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CHAPITRE V

Le Quinzième Siècle

L'œuvre des doyens du xve siècle consistera surtout à relever des ruines. Ce ne fut pas fait tout de suite, et jamais plus le monastère n'eut la richesse d'autrefois. Cependant, ainsi que le prouvent les constructions nouvelles, le cloître par exemple, et un peu plus tard le château avec sa galerie, et la chapelle du Sépulcre, les doyens surent bien trouver des ressources dans leurs prieurés arrentés à nouveaux fiefs et où ils n'entretenaient plus de religieux. A l'exception des prieurés de Manzanes, de Mazey roles, de Montlougue et du Mont-Saint-Jean, attachés à des offices ou dignités du doyenné, toutes les possessions relevaient directement de la mense décanale, et, quand la guerre fut finie, des paroisses comme Argentat, Sainte-Spérie, Saint-Constant, Miers, Padirac, Alvignac, Rignac, Mézels, etc., pouvaient fournir des revenus très suffisants non seulement pour bien vivre mais pour restaurer et embellir le monastère.

Du premier doyen du xve siècle, Pierre Barrau (XVI), qui remplaça Roger de Cornil, nous ne connaissons que l'acte de l'hommage qu'il rendit, comme son prédécesseur, au baron Elzéar d'Aigrefeuille, le 27 novembre 1401; ce fut en présence de Guillaume de Merle et de Pierre de Vayrac, chevaliers, des damoiseaux Guillaume Adhémar, seigneur d'Anglars, Guérin Bonafous de Lentour et Antoine de Cornil, du sacriste Pierre de Bernard, du camérier Raymond de Pomaret, de Pierre Guillot, prieur de Manzanes, de Bertrand de Cornil, moine, et d'un religieux voisin, Arnaud de Bio, prieur de Pauliac (1).

Le 16 mai 1407, Pierre Barrau permutait (2) son doyenné contre l'office de sacriste de l'abbaye de Tulle, avec Ray

(1) Arch. du Lot, F 241, fol. 84.

(2) Arch. Vat. Reg. A ven. 327, fol. 388.

mond Ménard.(XVII). Celui-ci appartenait à une importante. famille limousine dont une branche existe encore à Chaussenéjouls, près de Cressenssac. Le nom de Ménard est resté dans la région « viscontine »; il est celui d'une famille bourgeoise de Saint-Céré (1), qui se glorifie d'avoir eu plusieurs hommes de loi remarquables, et d'un poète bien connu, disciple de Malherbe. Les deux familles sont peutêtre apparentées. Mais notre doyen est du Limousin.

Nous ne savons pas grand'chose sur Raymond Ménard. Avant d'être doyen, il était sacriste de Tulle et possédait le prieuré de Meyssac (2). En 1416, il était un des vicairesgénéraux de l'évêque de Tulle Bernard Botinand, qui l'envoya à Roc-Amadour pour achever de régler l'épineuse affaire de la diminution du nombre des chanoines (3).

Nous avons déjà mentionné l'acte passé en 1409 entre le sacriste de Carennac et les habitants de la communauté. Comme les religieux, surtout à cette heure, avaient besoin d'un peu de casuel pour vivre, on transigea. Il fut décidé que pour tout corps de plus de 7 ans on donnerait au sacriste 20 sous tournois et 2 livres de cire et au vicaire perpétuel (nous disons aujourd'hui curé) 4 sous tournois; audessous de 7 ans la somme était respectivement de 2 sous et de 16 deniers tournois. Le sacriste devait fournir, sans qu'on payât rien de plus, le drap, la croix, l'encens, et faire sonner les cloches (4). (Pierre de Soustre, notaire.)

Raymond Ménard eut pour successeur, à une époque imprécise, son parent Géraud Maynard (XVIII). Celui ci est

(1) En 1663, M Pierre Maynard, avocat, était fermier des revenus du doyenné de Carennac (Arch. du Lot, B 1164).

(2) Poulbrière, Dictionnaire des paroisses du Diocèse de Tulle, tome II, p. 258.

(3) Lacoste, op cit., III, p. 353. Rupin, Roc-Amadour, p. 148. (4) Bernardus Rigaldi, Raymundus d'Esbrard, Petrus descudier, Bernardus Forlis?, Petrus de Flay, Thomas Malet, Raymundus Deval, Petrus Lauresse et Geraldus de Flay, habitatores loci de Carennaco, ex una parte et religiosus vir dominus Andreas Castelli, sacrista... de consensu venerabilium virorum dominorum Raymundi Maynardi, decani... Raym. de Pomareto, camerarii, Bertrandi de Cornilio, infirmarii, et Johannis de Corsdas (?) prioris claustralis. » Les témoins sont le prêtre Jean de Queyssac et le notaire-maître Jean de Bourdarie.

mentionné, dans un acte de 1424, comme tuteur de noble Antoine Maynard, fils de noble Guillaume, du lieu de Collonges (1).

