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Mais certainement ceci ne pouvait pas plaire ni convenir au gouvernement centralisateur du roi Dom Manoel I, et celui-ci fit bientôt voir son intention d'en finir avec un tel esprit de liberté, et il chercha à établir solidement le principe du despotisme royal.

Mais l'emploi de moyens décisifs, ou en quelque manière violents, était périlleux et le roi connaissait bien par son expérience et par celle de ses prédécesseurs, qu'il était diffi cile de traiter et de s'imposer de cette façon-là avec les fiers et hautains habitants de Porto.

Cependant l'astuce a mis les mains à l'œuvre.

Le roi commença par la révision et réforme des Foraes (chartes municipales) et ce fut fait bien facilement. Les extraordinaires résultats des découvertes portugaises en Asie, Afrique et Amérique tellement préoccupaient et aveuglaient l'esprit du peuple, qu'ils lui faisaient presque oublier les nobles et fiers sentiments des époques antérieures.

L'abolition du privilège de la ville de Porto faite en faveur des nobles, dont nous avons parlé, permit au roi Dom Manoel I de voir la portée de la mesure et de l'étendre conformément à ses désirs et plans absolutistes.

En 1503 il ouvrit les portes de la ville de Porto aux nobles afin que ceux-ci par leur puissance, puissent gagner tout de suite la majorité aux élections municipales.

L'entrée de la noblesse dans cette administration correspondait au domaine absolu sur l'esprit des gens de Porto, et Dom Manoel I savait bien qu'ils devaient devenir la base sur laquelle il pouvait assurer son régime despotique. Mais son calcul échoua sur ce point et l'élection continua de prendre les hommes bons de la ville pour les charges municipales.

Treize années s'écoulèrent ainsi toujours sans résultats. Passé ce temps, reconnaissant l'impossibilité de faire cesser la forme habituelle et invétérée de l'élection populaire, le roi Dom Manoel I lui vibra le coup décisif.

Le 1er janvier 1518, se trouvant à Almeïrim, le roi expédia une provision par laquelle ii ôtait au peuple de Porto le droit

d'élire (1) et créait la Maison des vingt-quatre (2) à la manière de l'organisation municipale de la ville de Lisbonne.

L'élection municipale d'après cette réforme appartenait exclusivement aux 24 métiers, avec d'autres 24, qui à cet effet étaient dans cette occasion élus.

Il est certain que les 24 ne pouvaient assister aux sessions du Sénat municipal, comme ceux de Lisbonne, mais ils choisissaient d'entre-eux un procureur, qui devait être appelé seulement quand on verrait que l'intérêt du peuple l'exigerait, et quand ce serait nécessaire serait leur représentant devant le roi.

La première élection en harmonie avec ce nouveau régime eut lieu sous la surintendance de Pierre Vaz, corregidor de Porto.

Il est facile de comprendre quelle était l'idée de Dom Manoel I en décrétant une telle organisation. Il était bien plus facile de conquérir et de soumettre 24 hommes, qu'une ville entière, et en effet l'idée a excellemment réussi. Le Sénat fut dorénavant dominé par la noblesse et par conséquent par le souverain.

Les sentiments d'autonomie et indépendance ne s'étaient pas entièrement effacés chez les bourgeois de la ville de Porto, et comprenant enfin le piège et l'astuce royale, ils employèrent à leur tour leur astuce.

Dom Manoel I fut forcé, malgré lui, de publier une nouvelle Provision qui portait à deux le nombre des procureurs, nommés par les métiers (mestères); ceux-ci étaient obligés d'assister aux sessions du Sénat dès qu'il était question de l'administration économique de la municipalité, et leur vote était décisif.

Le roi voyant rapidement la portée du piège où à son tour

(1) Archives municip. de Porto, L1 I das Proprias, fl. 109. L1 I das Chapas, fl. 302.

(2) C'était une corporation de 24 membres, créée par le roi Dom Jean I de Portugal, et destinée à veiller au bon gouvernement de la ville. Les membres de cette corporation étaient élus entre les métiers qui travaillent le fer, ou avec le feu.

il était tombé, ordonna par lettres du 10 septembre 1519, que l'on mit immédiatement en vigueur la réforme créée par la Provision du 1er janvier 1518.

Cette organisation du Sénat municipal de Porto fut confirmée par le roi Dom Jean III, par charte royale du 24 juil. let 1525, mais non sans de nouvelles résistances qui se sont manifestées en 1536 et 1562 dans des évènements d'une certaine importance (1).

Telle fut la période que Porto traversa quand le roi Dom Manoel I eut l'idée de créer dans cette ville la confrérie de la Miséricorde tout à fait modelée sur celle de Lisbonne; et ce fut une des causes principales de la résistance et de l'antipathie pour la nouvelle institution religieuse et hospitalière dans laquelle on ne voyait certainement plus qu'une nouvelle restriction aux droits et attributions de la ville et de son Sénat municipal.

