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Le lecteur ne demandera pas que nous entamions une discussion nouvelle sur la reconstruction de la ville par Zorobabel, malgré l'intérêt que ce sujet présente à ceux qui veulent avoir une idée de Jérusalem au temps de la Passion. Nous pourrions, ouvrant l'incompréhensible catalogue de Néhémie, rechercher les nombreuses portes qu'il énumère; mais comme Néhémie, pressé d'achever son œuvre aussi rapidement que possible, n'aura fait que rétablir sur leurs bases les enceintes ruinées par Nabuchodonosor, on arrivera plus vite au but désiré en supprimant l'enceinte d'Agrippa, et par cette seule opération d'imagination, on se figurera la ville administrée par Ponce Pilate.

Dans une matière environnée d'une obscurité profonde, qu'épaississent encore le nombre et les contradictions des travaux antérieurs,

1. Esdras, II, chap. ш.

il est presque impossible d'arriver à un résultat complétement lumineux, et c'est déjà n'avoir point perdu sa peine, si l'on a rectifié quelques erreurs, abattu quelques préjugés. Le reste est l'affaire du temps; d'autres sans doute reprendront la tâche là où nous l'abandonnons, et feront faire quelques pas de plus à la vérité. De parvenir jamais à élucider complétement les antiquités de la Terre-Sainte est peut-être un rêve, à moins qu'on ne découvre des documents inédits, ou bien encore qu'on ne fasse revivre pour les interroger quelques-uns des anciens Hébreux. Nous avons visité Aïn-Dor, petit village entre Djenin et le Thabor; mais, moins heureux que Saül qui put y converser avec l'ombre de Samuel grâce à l'art magique de la pythonisse, nous n'y avons trouvé aucune femme savante dans les sciences d'Ob; là, comme partout dans notre siècle prosaïque, les sorcières ne sont plus que de pauvres vieilles dont le savoir douteux se borne à faire macérer dans une tasse d'eau quelques versets du Coran. Quoi qu'il en soit, nous avons fait tout ce que nous

pouvions faire, prêts à applaudir ceux qui viendront après nous, fût-ce même pour nous réfuter, comme nous avons essayé de réfuter quelques-uns de ceux qui nous ont précédé dans la lice.

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NOTE.

Étymologie du mot Jérusalem.

Josèphe et les principales autorités de l'Eglise prétendent que le roi Melchisedek voulant opposer une digue aux Jébuséens bâtit sur le mont Moriah une ville qu'il appela Salem, puis, qu'au moment où David prit la forteresse de Jébus, on réunit les deux noms de Jébus Salem, d'où, par corruption, est venu le mot Jérusalem. D'autres traduisent le mot Jérusalem par

1. Reland, Palestina illustrata, II, p. 235. On a écarté comme inadmissibles l'opinion de Strabon (liv. XVI), qui la fait, construire par Moïse, puisque Moïse n'est pas entré en Terre-Sainte, ainsi que celle de Tacite qui lui donne les Solymes pour fondateurs. Hist., liv. V.)

Maison de paix, en justifiant cette dénomination par la fondation du temple sur le mont Moriah. Dieu, en effet, refuse à David le bonheur de lui bâtir une demeure parce qu'il a versé trop de sang et réserve l'exécution de ce glorieux projet à son fils Salomon qui sera un homme de paix '. Ceux-ci préfèrent donner au mot Jérusalem le sens de Vision de paix', retrouvant ainsi, dès les temps les plus anciens, une intuition mystérieusement prophétique du grand sacrifice qui devait, dans ce lieu prédestiné, réconcilier Dieu et l'humanité.

Le mot Jérusalem ne doit pas venir de Jébus Salem; on ne voit jamais la labiale b se métamorphoser en r qui est une articulation de toute autre nature. Melchisedek n'a pas été le fondateur de Jérusalem; d'après la Genèse, Salem était une ville faisant partie du ter ritoire de Sichem, peu distante de Soccoth et de Béthel; il faut donc chercher ailleurs cette origine.

Les Jébuséens étaient une tribu de pasteurs qui, ayant pris de l'importance, sentit le besoin de mettre ses troupeaux à l'abri des attaques de ses voisins et contruisit sur le Mont-Sion un retranchement, devenu plus tard une citadelle autour de laquelle elle se groupa; la forteresse et la ville s'appelèrent Jébus qui signifie Parc à moutons. Ce nom de Jébus fut, jusqu'à l'époque de la fondation de la royauté hébraïque le vrai nom, le seul nom national de la ville, et partout dans la Bible, avant le livre des Rois, on la désigne ainsi «Jébus qui est

1. 1 Paral,, XXII, 8, 9. 2. Genèse, XXII, 2. 3. XIV, 18; XXXIII, 17, 18; XXXV, 1.

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