Tela manu jaciunt. Quales sub nubibus atris 265 Strymoniæ dant signa grues, atque æthera tranant Cum sonitu, fugiuntque Notos clamore secundo, At Rutulo regi ducibusque ea mira videri Ausoniis; donec versas ad littora puppes Respiciunt, totumque allabi classibus æquor. 270 Ardet apex capiti, cristisque à vertice flamma Funditur, et vastos umbo vomit aureus ignes: Non secus ac liquida si quando nocte cometæ Sanguinei lugubre rubent; aut Sirius ardor, Ille sitim morbosque ferens mortalibus ægris, 275 Nascitur, et lævo contristat lumine cœlum. Haud tamen audaci Turno fiducia cessit Littora præripere, et venientes pellere terrâ. Ultro animos tollit dictis, atque increpat ultro: Quod votis optastis, adest perfringere dextrâ : 280 In manibus Mars ipse, viri: nunc conjugis esto Quisque suæ tectique memor; nunc magna referto Fata patrum laudesque : ultro occurramus ad undam, Dum trepidi, egressisque labant vestigia prima. Audentes fortuna juvat. ( de traits sur l'ennemi. Tels les oiseaux habitans des rives du Strymon (23) se donnent le signal ordinaire au plus haut des nues, et traversant les airs à grand bruit se dérobent aux vents orageux avec des cris d'alégresse. Le roi des Rutules et les chefs des Ausoniens sont étonnés de cette joie soudaine, jusqu'à ce que tournant la tête ils voient des vaisseaux qui bordent déjà le rivage de leurs poupes, et bientôt une flotte entière qui couvre toute la surface des eaux. L'éclat étincelant du casque divin vient frapper leurs yeux; le panache dont il est surmonté semble s'élever comme une flamme, et le bouclier d'or vomir des torrens de feux: tels on voit quelquefois dans une nuit sans nuage (24), briller d'un rouge lugubre et sanglant les comètes formidables; telle I'ardente Canicule apportant aux mortels consternés la sécheresse et les maladies, s'élève et attriste le ciel même de ses rayons odieux. Cependant l'intrépide Turnus (25) ne perd point l'espérance de prévenir l'ennemi en se saisissant du rivage, et d'empêcher le débarquement. Lui-même il encourage les siens par ses discours; lui-même il les pique d'honneur: «Guerriers, voici le moment que vous avez >> tant souhaité, de les écraser d'un seul coup : >>> la victoire est en vos mains (26). Que chacun >> de vous songe à son épouse et à ses foyers; que >> chacun se montre digne de la gloire et des >>> hauts faits de ses aïeux: allons à leur ren>> contre jusqu'à la mer, tandis qu'ils sont en >> désordre et qu'ils assurent avec peine leurs >>> premiers pas sur le rivage. La fortunese plaît à >> seconder l'audace.>> En disant ces mots, il examine en lui-même lesquelles de ses troupes il menera contre l'ennemi, lesquelles il laissera pour tenir en respect la ville assiégée. Tandis qu'il délibère, Enée fait abaisser les ponts du haut des poupes, pour faciliter la descente. Plusieurs de ses compagnons observent le reflux de l'onde, pours'élancer sur le sable qu'elle abandonne dans sa retraite ; d'autres se glissent le long des rames. Tarchon a remarqué un endroit du rivage où les vagues ne mugissent point, où l'eau ne se brise point avec bruit, et où le flux de la mer arrive paisiblement et sans obstacle; il y tourne aussitôt la proue de son vaisseau, et conjure ses compagnons de le seconder. << Braves guerriers, leur dit-il, faites en ce mo >> ment force de rames; portez, enlevez vos vais>> seaux ; fendez de vos proues d'airain cette >> terre ennemie, et que chaque carène s'y creuse >> à elle-même un large sillon. Je consens que la >> mienne se brise dans un pareil port, pourvu >> qu'enfin je prenne terre. >> Dès que Tarchon a prononcé ces paroles, ses compagnons se dressent sur leurs rames, poussent avec violence leurs vaisseaux écumans contre la rive, jusqu'à ce que les proues glissant sur la terre, les carènes s'y trouvent entièrement à sec, toutes sans aucun dommage; mais non pas la tienne, ô Tarchon (27)! Ton navire échouant sur un banc, et se trouvant suspendu sur ce sol inégal, après avoir balancé long-temps entre deux flots qui le tiennent en équilibre, s'entr'ouvre enfin, et laisse au milieu des eaux tous les soldats qui composent l'équipage. Comme ils s'efforcent 235 Hæc ait; et secum versat, quos ducere contrà, Vel quibus obsessos possit concredere muros. 1 Interea Æneas socios de puppibus altis Pontibus exponit. Multi servare recursus Languentis pelagi, et brevibus se credere saltu; 2go Per remos alii. Speculatus littora Tarchon, Quà vada nou sperat, nec fracta remurmurat unda, d mare inoffensum crescenti allabitur æstu, Advertit subito proras, sociosque precatur : Nunc, ô lecta manus, validis incumbite remis, 295 Tollite, ferte rates: inimicam findite rostris Hanc terram, sulcumque sibi premat ipsa carina. Frangere nec tali puppim statione recuso: Arreptâ tellure semel. Quæ talia postquam Effatus Tarchon, socii consurgere tonsis, 500 Spumantesque rates arvis inferre Latinis; Donec rostra tenent siccum, et sédère carina Omnes innocuæ; sed non puppis tua, Tarchon. Namque inflicta vadis dorso dum pendet iniquo, Anceps, sustentata diu, fluctusque fatigat, 305 Solvitur, atque viros mediis exponit in undis: F K Fragmina remorum quos et fluitantia transtra Nec Turnum segnis retinet mora, sed rapit acer 310 Signa canunt: primus turmas invasit agrestes 320 Nil validæ juvere manus, genitorque Melampus, Tu quoque, flaventem primâ lanugine malas 2 |