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l'aide d'appareils spéciaux, que la matière radiante est énergiquement repoussée par le pôle négatif. Ce fait explique la présence de l'espace noir qui entoure le pôle négatif d'un tube à gaz très raréfié, et pourrait bien ne pas être étranger à la stratification dans les tubes de Geissler; que le résidu gazeux rayonne du pôle négatif, normalement à la surface de ce pôle, voyage en ligne droite, sans tourner jamais un angle et cela quelle que soit la position du pôle positif; que l'action de l'aimant sur la matière radiante est bien plus énergique et toute différente de l'action de l'aimant sur les lueurs nuageuses des tubes à gaz peu raréfiés. Il semble qu'il y a dans les tubes de M. Crookes deux courants distincts, l'un d'électricité et l'autre de matière électrisée.

Utilisant ensuite la force vive du jet gazeux, comme on utilise le travail emmagasiné dans un cours d'eau, le R. P. Thirion a fait passer cette énergie invisible dans le mouvement visible de roues à palettes, habilement disposées à l'intérieur des tubes. Il s'en est servi pour rendre phosphorescent le verre d'Angleterre, le verre d'urane et le verre tendre d'Allemagne. Enfin, les rubis et les diamants se sont illuminés dans ses appareils.

Ces belles expériences ne sont pas, comme on pourrait le croire, du domaine de la physique simplement amusante. Si l'interprétation que tout porte à leur donner se confirme, elles auront une portée considérable dans la science. Les mouvements mécaniques, les effets calorifiques, lumineux et chimiques qu'elles réalisent trouvent, en effet, un lien naturel et une explication bien simple dans la théorie moderne de la constitution des gaz. Elles résolvent un des problèmes posés par la thermodynamique. On sait qu'il résulte de la théorie mécanique de la chaleur que tous les corps pondérables qui nous entourent, solides, liquides et gaz, malgré les apparences de repos et d'équilibre qu'ils offrent à nos sens, sont dans une vive et incessante agitation.

Or, dans les expériences de M. Crookes on peut voir, pour ainsi dire, les translations des molécules des gaz. Il en résulte donc une nouvelle démonstration de la thermodynamique et une preuve de plus de la théorie atomique, base de toute la physique moderne. Ce n'est pas tout. La remarquable action mécanique du pôle

négatif sur les gaz raréfiés, la coexistence probable dans ces tubes de deux courants distincts, les nouveaux faits de phosphorescence, sont des découvertes inattendues qui paraissent pleines de promesses; on peut espérer, semble-t-il, que ces faits avec les conséquences que le raisonnement et de nouvelles expériences en feront déduire, permettront, bientôt peut-être, d'édifier solidement une théorie mécanique de l'électricité, et, par suite, vu les nombreuses liaisons des phénomènes électriques avec les principaux mystères de la physique et de la chimie, on devra probablement plus tard les ranger parmi les découvertes les plus heureuses et les plus fécondes de la physique moderne.

II

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU JEUDI 27 JANVIER 1881.

M. De Marbaix, professeur à l'Université de Louvain, a pris pour sujet de sa conférence, l'alimentation du bétail, parce que c'est une des opérations les plus importantes de l'industrie agricole, et aussi parce que ce sujet lui permet de faire ressortir la puissante influence que les recherches scientifiques exercent sur la pratique. Cette démonstration lui a paru nécessaire, attendu que beaucoup de personnes sont encore assez disposées à prétendre que l'agriculture n'est qu'une question de routine, de pratique. Or, dans la lutte qui s'établit entre l'Amérique et l'Europe, véritable lutte pour l'existence, l'Europe ne devra qu'à la science de ne point être vaincue. A tous égards les avantages sont du côté de l'Amérique: plaines immenses qui mettent les prix de vente et de location à des chiffres très bas, impôts insignifiants, possibilité de se soustraire aux lois de restitution, emploi économique de toute la machinerie agricole, voilà ce contre quoi l'Europe doit s'efforcer de lutter.

L'univers est formé d'un certain nombre d'éléments appelés corps simples. Tels qu'ils se trouvent dans le monde inanimé, les éléments sont inaptes à nourrir les animaux : ils doivent au

préalable passer par le laboratoire du monde végétal. Au point de vue pratique de l'alimentation, quatre corps simples seulement attirent l'attention, l'oxygène, l'hydrogène, le carbone et l'azote. Les autres éléments peuvent être négligés attendu qu'ils se trouvent très généralement en quantité et en proportion convenables dans tous les aliments.

L'oxygène, l'hydrogène, le carbonne et l'azote, associés, combinés d'une certaine façon par les végétaux, constituent les principes nutritifs des aliments sucres, fécules, graisses, matières albuminoïdes, le tout joint à une certaine quantité d'eau.

On sait combien il faut de matière nutritive pour un poids vif donné. On pourrait donc croire, d'après cela, que rien n'est plus facile à établir qu'une ration. On se tromperait gravement. Des difficultés se présentent qui résultent de la grande différence de composition des substances alimentaires, et aussi de ce fait que les principes nutritifs ne sont presque jamais intégralement ni digérés ni absorbés. Chaque principe nutritif a non seulement un coefficient de digestibilité propre, mais, pour un principe donné, ce coefficient peut être modifié par un grand nombre d'influences.

