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meau et du cheval en Egypte dès le temps de l'ancien empire. Il résout la question dans le sens affirmatif. L'identification des peuples qui furent en rapport avec l'ancienne Egypte nous parait sur plusieurs points encore bien douteuse; peut-être les égyptologues n'ont-ils pas tenu assez de compte des précautions qu'il faut prendre quand il s'agit de peuples bien plus épiques et plus mythologiques que ne le furent les Egyptiens, surtout des peuples hélléniques et italiotes. Les noms géographiques de l'épopée grecque appartiennent parfois au mythe, parfois à un vieux passé aryen, antérieur à l'arrivée des Hellènes en Europe et même en Asie Mineure. Quoi qu'il en soit, un curieux phénomène est en train de se passer en critique. L'Egypte sera bientôt comme une espèce de phare au milieu de la nuit profonde de la très-haute antiquité. Les lextes égyptiens deviennent les documents les plus anciens de la vieille histoire de l'Asie antérieure et du monde méditerranéen.

>> La superstition des jours fastes et néfastes est d'origine égyptienne, et ce n'est pas sans raison que le moyen âge appelait dies ægyptiaci les jours frappés d'interdit. Un fragment d'un papyrus du temps de Ramsès II environ, où les jours dans lesquels il ne faut rien entreprendre sont marqués de certains signes, a fourni à M. Chabas une occasion de plus de montrer tout ce qu'il a de science et de sagacité 1.

» Le Bulletin des séances de l'Institut égyptien, pour les an. nées 1869, 1870, 1871 nous est parvenu2. Il y a là d'importantes communications de M. Mariette, de précieux renseignements sur ses fouilles, des inscriptions. La question des silex taillés trouvés en Egypte y est discutée sous toutes ses faces. Enfin, les nombreux articles de MM. Grébaut, Maspero, Pierret, dans la Revue critique 3, nous montrent l'égyptologie française comme une branche d'études très-bien organisée, et qui devrait servir de modèle à d'autres sections de notre atelier scientifique oriental.

Le calendrier des jours fastes et néfastes de l'année égyptienne. Un vol. in-8°. Paris, Maisonneuve.

2 Bulletin de l'Institut égyptien, années 1869-1971. No 11, 144 pages. in-8° Alexandrie. Mourès.

3 8 juin, 24 août, 30 novembre 1872; 8 janvier, 29 mars 1873.

IS. Progrès dans l'étude de la littérature copto. » M. Revillout a découvert parmi les papyrus de Turin et publié avec soin d'importants documents coptes, qui complètent ceux que Zoega avait déjà imprimés sur le concile de Nicée1, en particulier ces Gnomes du saint concile, dont Zoega n'avait donné que la première page. 2 Nous ne possédons les actes du concile de Nicée que d'une manière très-imparfaite. M. Charles Lenormant niait que les Gnomes en question fussent l'œuvre du concile; M. Revillout ne formule aucune opinion sur ce point. Le document en tout cas est sérieux et intéressant, sinon pour l'histoire de l'Eglise universelle, du moins pour l'histoire de l'Eglise d'Egypte au 4° siècle. »

ERN. RENAN.

Telle est la partie principale du rapport de M. Renan. On voit de quelle importance sont les découvertes qui se font tous les jours sur l'histoire primitive de l'Orient. Il n'y en a pas une seule, selon nous, qui ne doive servir de preuve aux faits racontés par la Bible; elles la complètent bien loin de la contredire. Quelques écrivains ont essayé de les tourner contre elle, mais ce sont plutôt des incrédules que des orientalistes. Ils partent d'un faux principe, celui de comparer la Bible aux faits nouveaux, au lieu de comparer les faits nouveaux à la Bible. Ils verraient bientôt que la Bible seule expose des fails certains, en paroles claires et compréhensibles, tandis que les textes nouveaux sont obscurs, incohérents, mythiques et le plus souvent fantastiques. A. BONNETTY.

Le Concile de Nicée d'après les textes coptes. 1 série de documents, (Extrait du Journal Asiatique, février-novembre 1873.) Paris, Maisonneuve, 79 pages, in-8°.

• Les Annales ont publié le texte du concile de Nicée de M. Revillout, l'ont comparé avec celui qu'en avait donné avant lui l'érudit Zoega et qui le complète en bien des points.

A. B.

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VI SÉRIE. TOMK VII. —

- No 37; 1874. (86' vol. de la coll.) 3

Critique Evangélique.

DE LA DATE DES ÉVANGILES

PREUVES

TIRÉES DES ÉCRIVAINS DU SIÈCLE.

Sous le nom : De la date des Evangiles 1, un des plus grands explorateurs des titres évangéliques, l'heureux inventeur de plusieurs textes inconnus jusqu'ici 2, M. Tischendorf a publié un volume qui, par le prix, est à la portée de tous (60 c.), et qui, par la gravité et la multiplicité des preuves, est la meilleure réponse à faire aux récents rationalistes, qui prétendent que les Evangiles n'ont été composés ou connus qu'assez tard et ne sont pas des auteurs dont ils portent le nom.

Après une introduction très-intéressante où M. Tischendorf raconte une partie de ses voyages en Orient et comment il eut la bonne fortune de mettre la main sur cette Bible grecque des Septante, dite Sinaïlique, qu'il a publiée en fac-simile à Leipsik en 1862.

