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tion des couleurs nationales, présentée par des matelots, dont on fait avec tant de plaisir, retentir les désordres, en en taisant les véritables causes, pour peu qu'elles puissent sembler excusables; lorsque vos comités réunis ont eu cette belle et profonde idée de donner aux matelots, comme un signe d'adoption de la patrie, comme un appel à leur dévouement, comme une récompense de leur retour à la discipline le pavillon national, et vous proposent en conséquence une mesure, qui au fond n'avoit pas besoin d'être demandée, ni décrétée, puisque le directeur du pouvoir exécutif, le chef suprême des forces de la nation, avoit déja ordonné que les trois couleurs fussent le signe national ».

<< Eh bien, parce que je ne sais quel succès d'une tactique frauduleuse dans la séance d'hier, a gonflé les cœurs contre-révolutionnaires; en vingt-quatre heures, en une nuit, toutes les idées sont tellement subverties, tous les principes sont tellement dénaturés, on méconnoît tellement l'esprit public, qu'on ose dire, à vous-mêmes, la face du peuple qui nous entend, qu'il est des préjugés antiques qu'il faut res

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pecter, comme si votre gloire, et la sienne, n'étoit pas de les avoir annéantis, ces préjugés que l'on réclame! Qu'il est indigne de l'assemblée nationale, de tenir à de telles bagatelles, comme si la langue des signes n'étoit pas par-tout le mobile le plus puissant pour les hommes, le premier ressort des patriotes et des conspirateurs, pour le succès de leur fédération ou de leurs complots! On osé, en un mot, vous tenir froidement un langage qui, bien analysé dit précisément : nous nous croyons assez forts pour arborer la couleur blanche c'est-à-dire la couleur de la contre-révolution (la droite jette de grands cris, les applaudissemens de la gauche sont unanimes), à la place des odieuses couleurs dé la liberté. Cette observation est curieuse

sans doute mais son résultat n'est pas effrayant. Certes, ils ont trop présumé. Croyez-moi, (l'orateur parle à la partie droite) ne vous endormez pas dans une si périlleuse sécurité, car le réveil seroit prompt et terrible. (au millieu des applaudisse mens et des murmures, on entend ces mots: c'est le langagé d'un factieux.) (à la partie droite) Calmez-vous, car cette imputation

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doit être l'objet d'une controverse régulière, nous sommes contraires en faits, vous dites> que je tiens le langage d'un factieux. «( plusieurs voix de la droite : oui,

·oui).

<< M. le président,je demande un jugement,' et je pose le fait ( nouveaux murmures): jo prétens moi, qu'il est, je ne dis pas irrespectueux, jene dis pas inconstitutionnel, je dis profondément criminel, de mettre en question, si une couleur destinée, à nos flottes peut être différente de celle que l'assemblée nationale a consacrée, que la nation, que le roi ont adoptée, peut être une couleur suspecte et proscrite. Je prétens que les véritables factieux, les véritables conspirateurs sont ceux qui parlent des préjugés qu'il faut ménager, en rappellant nos antiques erreurs et les malheurs de notre honteux esclavage. (On applaudit). --Non, Messieurs, non: leur sotte présomption sera déçue: leurs sinistres présages leurs hurlemens blasphémateurs seront vains: elles vogueront sur les mers, les couleurs nationales, elles obtiendront le respect de toutes les contrées ; non comme le signe des combats et de la victoire, mais comme celui de la sainte confraternité des

amis de la liberté sur toute la terre, et comme la terreur des conspirateurs et des tyrans....Je demande que la mesure générale comprise dans le décret, soit adoptée; qu'il soit fait droit sur la proposition de M. Chapelier, concernant les mesures ultérieures, et que les matelots à bord des vaisseaux, le matin et le soir, et dans toutes les occasions importantes, au-lieu du cri accoutumé et trois fois répété de vive le Roi, disent vive la Nation, la Loi et le Roi ». (La salle retentit pendant quelques minutes de bravo et d'applaudissemens ).

L'article relatif au changement du pavil. lon fut décrété avec l'amendement de Mirabeau.

Mais tandis que l'effet du discours de cét orateur fut si prodigieux sur toute l'assemblée, il excita la fureur de M. Guillermy, qui proféra ces paroles : « M. Mirabeau est un scélérat, un assassin ».

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La motion de l'arrêter sur-le-champ fut faite et appuyée par tout le côté gauche.

Mirabeau demanda qu'on passât à l'ordre du jour sans doute on lui fit sentir la conséquence de cette générosité; on le vit un instant après prendre la parole. « Je

serois bien fâché, dit-il, de me présenter. en cette occasion comme accusateur, mais je ne puis cependant pas consentir à être accusé. Non seulement mon discours n'étoit pas incendiaire, mais je soutiens qu'il étoit de devoir pour moi, dans une insurrection si coupable, de relever l'honneur des couleurs nationales, et de m'opposer à l'infâme il n'y a lieu à délibérer, que l'on osoit espérer de notre foiblesse. Je dis, et je tiens à honneur d'avoir dit que demander. que l'on ménageât les préjugés sur le renversement desquels est fondée la révolution, que demander qu'on arborât la couleur blanche proscrite par la nation, à la place des couleurs adoptées par elle. et par son chef, c'étoit proclamer la contrerévolution. Je le répète, je tiens à honneur de le répéter; et malheur à qui parmi ceux qui, comme moi, ont juré de mourir pour la constitution, se sent pressé du besoin de m'en faire un crime ! Il a révélé l'exécrable secret de son coeur déloyal! Quant à l'injure de l'homme traduit devant cette assemblée et soumis à sa justice, cette injure est si vile qu'elle ne peut m'atteindre. J'ai proposé que l'on passât à l'ordre du jour,

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