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dans l'acte importent peu; ce qui est curieux, c'est de voir que le consentement même de ces tenanciers au quatrième degré est requis pour la validité de la donation. On trouve souvent au XIIe siècle, dans le Cartulaire d'Obazine, que les << laboureurs » les « agriculteurs de quelque terre donnée à l'abbaye, donnent aussi leur approbation, d'ailleurs payée; cela donne sur la propriété à cette époque des idées peu conformes aux préjugés courants.

L'église Saint-Jean de la villa de Tounac est la même que celle de Saint-Jean de Flavi, mentionnée plus haut. Le plateau.qui s'élève au-dessus de la falaise sur le penchant de laquelle se trouvent, cachées au milieu des buissons, les ruines de l'église Saint-Jean, porte encore aujourd'hui le nom de pech de Tounac, et M. Viré a eu l'occasion d'en parler dans son résumé archéologique. Les paysans donnent à l'ensemble de cette région le nom de Florimont, qui est sans doute une déformation populaire du mansum Flavinum du Cartulaire de Beaulieu. Ce n'est pas faire une conjecture trop forte, le Cartulaire n'étant pas composé de pieces originales; peut-être y a-t-il eu une forme intermédiaire Flavimont.

Diverses chartes se rapportent à la donation de Sainte

dante Gauzelmo de Vosias, cum suis liberis, qui de Petro supradicto et de filiis suis hanc iterum tenebant ad feudum, et laudantibus subtitulatis, scilicet Stephano et Rainaldo, et Aone, et Petro et Arnaldo, qui de Gauzelmo et de illius filiis hanc ecclesiam rursus ad feudum tenebant.

Facta est carta ista, mense febroario, regnante Philippo « entre 1060 et 1108).

(Bruel, Cartulaire de Cluny, collection des Documents inédits, tome IV, p. 464, no 3368). · La forme Colnaco est pour Tolnaco, qui donne Tounac : c'est le nom encore usité aujourd'hui chez les paysans. A cause de cette fausse lecture, Lacoste (Histoire du Quercy, tome I, p. 421) a compris Cornac, près de Bretenoux. L'église de Saint-Jean de Tounac se trouve (en ruines) sur le chemin de Salzac à Mézels. Il paraîtrait que ce serait de là qu'on aurait transporté les statues ou fragments de statues qui sont dans l'église de Mézels.

Spérie vers le même temps (1). Eirad, considérant l'énormité de ses péchés, donne à Cluny et à Carennac sa part de l'église de Sainte-Spérie. Il demande qu'on reçoive commer religieux son fils Pierre et comme religieuse sa femme Raingarde, ce qui permet de supposer l'établissement d'un monastère de femmes, peut-être à Mézels. Parmi les témoins de l'acte est un certain Gisbert de Salicas (Salesse ?) qui donne le droit de pacage pour dix porcs dans sa forêt de Portos et le bois de chauffage (2); Hugues, surnommé Amiel, s'offre lui-même comme moine, avec une autre partie de l'église de Sainte-Spérie (3).

Un peu plus tard, Bertrand de Saint-Séré dépose sur l'autel de Carennac l'acte de donation de sa partie de l'église

(1) On sait que Saint-Spérie est l'ancien nom de Saint-Céré ou Séré. Située au pied de la colline qui portait le château-fort de Saint-Séré (aujourd'hui tours de Saint-Laurent), cette ville, bâtie autour du tombeau de sainte Spérie, martyre, s'appelait Sainte-Spérie-lès Saint-Séré, jusqu'au jour où le château ruiné céda son nom à la ville qu'il ne protégeait plus. La paroisse releva, jusqu'à la Révolution, du prieuré ou doyenné de Carennac. L'orthographe actuelle de Saint-Céré, par un C, remonte à la fin du XVIe siècle.

(2) Cartulaire Cluny, n° 3420. Ego Eiradus considerans enor mitatem scelerum meorum et de Dei misericordia confidens, idcirco dono aliquid de rebus proprietatis mee, hoc est meam partem de ecclesia Sancte Sperie, Deo et sancto Petro de Cluniaco et in loco de Carennaco, pro tali ratione ut monachi de prefato loco recipiant quemdam filium meum, nomine Petrum, ad monachum faciendum, et uxorem meam nomine Raingardis et monacham faciant; similiter me ipsum si petiero.

Signum) Maingodi, prioris.

S. Amelii, monachi. S. Petri Bo. nafos. — S. Giberti de Salicas (Salesse? près de Comiac]. Predictus vero Gibertus dedit ad jam dictum locum pastionem ad decem porcos in bosco qui dicitur Portos (?) et ligna ad calefaciendum monachos. >>

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(3) Ibidem, n° 3421. «Ego Ugo, cognomento Amelius, offero meipsum Deo ac sancto Petro de Cluniaco et dono partem meam de ecclesia Sancte Sperie Deo et sancto Petro de Cluniaco et ad locum qui dicitur Carennacus, ut monachi de prefato loco me suscipiant et monachum faciant. S. Maingodi prioris. S. Amelii monachi qui benedixit predictum Hugonem ad monachandum. S. Wirberti Hugonis. S. Wuillelmi Ugonis. »

de Sainte Spérie, dont il retient la dime (i). Boson de SaintSéré et son frère Rigaud, donnent aussi des droits, sans doute usurpės par eux-mêmes ou quelque membre de leur famille, sur la dime, les funérailles, les offrandes (2), etc., et, après leur mort, sur le fief des prêtres. Après la mort de Géraud de Sainte-Spérie (3), dont sans doute il héritait, Boson donnait, pour 20 sols, la partie du fief « presbytéral qu'il revendiquait sur la dite église (4).