Le dix-neuvième doyen connu est Gilles du Bosc (XIX), mentionné, dès 1442, dans un acte relatif au droit de passage sur la Dordogne, que reconnaît le vicomte de Tu

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renne (2). Il devait appartenir à la famille du Bosc, que l'on trouve, dès le XIIIe siècle au moins, à Castelnau-de-Bretenoux, et, dès le xive, à la fois à Bourzoles, près Souillac, à Assier et à Cahus (3). Cette famille semble avoir fini par le mariage. de l'héritière d'Assier avec le chef de la famille de Ricard de Gourdon-Ginouillac-Vaillac, vers le milieu du xv siècle. Gilles resta plus de trente ans à la tête du monastère, tandis qu'après lui, pendant quelque temps, les doyens ne font

(1) Bibl. munic. de Cahors. Manuscrit Lavayssière, p. 32. (2) Doat. 123, fol. 36: le document comprend plusieurs actes. (3) Il y avait à Cahus, au village de Saint-Saury, un château de Castelnau appartenant aux du Bosc.

guère que passer, en supposant même qu'ils résident dans le monastère. Aussi pensons-nous qu'on peut, sans grande chance d'erreur, lui attribuer le mérite de la restauration de Carennac; c'est très probablement lui qui fit refaire en partie le cloître, édifier la chapelle de la Déposition ou du Sépulcre, et peut-être la galerie du château.

Il fait une transaction au sujet d'Alvignac avec le vicomte de Turenne, représenté par son procureur le notaire royal Antoine Arnaldi. C'est une question assez difficile à élucider que celle de la seigneurie d'Alvignac. Alvignac était situé dans la vicomté (1). Les barons de Gramat y avaient des droits pour lesquels nous les avons vus en contestation avec les doyens. En 1281 Hugues de Castelnau, en 1304 Gisbert de Thémines hommageaient à l'évêque de Cahors pour le repaire, château et ville d'Alvignac (2). D'autre part, en 1268, contre la femme de Galhard de Castelnau, le prieur de Carennac prouvait qu'il était bien dans son droit en réclamant la possession de l'église, repaire et ville de ce même lieu, et en 1272 il avait prouvé la même chose contre les prétentions des La Barrière. C'est que les seigneuries indivises notamment celle de Miers toute voisine étaient en usage en plusieurs endroits, source abondante de contestations inévitables. Quoi qu'il en soit, Gilles du Bosc, s'appuyant sur les actes anciens que nous venons de rappeler, prétendait à la moitié de la justice de tout le lieu d'Alvignac; le vicomte de Turenne la voulait entière et complète, ainsi que le domaine direct. La transaction de 1444 lui donna raison sur le premier point, mais il fut décidé que le domaine serait indivis. Le château devait de même appartenir aux deux parties qui s'entendraient pour les réparations à faire, et aussi pour le choix d'un capitaine du fort, s'il

(1) Cette terre aurait appartenu d'abord (comme sans doute la baronnie de Gramat) aux vicomtes de Comborn et Gimel. Elle aurait été donnée au vicomte de Turenne en 1164 par Raynald, vicomte de Gimel (Lacoste. Hist. du Quercy, 11, p. 82, d'après Justel).

(2) En 1341, Hugues de Cardaillac, seigneur de Brengues et d'Al· vinhac, obtenait, provisoirement, que ce lieu qui ressortissait de Martel fût rattaché au ressort de Figeac. L'acte est trop long pour être donné ici à propos de Carennac.

arrivait qu'il en fallut un. Le doyen et le couvent de Carennac feraient hominage au vicomte (1).

En 1446 (le 16 décembre), Gilles du Bosc intervenait dans un acte qui intéressait la paroisse de Laval, en Limousin (2). Quelques années plus tard, le doyen se trouvait en désaccord avec l'évêque de Tulle, son voisin par les possessions de l'abbaye de Roc-Amadour, pour certaines dimes sur des

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terres limitrophes, non indiquées (sans doute du côté d'Alvignac ou de Miers). Il y eut un premier arrangement avec l'évêque Jean de Cluys (mort 1451), mais qui ne termina rien. Sous son successeur Louis d'Aubusson, il fallut recourir au Pape qui confia l'affaire (5 décembre 1460) à l'abbé d'Aurillac et aux officiaux de Limoges et de Cahors (3).

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(1) Arch. Nat., carton R 469, où se trouvent toutes les autres pièces que nous venons de mentionner. - Ibidem, R2 466, le 1er avril 1467, le doyen assiste à l'acte d'hommage du baron de Gramat au vicomte de Turenne.

(2) Poulbrière, op. cit., II, p. 469.

(3) Arch. Vat., fonds de Latran, vol. 561, fol. 163 v.

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