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(plusieurs membres du côté droit se lèvent et s'écrient, c'est sonner le tocsin); mais nous vous demandons au nom du Dieu saint, qui doit nous juger tous, de ne pas confondre des opinions humaines et des traditions scholastiques avec les règles inviolables et sacrées de l'évangile. S'il est contraire à la morale d'agir contre sa conscience, il ne l'est pas moins de se faire une conscience d'après des principes faux et arbitraires. L'obligation de faire sa conscience est antérieure à l'obligation, de suivre sa conscience. Les plus grands. malheurs plublics ont été causés par des hommes qui ont cru obéir à Dieu et sauver leur ame. (On applaudit). »

<< Et vous, adorateurs de la religion et de la patrie, François, peuple fidèle et géné reux, mais fier et reconnoissant! voulez-vous juger les grands changemens qui viennent de régénérer ce vaste empire? Contemplez le contraste de votre état passé et de votre situation à venir. Qu'étoit la France il y a peu de mois? Les sages y invoquoient la liberté; et la liberté étoit sourde à la voix des sages. Les chrétiens éclairés y demandoient où s'étoit réfugiée l'auguste religion

de leurs pères; et la vraie religion de l'évangile ne s'y trouvoit pas. (Murmures à droite, applaudissemens à gauche). Nous étions une nation sans patrie, un peuple sans gouvernement, et une église sans caractère et sans régime ».

M. Camus s'écrie: « On ne peut pas entendre cela, je demande l'ajournement, le renvoi au comité ecclésiastique, et la levée de la séance ».

(Les membres de la partie droite se répandent dans la salle, les uns se portent vers le bureau, les autres vers la tribune: quelques membres du côté gauche se lèvent.

-Plusieurs minutes se passent dans de vives agitations. Différentes personnes demandent ou prennent la parole.---Un murmure général étouffe leurs voix).

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M. Régnault de S de St.-Jean d'Argely paroft -être d'avis du renvoi au comité ecclésiastique pour une nouvelle révision.

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Mirabeau. « Ce n'est pas seulement la révision qu'il faut ordonner, mais la réfracture de l'adresse contre laquelle on s'élève. Je dois articuler un fait, c'est que depuis la seconde et dernière lecture que le comité ecclésiastique a entendue, je n'ai

pas changé à mon adresse un seul mot, une seule virgule. Pour ma justification personnelle, je demande que l'état actuel de cette adresse soit constaté. Il faut qu'on la connoisse et qu'on ne puisse soupçonner un seul changement; elle ne contient pas une expression, pas une ligne dont je ne réponde sur ma tête et sur mon honneur ».

( Mirabeau dépose son adresse sur le bureau et la fait signer et parapher par les secrétaires).

Le renvoi au comité fut décrété à une grande majorité. (1).

«Il Il n'y avoit de régulier (2) et de stable parmi nous que la déflagration de tous les vices, que le scandale de toutes les injustices, que le mépris public du ciel et des hommes , que l'extinction totale des derniers principes de la religion et de la morale. Quel pays! que celui où tout se trouve

- I!

(1) Ce qui suit est le reste de l'adresse dont la lecture fut interrompue.

(2) Dans la séance du 4 janvier, M. Chassé lut, au nom du comité ecclésiastique, une nouvelle instruction sur la constitution civile du clergé dont les dispositions furent adoptées. M

à la disposition absolue de quelques hommes sans frein, sans honneur et sans lumières, et devant qui Dieu et le genre humain sont comptés pour rien ! et quelle révolution que celle qui fait succéder toutà-coup à ce désordre un spectacle où tout se place et s'ordonne selon l'ancien vou de la nature, et où l'on ne voit plus dissonner que la fureur impuissante de quelques ames incapables de s'élever à la hauteur d'un sentiment public, et faites pour rester dans la bassesse de leurs passions personnelles ! »

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François ! vous êtes les conquérans de votre liberté vous l'avez reproduite au sein de ce vaste empire par les grands mouvemens de votre courage; soyez-en maintenant les conservateurs par votre modération et votre sagesse. Répandez autour de vous l'esprit de patience et de raison; versez les consolations de la fraternité dans le sein de ceux de vos concitoyens à qui la révolution a imposé de douloureux sacrifices; et n'oubliez jamais que si la régé nération des empires ne peut s'exécuter que par l'explosion de la force du peuple, elle ne peut non plus se maintenir que dans

le recueillement des vertus de la paix. Songez que le repos et le silence d'une nation victorieuse de tant d'efforts et de conplots dirigés contre son bonheur et sa liberté, sont encore la plus redoutable des résistances à la tyrannie qui voudroit tenter de relever ses remparts; et que rien ne déconcerte plus efficacement les desseins des pervers, que la tranquillité des grands

cœurs. >>

PRÉSID. DE M. L'ABBÉ GRÉGOIRE.

Du 18 au 29 janvier 1791.

26 janvier. La coalition des ecclésiastiques réfractaires à la loi du 26 décembre, qui prescrit de prêter le serment avoit fait sentir la nécessité de prendre les me sures les plus efficaces et les plus éner giques. M. Chassé lut un projet de décret sur la destitution des fonctionnaires publics et sur le mode de leur remplace

ment.

Les dispositions de ce projet, étoient : 1°. De prolonger le délai fixé pour le serment des ecclésiastiques présens, juŝ

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