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voit au milieu des troupes de Turnus, enveloppé de toute part de bataillons Rutules; semblable à une bête féroce qui, entourée d'une enceinte nombreuse de chasseurs, s'irrite contre les dards, s'élance avec furie au-devant de la mort, et saute par-dessus les épieux; ainsi le jeune guerrier, sûr de périr, se jette au milieu des ennenais, dans l'endroit le plus hérissé de lances.

Mais Lycus, bien plus léger à la course, au milieu de tant d'ennemis et de tant de traits, a déjà regagné les murs, et tâche de saisir le haut du rempart et d'atteindre les mains de ses compagnons. Turnus, faisant voler un trait, et volant lui-même sur lui, le joint à l'instant : « In>> sensé ! lui dit-il, as-tu donc espéré d'échap>> per de nos mains? » En même temps il saisit le guerrier déjà suspendu aux créneaux, l'arrache et entraîne avec lui une grande partie du mur. Tel l'oiseau de Jupiter, s'élevant dans le ciel, emporte dans ses serres aiguës un lièvre ou un cygne d'une blancheur éclatante; ou tel le loup que Mars protège, emporte d'une prairie le foible agneau que sa mère redemande en vain par ses bêlemens. Un grand cri s'élève de toutes parts; on s'avance, on comble les fossés lance des traits enflammés contre les tours.

,

on

Ilionée s'armant d'une grosse pierre, énorme débris d'une montagne, écrase Lucetius qui s'approche d'une des portes pour y mettre le feu; Liger renverse Emathion; Asylas renverse Corynée; l'un du javelot qu'il lance avec adresse, l'autre d'une flèche qu'il décoche de loin d'une

main sûre. Ortygius tombe sous les coups de Cénée, et Cénée lui-même sous ceux de Turnus: Turnus immole Itys et Clonius, Dioxippe et Promulus, Sagaris, et Idas qui défendoit vail lamment les tours. Priverne est tué par Capys; il avoit d'abord été légèrement blessé d'un dard lancé par Thémille, et jetant imprudemment le Louclier qui le couvroit, il avoit porté la main sur sa plaie: une flèche, volant å travers les airs, l'atteint en ce moment, lui attache la main sur le côté gauche, et d'une blessure mortelle lui perce au-dedans les organes cachés de la respi

ration.

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Parmi les guerriers Troyens, on reconnoissoit le fils d'Arcens, à son armure distinguée, à son manteau de pourpre (27), enrichi de broderies, et plus encore à la beauté de son visage: Arcens avoit envoyé son fils à la suite du prince Troyen, après l'avoir élevé dans le bois sacré de Mars, sur les bords du Symmèthe (28), où l'autel propice de Palicus est sans cesse engraissé du sang des victimes. Mézence lui-même, quittant ses autres armes, prend une fronde, la fait tourner trois fois autour de sa tête avec un sifflement horrible et d'un plomb qui s'échauffe et s'amollit dans sa course, il lui fend le milieu du front et l'étend mort dans la poussière.

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Ce fut alors, dit-on, que pour la première fois le jeune Ascagne, qui n'avoit encore effrayé que les timides habitans des bois, décocha dans un vrai combat une flèche rapide, et terrassa de sa main le vaillant Numanus, surnommé Rému. lus, devenu depuis peu beau-frère de Turnus, par son mariage avec la plus jeune de ses deux

J

Ortygium Cæneus, victorem Cænea Turnus :
Turnus Ityn, Cloniumque, Dioxippum, Promulumque,

575 Et Sagarim, et summis stantem pro turribus Idam:
Privernum Capys: hunc primò levis hasta Themillæ
Strinxerat; ille manum, projecto tegmine, demens
Ad vulnus tulit: ergo alis allapsa sagitta,
Et lævo infixa est lateri manus, abditaque intus

580 Spiramenta animæ lethali vulnere rumpit.

Stabat in egregiis Arcentis filius armis,
Pictus acu chlamydem, et ferrugine clarus Hiber,
Insignis facie: genitor quera miserat Arcens,
Eductum Martis luco, Symæthia circum

585 Flumina, pinguis ubi et placabilis ara Palici..
Stridentem fundam, positis Mezentius hastis,
Ipse ter adductâ circum caput egit habenâ;
Et media adversi liquefacto tempora plumbo
Diffidit, ac multâ porrectum extendit arena.