C'est après ce récit qu'il donne les preuves que, dès le 2° siècle, les 4 Evangiles existaient et étaient connus sous les noms de leurs 4 auteurs. C'est une partie de ce récit que nous allons mettre sous les yeux de nos lecteurs.

Nous le ferons avec d'autant plus de plaisir que M. Tischendorf commence par prouver que c'est en la personne de JésusChrist que doivent se concentrer toutes les apologies du Christianisme à l'époque actuelle, et qu'il y répond à la plus importante des attaques, celle de M. Renan. En cela il se rencontre avec ce que nous déplorons si souvent dans les Annales, que nos professeurs chrétiens aient exclu le Christ de tous les

1 De la date des Évangiles, ou réponse à cette question : quand est-ce que nos Évangiles ont été composés ? vol. in-12 de 284 p. 2o édit. Toulouse, Société des livres religieux; Paris, Sandoz, prix 60 c.

Voir les titres des nombreux ouvrages découverts ou édités par lui, dans les Annales, . p. 404 et t. xii!, p. 245 (5° série).

cours de philosophie, qu'ils décorent fort mal à propos du nom de cours de sayesse.

Il se rencontre encore avec nous pour attribuer au Rationalisme la perte de la foi chrétienne, qui se manifeste en ce moment dans notre société.

Nos lecteurs vont voir que ce n'est pas sans raison que nous faisons cet éloge du travail de M. Tischendorf.

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• La vie de Jésus est devenue le centre vers lequel convergent toutes les questions religieuses de notre temps. C'est là un fait important. Il montre, au fond, que le Christianisme repose non sur la doctrine, mais sur la personne de Celui dont il porte le nom. Toute conception opposée méconnaît le carac ́tère essentiel de la foi chrétienne, et témoigne d'un manque réel d'intellígence, de sympathie et de profondeur. La personne de Jésus est la pierre angulaire de l'Eglise; c'est elle que les enseignements du Maître et ceux de ses apôtres mettent toujours et partout en relief et sur le premier plan, de la manière la plus nette et la plus catégorique; et c'est avec elle que le Christianisme reste debout ou tombe. Vouloir tout ensemble la dépouiller de cette majesté divine que l'Eglise entière lui reconnaît sous le nom de Fils de Dieu, et cependant maintenir la foi et l'Eglise chrétiennes, c'est se livrer à une entreprise bien inutile et nourrir une bien vaine illusion. La morale elle-même, que l'on prétend sauver du naufrage de la foi, n'échappe pas à la contradiction la plus profonde; car, comment un arbre sain pourraît-il croître et grandir sur des racines vermoulues? Disons-le donc sans détour: « Oui, la » vie de Jésus est, pour la science chrétienne, la question des ▷ questions; et de sa solution dépend l'existence ou la ruine de » l'Eglise. »

Mais où donc puisons-nous notre connaissance de la vie de Jésus? Quelles en sont les sources?

Ces sources se trouvent presque exclusivement dans nos quatre Evangiles, dont la personne divine de Jésus, ce point cardinal de la foi chrétienne, qui est aussi celui des attaques

de l'incrédulité, constitue la trame et le fond, et dans les épîtres de saint Paul, qui sont, sans contredit, les documents apostoliques les plus primordiaux que nous possédions. En dehors de ses écrits sacrés, nous ne trouvons plus que quelques rares sentences ou quelques faits qui dépendent d'ailleurs des Evangiles, à très-peu d'exceptions près. La plupart proviennent de livres apocryphes, c'est-à-dire inauthentiques, indignes de créance, pourvus de faux noms d'auteur, et visent, avec plus ou moins d'habileté, à compléter nos Evangiles; d'autres, d'origine soit juive, soit païenne, émanent du but avoué de les attaquer et de les combattre. Ajoutez deux notices intéressantes, que nous devons à deux écrivains classiques, l'un du premier siècle et l'autre du commencement du second; Tacite 1, en effet, nous atteste « que le Christ, fondateur de cette secte qui était déjà fort répandue dans » Rome au temps de Néron, fut condamné par le procurateur » Ponce-Pilate à perdre la vie sous Tibère; » et Pline 2, à son tour, écrit à l'empereur Trajan que les chrétiens, alors déjà très-nombreux en Bithynie, « chantaient, dans leurs assem» blées, des hymnes au Christ, qu'ils adoraient comme un >> Dieu. >>

Voilà l'état des choses. Si donc il est vrai de dire que nos Evangiles ne sont pas les uniques sources de la vie de Jésus, il ne l'est pas moins d'affirmer qu'ils en constituent les plus absolument importantes et les seules immédiates; et puisque toutes nos questions sur la naissance du Christ, sur son caractère, sur son action et son influence, sur sa marche et ses destinées, dépendent de ces Livres saints et nous ramènent sans cesse à eux, peut-on se poser un problème plus important que celui-ci : De qui proviennent ces écrits ? Quels en sont les auteurs? car de leur origine dépendent leur crédibilité et leur valeur.

C'est pour ce motif qu'on, a consacré, de nos jours, à cette question les recherches les plus étendues et les plus approfon

1 Auctor nominis ejus Christus, Tiberio imperante, per procuratorem Pontium Pilatum supplicio adfectus erat (Tacitus, Annales, 1. xv, c. 44).

* Carmenque Christo, quasi Dao, dicere secum invicem(Plinius, Epistolæ, 1. X, Epist. 97).

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