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prisonné. En dehors de l'édifice, un peu l'ouest, la tradition locale désigne l'endroit où mourut la sainte Vierge.

Ce petit groupe de bâtiments forme une espèce de citadelle isolée au milieu du plateau méridional du mont Sion, et renferme les deux sanctuaires révérés du cénacle, où l'Eucharistie fut instituée et où le Saint-Esprit descendit sur les apôtres. C'est bien la plus ancienne église du monde, puisque le sacrifice de la messe y fut établi par le Seigneur lui-même; c'est aussi le local du premier concile, de cette vénérable réunion de disciples où fut rédigée, dans une sublime simplicité, la profession de foi de la doctrine nouvelle.

Le Cénacle fut un couvent de franciscains jusqu'au milieu du seizième siècle. A cette époque, un derviche musulman apprit dans une vision que le tombeau du roi David, NebiDaoud, se trouvait dans les fondations de l'édifice, et les moines chrétiens durent céder la place à des derviches musulmans. Ceux-ci jusqu'aujourd'hui le gardent précieusement, jaloux d'un trésor non moins cher à leurs

âmes pieuses qu'utile à leurs intérêts par les nombreux wakoufs dont il s'est enrichi, et par les aumônes qu'il leur attire de toutes. parts. On ne laisse entrer dans une chambre du rez-de-chaussée, où se trouve, dit-on, le tombeau vénéré, que comme faveur spéciale: ce tombeau, simple cénotaphe recouvert d'un drap de satin vert, est placé, prétendent les gardiens, juste au-dessus du tombeau véritable: celui-ci n'est visible qu'aux yeux de la foi, car tout pèlerin qui l'apercevrait perdrait la vue immédiatement. Le vieux cheikh qui m'introduisit dans le sanctuaire, touché de ma pieuse curiosité, ou sensible à mon offrande, m'assura confidentiellement que sous le sol de la chambre passe un escalier taillé dans le roc, aboutissant à une porte fermée qui ne s'ouvrira qu'au jour du jugement.

Rentrons en ville par la porte de Nebi-Daoud ou de Sion, traversons des monceaux de décombres et d'immondices élevés en certains endroits plus haut que les remparts et sur lesquels végètent de vigoureuses touffes de cactus. Sur ce sol immonde, irrégulier, vit

une misérable colonie complétement séparée du reste de la population: là sont parqués les lépreux, c'est là qu'ils attendent, hommes, femmes et enfants, que la mort vienne les débarrasser de leur terrible maladie. La lèpre est encore très-fréquente dans tout l'Orient ce n'est pas la lèpre blanche ou farineuse dont parle la Bible, mais cette affection bien plus redoutable qu'on appelle éléphantiasis. La peau prend des teintes violacées et d'un gris rougeâtre; des bourgeons se forment dans le derme donnant naissance à des abcès dont les cicatrices sont affreuses à voir peu à peu les extrémités des membres tombent en lambeaux, ne laissant que des moignons informes: la voûte du palais se défonce et s'en va en esquilles, ce qui donne à tous ces malheureux un timbre de voix particulièrement enroué et nasillard. Cette terrible infirmité, qui désespère la science médicale, n'est pas contagieuse, mais se propage par voie d'hérédité.... Et les lépreux continuent, sans que nul s'en préoccupe, à se marier entre eux, à pulluler, à croître et

multiplier sur leur tas de fumier, en compagnie des chiens galeux qu'on rencontre auprès de leurs cabanes, plus nombreux, plus maigres et plus pelés que partout ailleurs. Ces pauvres gens ont donc encore des amis, des amis dévoués que leur misère n'éloigne pas.

Fuyons cette cité de deuil, continuons à descendre le flanc rapide du mont Sion qui regarde l'orient. On ne se croirait pas dans l'intérieur d'une ville; le chemin, assez profondément encaissé, n'offre à droite et à gauche que des monceaux de plâtras, des balayures, des débris végétaux; c'est seulement lorsqu'on est arrivé au bout de la descente qu'en regardant autour de soi on revoit la cité avec ses édifices, la mosquée d'Omar avec son bâtiment couvert d'émail bleuâtre et sa belle coupole de plomb. On se trouve au fond d'une sorte d'amphithéâtre qui ne manque pas de grandeur : le mont Sion à l'ouest, le Moriah à l'est, les hauteurs de Bezetha au nord. Cette concavité où nous sommes, jadis bien plus profonde, faisait

mieux ressortir le relief des collines qui l'entourent; c'était le trou de Mello (gurges Mello), le ravin de la ville de David (vorago civitatis), l'extrémité méridionale de la vallée Tyropeon 2. Salomon la combla en partie au moyen de remblais considérables et, pour racheter la différence de niveau qui subsistait, d'un côté l'on descendait de la ville par de larges degrés dont il est plus d'une fois question dans l'Écriture, de l'autre, un appareil semblable montait au temple, qui n'avait pas d'enceinte sur la face regardant la ville. Plus tard, Hérode, le grand constructeur, éleva un mur magnifique pour agrandir le parvis de la maison de Dieu, et sur ce mur il appuya un pont qui traversait toute la vallée unissant Sion et Moriah. En nous rapprochant de la mosquée d'Omar, nous reconnaîtrons, dans les blocs énormes qui forment les assises inférieures de la muraille, deux immenses voussoirs sur lesquels

1. III. Rois, XI, 27. 2. Jos., Bell. Jud., livre VI, chap. VI. · 3. II. Esdr., III, 15; idem, XII, 36.

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