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D'autres donations furent faites, dont les actes ne nous ont pas été conservés, de la chapelle de Saint-Séré et de l'église de Rignac près de Gramat: car l'évêque de Cahors, Géraud de Gourdon (1068-1074), confirmait les récentes acquisitions du monastère de Carennac, à savoir l'église de

(1) Ibidem no 3422. « Ego, Bertrandus de Sancto Sereno... dono meam partem de ecclesia que vocatur Sancte Sperie, preter decimam, Deo et Sancto Petro de Cluniaco, super altare Sancti Petri de Caren. naco. De hac donatione sunt testes Helyas prior et Geraldus mona. chus, ceterique plurimi, atque Bernardus miles de Sancto Cyrico. » [On retrouve ce nom de Saint-Cyr donné à une rue de Saint-Céré. Il y a un pech de Saint-Cyr, près de Saint-Céré. en la commune de Bannes.]

(2) En latin proferentiam; cf. notre locution patoise: ona a prou ferre, pour dire aller à l'offrande.

(3) On trouve de nombreux personnages portant ce nom de SainteSpérie jusqu'au xve siècle.

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(4) Carl. Cluny, no 3423. · Incipit breve quod facit facere Boso de S Sereno et Rigaldus frater ejus de ecclesia de Sancta Speria, qui dederunt Domino Deo et Sancto Petro de Cluniaco, apud locum Caren. tenacum, decimam et sepulturam et proferentiam et, post mortem eorum, lo feus des presbiterii (var. lo feus del prestre); hoc dedit pro anima patris et matris et pro nobis medipsis.

S. Amelius Garnerius.

S. Ranulfus de S. Johanni (var.: S.iheri sans doute de Saint-JeanLespinasse près Saint-Céré), S. Bernardi, Petri, et Arnal. de Luco et Bernardo Gausfre.

Et post mortem Geraldi de Sa Speria, dedit Boso Deo et S. Petro illam partem de fevo presbyterale quam racionabat in predicta ecclesia et accepit xx solidos. De hoc sunt testes Amelius monachus et mater ejus et Guirbertus (1150).

Sainte-Spérie, la chapelle de Saint Séré (1), l'église de Rignac et celle de Tounac (2).

C'est vers le temps de ces débuts du monastère qu'arriva un événement tragique raconté dans la vie de saint Robert, fondateur de La Chaise-Dieu. Le bienheureux Seguin, deuxième successeur du saint abbé, était venu dans la région où son monastère avait des biens et notamment l'abbaye de Saint-Théodard à Montauban. Le prieur de Carennac le pria de s'arrêter chez lui pour célébrer les fêtes de la Pentecôte. Il espérait que les exhortations du saint homme parvien draient à convertir un brutal seigneur du voisinage. Celui-ci ne répondit aux avances que par des blasphèmes et des menaces. Le prieur tremblait déjà. Le bienheureux Seguin le rassura en lui disant que le tyran ne pouvait pas lui nuire. En effet, il se retirait à peine que le seigneur tomba dans la Dordogne en voulant suivre le vol d'un de ses faucons et se noya. Cette mort, dit le biographe, jeta une vive crainte. parmi ceux qui s'acharnaient contre le monastère et valut aux moines une longue tranquillité (3).

(1) Remarquer la différence: le fort de Saint-Séré n'a qu'une chapelle; la ville de Sainte-Spérie a une église. Il est probable qu'il y avait déjà, non loin du fort, l'église paroissiale de Saint-Laurent. (2) Cartul. Cluny, no 3419. - «Ego igitur Geraldus, Dei gratia Caturcensis episcopus, dono Deo et sancto Petro de Cluniaco, ad locum qui dicitur Carentenacus, ecclesias quas acquisierunt [in diebus meis] in episcopatu meo, ecclesiam videlicet de Sancta Speria, capellam de Sancto Sereno, ecclesiam de Riniaco, ecclesiam de Colnaco (Tolnaco). S. Maiengodi prioris. S. Geraldi monachi. S. Amelii diaconi. » — Alvignac, annexe de Rignac, n'est pas nommé ici. (Voir Lacoste, Histoire du Quercy, tome I, p. 421.)

(3) Acta Sanctorum, avril, tome III, p. 333. Cet abbé Séguin, un des bienheureux de l'ordre bénédictin, ancien chanoine de l'église de Lyon, fut abbé de La Chaise-Dieu de 1078 à 1094.

CHAPITRE II

Carennac au XIIe siècle

Possessions

Quelques uns des actes que nous avons mentionnés plus haut nous donnent le nom de deux prieurs: Maingaud, à qui fut faite la donation de Tounac et d'une partie de Sainte-Spérie; Hélie, son successeur, qui reçut les dons des seigneurs de Saint-Séré. Le premier était encore en exercice au moment de la confirmation des biens par l'évêque Géraud (1); ce qui met après cette confirmation la date des donations de Bertrand, de Boson et de Rigaud de Saint-Séré qui complétaient les précédentes.

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Un troisième prieur est nommé dans une bulle d'Alexandre III, de 1175, où se trouve la liste de toutes les possessions de Carennac à cette date. Ce prieur, Rigaud, est-il le cons

(1) M. Bruel n'a pas osé préciser le nom de l'évêque, parce qu'après Géraud de Gourdon, il y eut Géraud de Cardaillac (1083-1112); mais le nom du prieur Maingaud montre qu'il s'agit ici du premier des deux Géraud.

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