Pour que les aliments produisent le plus grand effet utile possible, les principes nutritifs doivent s'y trouver dans un certain rapport. C'est ce qu'on a appelé relation nutritive. En général, les matières azotées doivent être aux matières non azotées comme 1 est à 5. Ces chiffres ne sont que des moyennes dont on devra souvent s'écarter considérablement dans la pratique. Pourtant, ces rapports ne peuvent varier que dans une certaine mesure: trop abondantes, les matières albuminoïdes sont bien digérées et absorbées, mais elles ne tardent pas à être décomposées dans l'organisme, et rejetées avant d'avoir pu produire un un effet utile; trop peu abondantes, au contraire, leur coefficient de digestibilité se restreint, et elles passent indigérées. Si les matières non azotées entrent pour une trop grande part dans la ration, une partie résiste aux forces digestives et passent dans les excréments. On le voit, une ration mal pondérée dans ses éléments expose le cultivateur à des pertes certaines et multiples.

Passant aux modes de préparation que l'on fait subir aux aliments, le concassage, l'aplatissage, la macération, la fermentation, la cuisson, le conférencier discute la valeur de divers procédés, dont, très souvent, on a exagéré l'importance. Pour ce qui concerne plus spécialement la fermentation du maïs ensilé, il est d'avis qu'on doit la restreindre autant que possible, attendu qu'elle transforme des matières de grande valeur, le sucre et la fécule, en produits inutiles et nuisibles, l'alcool, les acides acétique et lactique.

Enfin il établit les règles du rationnement. Il y a dans la ration totale, la ration d'entretien et la ration de produetion. La ration d'entretien fournit les éléments qui permettent à l'animal auquel on ne demande ni travail, ni produit, de conserver son poids initial. La ration de production est une ration surajoutée que l'animal transforme en produit ou en travail, tout en conservant son poids.

Le bénéfice que donne le bétail est d'autant plus grand que le rapport de production de la ration d'entretien est plus considérable. On doit donc, dans la ration totale, aller aussi loin que les forces digestives le permettent, et faire en sorte que la ration d'entretien n'en soit qu'une minime fraction.

Après avoir donné quelques formules de la ration, le conférencier termine en faisant remarquer combien la vraie science éclaire les pas du praticien. C'est à dessein qu'il emploie ces mots de vraie science, car il ne faut pas confondre les procédés éclairés, prudents, circonspects, de l'homme qui a fait de l'agriculture une étude spéciale, avec ceux de ces gobes-mouches qui foisonnent dans le monde agricole. Ceux-ci ont des engouements soudains, essaient de tout, ne réussissent en rien et mettent ainsi la science en suspicion parce qu'ils lui attribuent des insuccès dont la vraie raison n'est que dans leur ignorance.

CONCLUSION: Si vous voulez faire de l'agriculture scientifique, commencez par l'apprendre; si vous ne voulez pas l'apprendre, contentez-vous de faire de la routine. Seulement, dans ce dernier cas, il est douteux que vous puissiez longtemps encore nouer les deux bouts.

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M. Verriest professeur à l'Université de Louvain, parle ensuite sur les maladies infectieuses, leur histoire et la place qu'elles occupent dans la science médicale. Après un tableau coloré du parasitisme tel qu'il existe dans la nature, — parasitisme récemment révélé à la science grâce au perfectionnement de ses procédés investigateurs, M. Verriest retrace le progrès fait depuis vingt ans par ce que nous appellerons, en recourant à un barbare solécisme, la science parasitique. Précédemment, on le sait, le parasitisme n'était connu que chez les insectes (Maladies des vers à soie, fibrine). Aujourd'hui la science est débarrassée des hypothèses anciennes et les recherches de Davaine en France sur le charbon qui attaque les troupeaux de moutons ainsi que celles d'autres savants ont amené un ensemble de données positives incontestables. M. Verriest décrit les différentes catégories de parasites, leurs conditions d'existence, de multiplication et de reproduction, leur action scientifique, leurs modes d'infiltration et de propagation. Il montre ces infiniment petits, si petits que, d'après des calculs précis, il en faut jusqu'à 3 à 4 milliards pour arriver au poids d'un milligramme.

Les infiniment petits répartis dans l'éther, dans l'eau, dans le sol l'occupent également; il se demande si l'homme peut espérer de sortir vainqueur de cette lutte gigantesque pour laquelle il est mal armé... Oui, dit-il, car Dieu nous a donné l'intelligence et nous avons su dompter la nature visible.

M. Verriest termine par une esquisse des moyens d'action dont l'homme dispose pour combattre le parasitisme. La question de l'assainissement des villes et des maisons y est magistralement traitée, ainsi que le projet digne du génie moderne d'organiser une action commune entre tous les peuples civilisés pour attaquer le choléra jusque dans ses foyers d'origine, c'est-à-dire d'assainir les bouches du Gange.

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