nullique videnda, nisi ipsi, Hippomenen adii; docuique, quis usus in illis.
XV. Atalantam vincit Hippomenes.
SIGNA tubæ dederant; cùm carcere pronus uterque Emicat, et summam celeri pede libat arenam. Posse putes illos sicco freta radere passu ',
Et segetis canæ stantes percurrere aristas. Adjiciunt animos juveni clamorque, favorque, Verbaque dicentûm, Nunc, nunc incumbere tempus.
Les vers de Virgile sur la course de la guerrière Camille, ont moins de légèreté.
Illa vel intacte segetis per summa volaret Gramina, nec teneras cursu læsisset aristas.
Et novice en amour, elle brûle, et l'ignore. Le peuple cependant demande à voir encore Le spectacle fatal qu'il a vu tant de fois.
Hippomène m'invoque : O viens! entends ma voix, Viens, soutiens-moi, dit-il, ô belle Cythérée! Et couronne l'ardeur que tu m'as inspirée. Les zéphyrs, de ses vœux fidèles messagers, M'apportent sa prière; et je plains ses dangers. Je l'exauce: un moment pouvait perdre Hippomène. En Chypre, il est un champ, mon antique domaine, Champ sacré, dont jadis par un don solennel, L'ile enrichit mon culte, et dota mon autel. Un arbre aux pommes d'or, dans ce verger fertile, De sa feuille bruyante agite l'or mobile. Ma main avait cueilli trois de ces pommes d'or; Je sortais du bosquet, et les tenais encor. Visible pour lui seul, je lui remets ce gage, Et de ce don si cher je lui prescris l'usage.
XV. Hippomène vainqueur d'Atalante.
MAIS la trompette sonne : ils partent; et leurs pas Effleurent la carrière, et ne la touchent pas. Leurs piés, sans se mouiller, auraient couru sur l'onde; Ils auraient sans courber leur chevelure blonde, Glissé sur les épis, ou sur la gerbe en fleur. Hippomène a pour lui la publique faveur.
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