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Cénis fuyait l'hymen, et dans des lieux déserts
Cherchait la solitude au rivage des mers.
Neptune sans l'aimer ne put la voir si belle:
On dit qu'il triompha de sa pudeur rebelle.
Pour prix de ses desirs heureux et satisfaits,
Ne mets point, lui dit-il, de borne à tes souhaits;
Ma puissance répond à mon amour extrême;
Demande, je peux tout pour plaire à ce que j'aime.
Le bienfait, dit Cénis, doit réparer l'affront;
Sauvez-moi de l'horreur d'en voir rougir mon front:
Sauvez-moi des dangers d'une nouvelle flamme.
Vous m'avez tout donné, si je ne suis plus femme.
Cénis en prononçant les derniers de ces mots,
Parle d'un ton plus mâle, et grace au dieu des flots,
Elle est homme en effet : mais c'est peu pour Neptune.
Il veut qu'une faveur à nul autre commune
Le rende impénétrable aux coups perçans du fer.
De son nouveau destin Cénis heureux et fier,
Dans les champs belliqueux qu'arrose le Pénée,
Va signaler son bras sous le nom de Cénée.

VII. Combat des Centaures et des Lapithes aux Noces d'Hippodamie.

LES Lapithes fêtaient sous des arbres touffus L'hymen d'Hippodamie et de Pirithoüs.

:

Arboribus tecto discumbere jusserat antro '.
Hæmonii proceres aderant, aderamus et ipsi;
Festaque confusâ resonabat regia turbâ.

Ecce canunt Hymenæon : et ignibus atria fumant;
Cinctaque adest virgo matrum nurumque catervâ,
Præsignis facie. Felicem diximus illâ

Conjuge Pirithoum : quod pone fefellimus omen.
Nam tibi, sævorum sævissime Centaurorum
Euryte, quàm vino pectus, tam virgine visâ,
Ardet et ebrietas geminatâ libidine regnat.

:

Protinus eversæ turbant convivia mensæ,

Raptaturque comis per vim nova nupta prehensis.
Eurytus Hyppodamen, alii, quam quisque probarant,
Aut poterant, rapiunt : captæque erat urbis imago.
Foemineo clamore sonat domus. Ocius omnes
Surgimus: et primus, Quæ te vecordia, Theseus,
Euryte, pulsat, ait? qui, me vivente, lacessas
Pirithoum, violesque duos ignarus in uno '.
Neve ea magnanimus frustra memoraverit heros,

• Les Centaures habitaient le mont Pélion, fameux par l'antre de Chiron, précepteur d'Achille. On croit qu'ils ont les premiers dompté les chevaux dont ils se servaient pour combattre. De là est venue la fable de leur double nature.

2 L'amitié de Thésée et de Pirithous n'est pas moins célèbre dans l'antiquité que celle de Pylade et d'Oreste :

Tous grands héros, tous amis véritables :

Ces noms sont beaux, mais ils sont dans les fables.

Les Centaures cruels, race farouche et dure,
Environnaient la table, assis sur la verdure.
Les rois Thessaliens, et moi-même avec eux,
Nous fùmes invités à cet hymen fameux.
Autour des conviés un grand peuple se presse,
Et réjouit les airs de ses cris d'alégresse.
On chante l'Hyménée, et sur l'autel du dieu
L'encens de ses parfums embaume ce beau lieu.
Des plus riches atours superbement parée,
L'épouse arrive enfin de vierges entourée.

On l'admire, on s'écrie: Heureux deux fois l'époux,
Heureux de posséder des charmes aussi doux !
Ce jour même sembla démentir ce présage.
Un des fils de la nue, un Centaure sauvage,
Eurite, ivre à-la-fois et d'amour et de vin,
Enlève Hippodamie au milieu du festin.
On voit en un instant les tables renversées.
Ses frères ont suivi ses ardeurs insensées.
Les femmes sont en proie à ces monstres sans lois.
L'un la tient du hasard, et l'autre de son choix.
C'est la confusion d'une ville au pillage:
C'est de pleurs et de cris un confus assemblage.
On se lève, et Thésée avec un cri soudain :
Eurite, que fais-tu ? Quoi! ton amour sans frein
Outrage mon ami, l'outrage en ma présence!
Sais-tu qu'en l'offensant, c'est moi que l'on offense?

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