590

Tum primum bello celerem intendisse sagittam..
Dicitur, antè feras solitus terrere fugaces,
Ascanius, fortemque manu fudisse Numanum,
Cui Remulo cognomen erat, Turnique minorem
Germanam, nuper thalamo sociatus, habebat...

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595 Is primam ante aciem digna atque indigna relatu Vociferans, tumidusque novo præcordia regno, Ibat, et ingenti sese clamore ferebat:

Non pudet obsidione iterum valloque teneri, Bis capti Phryges, et morti prætendere muros? 600 En qui nostra sibi bello connubia poscunt! Quis Deus Italiam, quæ vos dementia adegit? Non hîc Atridæ, nec fandi fictor Ulysses. Durum ab stirpe genus: natos ad flumina primùm Deferimus, sævoque gelu duramus et undis.

605 Venatu invigilant pueri, sylvasque fatigant:
Flectere ludus équos, et spicula tendere cornu.
At patiens operum, parvoque assueta juventus,
Aut rastris terram domat, aut quatit oppida bello.
Omne ævum ferro teritur, versaque juvencûın

CIO Terga fatigamus hasta. Nec tarda senectus
Debilitat vires animi, mutatque vigorem.
Canitiem galeà premimus: semperque recentes
Comportare juvat prædas, et vivere rapto.
Vobis picta croco et fulgenti murice vestis :
615 Desidiæ cordi: juvat indulgere choreis :
Et tunicæ manicas et habent redimicula mitræ.

sœurs. Tout fier de l'alliance nouvelle qui l'approche du trône, il s'étoit avancé hors des rangs, tenant des propos plus ou moins insolens, et criant de toute sa force :

«N'avez-vous pas honte d'être encore assiégés, >> encore enfermés dans des murs, Phrygiens deux >> fois pris au piége, et de défendre de nouveau >> votre vie derrière des remparts? Les voilà ces >> guerriers qui nous disputent nos épouses les are >> mes à la main! Quel Dieu, ou plutôt quelle rage >> vous a jetés dans l'Italie? Vous ne trouverez pas >>> ici les enfans d'Atrée, ni le fourbe Ulysse. Nous >> sommes des hommes d'une race forte et vigou>> reuse : nouvellement nés, on nous porte au >> fleuve voisin, on nous endurcit au froid dans >> l'onde et dans les glaces. Dès l'enfance, nous >> prévenons le jour à la chasse, et nous battons >> sans cesse les forêts; nos jeux sont de manier >> un cheval et de tirer de l'arc. Dans un âge plus >> robuste, accoutumés à une vie laborieuse et >> frugale, tantôt nous subjuguons la terre avec >> de lourds hoyaux, tantôt nous sapons les >> remparts des villes ennemies. Toujours le fer à > la main, c'est avec le bois de nos lances que >> nous pressons la marche de nos bœufs. Une >> vieillesse pesante ne ralentit point nos coura>> ges et n'affoiblit point notre vigueur. Un cas>> que charge encore nos cheveux blancs, et dans >> tous les temps notre plaisir est de rapporter >> chaque jour de nouvelles dépouilles, et de vivre >> aux dépens de l'ennemi. Pour vous, vous n'êtes >> vêtus que de pourpre et de riches broderies; >> fort occupés à ne rien faire, toujours dans les >> danses; vous portez des tuniques à longues > manches, et des mitres garnies de rubans (29).

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