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été on ne peut pas plus étonné d'entendre un homme d'esprit comme M. l'abbé Maury, venir à la tribune réciter plusieurs phrases du mémoire de M. de Calonne... Je n'ai pas éprouvé un moindre étonnement quand j'ai entendu un prêtre venir invoquer la vengean. ce individuelle pour juge, dans le sanctuaire des loix. Je n'attendois, pour mettre fin à ce débat tumultueux jusqu'au scandale que la pièce qui devroit le terminer ; j'ai fait prier le dépositaire de me la communiquer; elle vous paroîtra peut-être plus que suffisante pour justifier le profond ressentiment que les députés de Corse ont eu le droit d'exhaler dans le sein de l'assem blée nationale.

(Alors Mirabeau fit lecture de deux let tres de M. l'abbé Péretti. Dans la première écrite à ses commettans, en leur envoyant la protestation délibérée aux capucins par plusieurs membres de l'assemblée, contre un de ses décrets, M. l'abbé Péretti faisoit tous ses efforts pour rendre odieux les amis de la révolution, et il les appeloit des archiapótres des archi-rois. Dans la seconde adressée à un habitant de Corse, ce député marquoit que dans toutes les rues

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étoient placées des potences qui étoient en tourées de bourreaux; et qu'il n'y avoit pas une de leurs opinions qui ne leur fit courir les risques d'être pendus.

(MM. d'Ambly et Lautrec courent à la tribune, en menaçant Mirabeau. Ils sont arrêtés par les huissiers; ils se portent vers le fauteuil du président; tous les membre du côté droit quittent leurs bancs, demandant la punition de M. Mirabeau. On distingue au milieu du tumulte : Ce Mirabeau est un grand gueux.

Mirabeau impassible, et fixant d'un air de mépris les membres du côté droit ; « je ne conçois pas d'où vient ce désordre à la suite de la lecture que j'ai faite de la lettre de l'abbé Péretti. (M. Virieux vous nous insultez.) J'ai dit une fois dans cette tribune que notre force fait notre foiblesse. Il me seroit en effet trop aisé d'obtenir une éclatante vengeance des injures qui nous sont faites pour que je puisse le desirer. (L'assemblée et les tribunes applaudissent à plusieurs reprises.... Plusieurs membres du côté droit: Voulez-vous nous assassiner? Si nous avons des phalanges à notre disposition, et que vous n'ayez que

des libelles à la vôtre, il faut convenir que notre patience est grande.... Il seroit trop commode de se tirer d'un pas embarrassant par des cris et du tumulte. Tout le monde a pu juger les motifs du débat que l'on a suscité; on a provoqué la sévérité de l'assemblée contre les députés qui sont à la barre. Est-ce ainsi qu'on a' cru nous faire consacrer le droit de péti tion, qui est l'incorruptible gardien de la liberté ?... Sommes-nous dans une assemblée délibérante ou dans une arêne de gladiateurs! Est-ce que ceux qui nous interrompent n'insultent pas eux-mêmes à la souveraine majorité de l'assemblée ? Quand les députés de la Corse seroient coupables, les réclamans ne sont-ils pas eux-mêmes soumis à la jurisdiction de l'assemblée? Comment peut-on excuser tous ces hurlemens, tout ce désordre?... Nous ne nous y trompons pas. Nous observons depuis long-temps les divers moyens qu'on emploie successivement pour faire passer l'assemblée pour un conciliabule ou pour un champ de ba taille. Ne reconnoissez-vous pas qu'on veut nous faire perdre le temps, afin de pouvoir dire: voyèz les momens qu'ils consu

ment

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ment, pour faire leur interminable ouvrage... Cela seroit bien vrai, si on vouloit suivre les habitudes et les rits d'un certain nombre de conspirateurs. ( La partie gauche applaudit.) Je crois que la lettre que j'ai lue suffit à la justifie cation des députés Corses; pour moi, je dois compte à leur patriotisme de s'ef frayer du danger où met peut être leur patrie, l'impudence de ceux qui ont écrit de pareilles lettres. (De nombreux, applau dissemens accompagnèrent Mirabeau jus qu'à sa place.) » oh c. dog o'

M. Péretti disoit, pour se justifier, que par des potences il avoit entendu, des lanternes,

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...On demanda ensuite que l'orateur de la députation continuât son discours: un décret, l'ordonna ; mais à de nouveaux murmures se mêlent des hués, des cris, des sifflets, des hurlemens. Le président se couvre. Il annonce qu'il va déployer toute la puissance et toute la force, de l'assemblée nationale pour sévir contre tous ceux qui interrompront. Ces mots ramenèrent le calme, et l'orateur fut entendu..

Tome XI.

C

PRESIDENCE DE M. CHASSEY.

Du 8 au 20 novembre 1790.

8 Nov. On s'occupoit de la discussion des articles du projet de décret sur les échanges et aliénation des domaines natio+ naux, lorsque M. l'abbé Maury demanda à rendre compte d'un fait qui lui étoit par

ten se rendant à l'assemblée na

:

tionale il avoit entendu un colporteur qui crioit grande colère de l'abbé Maury qui a donné dans l'assemblée nationale des coups de poing à un député Corse.

M. l'abbé Maury n'avoit rien dit au pre mier cri ni au second, mais au troisième il saisit le colporteur et le conduisit au district. Celui-ci s'étoit justifié sur ce qu'il crioit le titre littéral d'un imprimé qu'on lui avoit vendu en sortant du district M. l'abbé Maury avoit été hué et menacé de gestes par 30 à 40 personnes : il demanda que l'assemblée prit des mesures pour la sûreté de ses membres.

« On ne peut sans doute que louer infini

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