2 III

Notre-Dame de Roc-Amadour à Porto, après
la suppression de la confrérie

'Cependant l'institution hospitalière de Notre-Dame de Roc-Amadour n'était pas morte. Tout au contraire, ses vigoureuses racines, créées et développées aux siècles antérieurs, n'ont fait que devenir plus grosses et plus robustes, faisant le tronc plus rameux, touffu et abritant, et le remplissant des fruits les plus beaux et les plus éclatants.

En 1559, trente années après ces événements, la confrérie de Sainte-Marie de Roc-Amadour, maintenant baptisée de nouveau, ou mieux confirmée de vive force sous le nom de confrérie de Notre-Dame de la Miséricorde, fut transférée de la chapelle de Saint-Jacques, qui se trouvait dans le vieux cloître de la cathédrale, en l'église que les confrères

(1) Archives municip. de Porto, L. V das Proprias, fl. 108. L' I des Sentences, fl. 170. Liv. Il das Proprias, fl. 209.

avaient fait bâtir tout exprès dans la rue Das Flores, ouverte à cette même époque (1).

Quant à l'Hôpital, il était à ce temps-là commis à l'ordre. monastique des chanoines séculiers de Saint-Jean l'Evangéliste (Loyos) (2). Le 29 janvier 1584 mourait à Madrid le plus grand de ses premiers bienfaiteurs, Dom Lopo d'Almeïda, prêtre de l'habit de Saint-Pierre, conseiller du roi, confesseur de l'infante Dona Marie, fille du roi Dom Jean III de Portugal et femme de Dom Philippe II roi d'Espagne (3), qui dans son testament légua ses biens à la confrérie de la Miséricorde de Porto, afin d'en fonder un grand hôpital pour les malades pauvres.

D'après une inscription gravée sur une pierre, qui de nos jours est encore conservée dans la cour intérieure du secrétariat de la Miséricorde où elle fut placée le 28 octobre 1886 (4), cet hôpital fut fondé le 8 février 1605 en l'adossant à l'ancien hôpital et hôtellerie de Sainte-Marie de RocAmadour, lequel conservait encore ce nom (5).

(1) D'après ce que l'or. voit aux chartes royales adressées au Sénat municipal de Porto du 26 novembre 1594 et 30 décembre 1548 (Archives municipales de Porto, la nouvelle église de la rue Das Flores fut commencée en 1544 et consacrée le 13 décembre 1559 par l'évêque de Porto, Dom Rodrigo Pinheiro. L'église reçut la consécration le 6 avril 1590. La confrérie de la Miséricorde de Porto était restée dans la chapelle de Saint-Jacques de la cathédrale cinquante-sept années, du 7 août 1502 au 13 décembre 1559.

(2) Zéph. Bradaô, Monuments de Santarem, Lisbonne, 1883, chapitre VIII, page 323.

(3) Il était fils de Dom Antoine d'Almeida et de Dona Marie Paes et frère de Dom François d'Almeida, vice-roi des Indes.

(4) Archives de la Miséricorde de Porto, off à Méza, 28 octobre 1886. (5) L'hôpital et hôtellerie de Sainte-Marie de Rocamadour avaient été rendus au Sénat municipal de Porto en 1649, en échange d'une redevance dans la rue Da Beïnhara, qui appartenait au Sénat municipal, à y établir un hospice d'enfants trouvés nommé Roda, qui se conserva jusqu'à l'année 1826. (Archives de la Miséricorde de Porto, Tombo 1, fl. 482.)

(Roda), en français le Tour, était un appareil de forme cylindrique tournant sur un pivot, placé dans l'épaisseur du mur de façade, et avec

L'édifice de l'hôpital de Dom Lopo s'est conservé presque intact jusqu'en 1859, où il fut vendu par la Miséricorde à des particuliers.

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La façade regardait la rue Das Flores; il y avait deux étages le premier avec des fenêtres, et le second avec des balcons.

A la façade il y avait une porte large d'entrée, avec deux colonnes latérales et un linteau avec l'inscription que l'on trouve à la cour intérieure du secrétariat de la Miséricorde, dont nous avons déjà parlé (2).

deux portes, l'une à l'intérieur et l'autre à l'extérieur. La personne chargée d'exposer un enfant tirait le cordon d'une sonnette, et aussitôt une femme tourière venait recueillir le petit enfant, en faisant tourner le tour à cet effet.

(1) Inscription de l'Hôpital de Dom Lopo :

Este hospital he de dom Lopo dA-
Imeida, o qual se começou a 8 de
fevr de 1605, sendo provedo-

r Damian Alvaro Fereira Perei-
ra e Escrivano Pantaliào Rebelo.

Inscription de la cour intérieure du secrétariat de la Miséricorde de Porto. Jadis elle était sur la porte principale de l'hôpital de Dom Lopo. (2) Cette inscription se trouvait jusqu'alors dans l'enclos des maisons no 159 à 165 de la rue Das Flores, précisément au lieu où avaient existé les anciens hôpitaux de Dom Lopo et Roc-Amadour.

T. XXXIV.

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