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sur les bords de la Dordogne, à une quinzaine de kilomètres en aval, le seul point de France où ce genre de poterie ait été rencontré (1).

L'époque gauloise n'a point encore manifesté son existence; mais le voisinage du Camp des Césarines près Saint-Céré, des fortifications gauloises du Puy d'Issolud et de l'enceinte, peut-être gauloise aussi, de la Roque, près Montvalent, ne laissent point que de faire espérer d'ultérieures trouvailles.

L'époque romaine a laissé divers vestiges aux environs. Nous avons signalé tout à l'heure le pont romain de Pontou, près de notre territoire. Sur le Causse, presqu'aux limites de la commune, entre Salsac et Mézels, il existe plusieurs champs dans un lieu absolument désert, où l'on rencontre en grande abondance des tuiles à rebord, des poteries grossières et des poteries rouges dites samiennes, bien caractéristiques de l'époque gallo-romaine.

Un vieux chemin pavé, dit chemin de Rocamadour, qui part du village même de Carennac et escalade le Causse au Sud-Est du village, pourrait bien avoir été construit par les Romains avant d'avoir servi aux Pèlerins de Rocamadour. Il en est de même d'un tronçon de chemin pavé à l'entrée Nord du village de Magnague.

Si nous en croyons des renseignements donnés par M. l'abbé Teulières, curé de Mézels, on aurait trouvé à peu de distance de cet endroit, des sarcophages de pierre, ce qui semblerait indiquer en ce lieu l'exis

(1) A. Viré, Poterie hallstattienne des Igues de Magnague... (Bulletin de la Société préhistorique française, tome IX, no 3, mars 1912, page 172 )

tence d'une agglomération d'une certaine importance sinon à l'époque romaine, tout au moins à l'époque mérovingienne ou carolingienne. C'est donc à cet établissement, le même sans doute que les vieux titres appellent Tolnacum (1), et dont le nom n'est rappelé aujourd'hui que par le désertique Pech de Tounac, qu'ont dû succéder, dans un lieu plus riant, plus fertile et d'altitude beaucoup plus basse, le Village et le Monastère de Carennac.

III.

Site et aspect de Carennac

Carennac s'étage sur les dernières pentes qui dominent le cours de la Dordogne, dans un véritable nid de verdure qui contraste étrangement avec l'aridité du Causse qui le domine. La rivière étale à ses pieds (fig. 6) ses méandres et ses iles. Dans le lointain. s'estompent les derniers monts de la Corrèze et plus près, dans un merveilleux cirque vert et doré, les abrupts escarpements du Causse de Martel, Vayrac, la masse rutilante du château de Castelnau, les Tours Saint-Laurent et le bloc grisâtre des Césarines, tandis que, au Sud, se dresse la barrière formidable des falaises du Causse, dominée par l'énigmatique ruine de Taillefer.

C'est dans ce cadre, à la fois austère et riant, aride dans les sommets, plantureux dans les bas-fonds, dans ce paysage de plaines et de petits monts, qu'aimait à rèver le futur prélat, François de Salignac de LamotheFénelon; c'est de là qu'est parti ce chef-d'œuvre

(1) Voir la partie historique.

d'ironique bonhomie, la lettre à la marquise de Laval relatant l'entrée triomphale du jeune doyen à Caren

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Fig. 6. Carennac vu de l'Ile de Calypso.

(Cliché P. Violette.)

nac; là que naquirent peut-être d'une façon encore vague les premières ébauches de ce suave chefd'œuvre qui a nom: les Aventures de Télémaque.

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Vu de la Dordogne et de l'ile de Calypso, ou au contraire des dernières pentes du Causse (fig. 22)

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20 miles

Plan du Doyenné de Carennac, reconstitué d'après d'anciens plans et d'après les bâtiments encore restants.

Carennac présente un aspect très archaïque, avec ses vieilles maisons branlantes, les tours et l'enceinte du Doyenné, les vieux pigeonniers à moitié croulants.

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L'impression s'accentue encore dès que l'on pénètre dans le village. Les rues sont étroites, tortueuses; la plupart des maisons et des vieux hôtels nobles conservent encore leurs fenêtres à ogives et à meneaux, leurs portes gothiques à heurtoir de fer forgé, les fenêtres de leurs échoppes, leurs tourelles d'escaliers à poivrières, ou bien leurs ouvertures de la Renaissance, œuvres d'un art plus correct et plus raffiné, mais déjà moins indigène et moins sincère.

Quant au Doyenné lui-même, il suffit de bien peu d'imagination pour y revivre toutes les scènes de la vie monacale d'autrefois. La porte fortifiée (fig. 8) qui fut témoin de la harangue de l'orateur royal, si spirituellement racontée par Fénelon, est encore debout; à côté l'Infirmerie, la Porterie et le logement des hôtes conservent leur aspect ancien, au moins extérieurement; le porche et la belle église romane (fig. 28 et 10) n'ont point changé; les bâtiments conventuels (fig. 24) montrent, sous les remaniements du xvII° siècle, leurs délicates fenêtres gothiques à meneaux; le pressoir, les caves avec leurs cuves en pierre pour le vin sont presque intacts; le réfectoire, le chauffoir des moines, malgré l'effondrement récent des voùtes, sont encore reconnaissables; le cloitre enfin, malgré sa radicale transformation en toits à porcs (fig. 15, 20, 25 et 34) va pouvoir reprendre bientôt, grâce à un classement opportun aux Monuments Historiques, sa physionomie des XII et XVe siècles.

Quant au château ou Doyenné (fig. 9 et 26) composant les appartements privés du Doyen de Carennac avec leurs divers services et dépendances, il est encore bien conservé, et les restaurations discrètes exécutées

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