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orgueil les preuves écrites de la vigilance avec laquelle elles ont veillé sur l'innocence de l'épousée depuis sa naissance. Comment espérer réformer une coutume qui remonte au temps de Moïse1? Quant à la pompe extérieure, aux marches processionnelles qui accompagnent les épousailles, elles ont leur raison d'être; c'est le désir de rendre l'union publique et évidente, d'en faire un acte notoire que puissent attester de nombreux témoins. Cela remplace nos publications. Musulmans, juifs, chrétiens de toutes les sectes, n'auraient garde d'y manquer, et nos Latins sont encore moins exagérés que les autres. Ainsi chez les Arméniens non unis la cérémonie doit durer trois jours pleins; chez les musulmans on fait un véritable abus de la marche en cortège. Tout le mobilier, toute la corbeille de la mariée, sont portés en pompe, article par article, sur les pas d'un joueur de musette et d'une grosse caisse. En tête du défilé, quelques amis de la famille, le sabre nu à la main, s'escriment à la danse,

1. Deutéronome, XXII, 14 et suiv.

tandis qu'un ou deux bouffons, couverts de plumes et coiffés d'un grand bonnet auquel sont attachées des queues de renard, divertissent la foule par mille évolutions grotesques.

Vers minuit, on le concevra sans peine, je m'étais amusé suffisamment, aussi profitai-je de mon titre de barbare, étranger aux usages des raffinés de bon ton, pour opérer ma retraite.

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VII

Mont des Oliviers. - Vallées de Josaphat
et de Beni-Hinnom.

Il ne me reste plus, pour clore mon itinéraire religieux, qu'à visiter le sanctuaire de l'Ascension. Un beau matin donc, je me mis en chemin pour la montagne des Oliviers, partant de bonne heure afin de jouir de la vue splendide qui de là se déroule, lorsque la ville sainte apparaît tout entière étagée sur ses collines au-dessus de la vallée de Josaphat, et s'illuminant des rayons du soleil levant qui la frappe en face. En gravissant

la pente longue et rapide du mont Olivet, par un sentier rude et étroit qui grimpe en commençant ses zigzags tout au coin de l'enclos de Gethsemani, je trouvai d'abord, vers le milieu de mon escalade, une espèce de ferme en ruine qui passe pour indiquer l'endroit où le Christ enseigna à ses disciples la sublime prière des enfants, le Pater noster. J'y fis une courte halte, non pour visiter la masure insignifiante, mais pour réfléchir un instant, en reprenant haleine, à cette large et simple oraison, le modèle parfait de ce que l'homme peut dire à Dieu, quel que soit son âge, quel que soit son culte, et dans toutes les circonstances de la vie.

Le sommet de la colline est couronné d'un petit village qui, comme elle, se nomme Djebel-Tor, le mont Taurus ou Taureau. Dans cet usage, général chez les pasteurs de la race sémitique, de donner le nom de Taureau à tout sommet qui domine un groupe de montagnes, comme un taureau au milieu du troupeau élève sa tête au-dessus de celle des génisses, on trouve l'explication des paroles

poétiques du roi-prophète, lorsqu'il demande aux montagnes tressaillantes pourquoi elles bondissent comme des béliers, et aux collines pourquoi elles sautent comme des agneaux1. Cette métaphore doit être en horreur à tous. les géographes; elle a produit dans l'antiquité un vrai troupeau de monts Taurus au milieu desquels il leur est peu commode de se retrouver; c'est tout simple, cette dénomination n'était pas un titre spécial, c'était tout bonnement la manière de désigner les hautes montagnes, peu rares en Asie. Une expression analogue, par exemple celle de mont Géant, voudrait dire en Sicile l'Etna, en Suisse le mont Blanc, à Paris Montmartre ou le mont Valérien; et plus tard, quels tourments pour les pauvres archéologues!

Le rocher d'où le Seigneur s'élança vers les cieux est abrité sous une coupole, au milieu d'un petit oratoire musulman qui élève ses murs octogones au centre d'une cour

1. Psaume CXIV, 4 et 6.

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