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>> punément un tel massacre, et précipité dans >> les Enfers tant de guerriers distingués! Lâches, >> oubliez-vous assez votre patrie malheureuse, » VOS anciens Dieux, le grand Enée votre roi >> pour ne pas mourir de douleur et de honte? »

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Ranimés par ces reproches, ils se rassurent, et les rangs serrés ils font face à l'ennemi. Turnus alors cède peu à peu et tâche de gagner le fleuve et le côté du camp qui en est bordé. Les Troyens redoublant d'ardeur fondent sur lui à grands cris; leur nombre grossit et le resserre de plus en plus. Ainsi lorsqu'une troupe de chasseurs acharnés sur un lion furieux, lui présente une haie d'épieux menaçans; l'animal troublé recule d'un air farouche, lançant des regards terribles, sans tourner le dos os, la colère et le courage s'y refusent; mais aussi sans pouvoir au gré de son envie s'élancer contre cette multitude d'hommes et de traits: tel d'un air incertain Turnus recule lentement, la rage dans le cœur. Deux fois même il se jette encore sur ce gros d'ennemis qui le presse; deux fois il le dissipe et le mène battant le long des remparts.

Mais bientôt les troupes se réunissent contre lui de toutes les parties du camp; Junon même n'ose plus le soutenir: Jupiter a fait descendre Iris du haut du ciel pour annoncer à son épouse des ordres terribles, si Turnus ne sort enfin de la ville des Troyens. Aussi le guerrier n'a-t-il plus la force ni de parer avec le bouclier, ni de repousser avec l'épée tant d'ennemis et tant de traits dont il est accablé. Son casque retentit autour de ses oreilles d'un fracas continuel, et l'airain fléchat sous les pierres dont il est frappé: son panache est abattu; son large bouclier ne suffit point a tant de coups. Les Troyens et le foudroyant Mnesthée armés de leurs javelines, le pressent sans relâche: déjà la sueur coule de tout son corps et y laisse de longues traces noircies par la poussière. Las, épuisé, tout hors d'haleine, entin il s'élance et se jette tout armé dans le fleuve: le Tibre le reçoit mollement dans son sein, le soulève de ses ondes dorées, et le reporte triomphant à ses compagnons, après avoir lavé tout le sang dont il étoit couvert.

Obruitur. Strepit assiduo cava tempora circum Tinnitu galea, et saxis solida æra fatiscunt: o Discussæque jubæ capiti, nec sufficit umbo Ictibus: ingeminant hastis et Troës, et ipse Fulmineus Mnestheus: tum toto corpore sudor Liquitur, et piceum (nec respirare potestas) Flumen agit: fessos quátit æger anhelitus artus. 5 Tum demum præceps saltu sese omnibus armio In fluvium dedit: ille suo cum gurgite flavo Accepit venientem, ac mollibus extulit undis; Et lætum sociis, ablutâ cæde, remisit,

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REMARQUES

SUR LE NEUVIÈME LIVRE.

(1) Tandis que ces choses se passent d'un côté; de l'autre la fille de Saturne, etc. L'auteur oppose ici l'un à l'autre les deux côtés du Tibre, diversa penitus parte; savoir: l'Etrurie à la droite, et le Latium à la gauche.

(2) De Pilumnus, l'un de ses aïeux. On voit que parens, qui se dit ordinairement du père, s'applique aussi aux autres ascendans. Turnus est fils de Daunus, mais il descend de Pilumnus: n'importe à quel degré, car il est désigné tantôt par avus, et tantôt par quartus pater. Mais il paroît regardé ici comme l'un des premiers de cette race, ou comme le plus illustre, puisqu'on lui rend un culte religieux, dans un bois qui lui est consacré.

(3) Jusqu'aux villes les plus éloignées du pays de Corythe: c'est-à-dire de l'Etrurie, dont Corythe [Cortone] est censée la capitale. C'étoit une colonie de Lydiens.

(4) Va fondre sur un camp, etc. La ville dont on a vu qu'Enée avoit tracé l'enceinte, est appelée tantôt la ville et tantôt le camp. C'étoit un camp à la manière des Romains, fortifié comme une ville, avec des portes, des remparts et des tours. C'étoit ainsi que les Romains construisoient leurs camps d'hiver, stativa castra. Plusieurs sont devenus des villes considérables qui subsistent encore.

(5) Il s'approche de l'onde voisine, en puise dans ses mains, etc. Les mains pures furent toujours regardées comme l'emblème de la pureté des sentimens, sans laquelle on doit trembler de paroître devant la Divinité qui nous regarde.

(6) De superbes coursiers formoient une cavalerie florissante; la broderie et l'or brilloient, etc. C'est ainsi qu'il faut rendre ce vers:

Dives equúm, dives pictaï vestis et auri.

Riche de coursiers, riche d'étoffes brodées, et d'or.

....

(7) Turnus... les armes à la main, donne šes ordres de tous cólés, et surpasse les autres guerriers de toute la tele:

1

Vertitur arma tenens et toto vertice supra est. Ce vers, pris du VIIe livre, est si heureux, que Virgile n'a pas eru pouvoir mieux faire que de le répéter.

(8) Tel on voit le Gange plus paisible, etc. Ce n'est point ici le lieu d'apprendre au lecteur ce que c'est que le Gange et le Nil. Ces deux grands fleuves représentent la marche imposante d'une armée nombreuse et bien disciplinée. Aussi l'armée de Turnus n'est-elle pas un simple détachement, si l'on en juge par le nombre des soldats employés pour ta garde de cette première nuit, it, avant l'arrivée de la le la légion de Laurente qui doit venir s' s'y joindre le

lendemain.

(9) Du haut de la tour la plus avancée: celle qui regarde le côté d'où vient l'ennemi,

t

adversá.

(10) Epuisa en vain sa rage sans pouvoir saisir sa proie. Mot à mot: Il fait rage contre les agneaux séparés de lui, sævit in absentes. Il est impossible de rendre cette idée avec la même briéveté.

(11) Tous ceux qui auront échappé à la fureur des ondes. Enée ne devoit plus avoir que quinze vaisseaux à son arrivée en Italie. Il en avoit perdu un, celui d'Oronte et des Lyciens, dans la tempête du I livre, et quatre dans l'incendie de Sicile.1

(

1

(12) Eux qui devoient avoir désormais tout le sexe en horreur. Mot à mot: Si toutefois ils n'avoient pas encore, etc.; sous - entendu : comme ils le devroient, après avoir été si bien punis de leur passion pour les fem

mes.

(13) Jen'

'ai besoin ni d'armes de

Kulcain, etc. Tur

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